Chapitre 47 - Vingt-deux heures

61 10 1
                                    

Le silence s'était installé. Minseok avait un air grave sur le visage, les bras croisés sur le bord de la table, et Jiho observait son carnet. Il finit par le repousser et murmura :

— Tu penses qu'il voulait dire quoi par... si je ne me trompe pas, par « vengeance » ?

— Ça me paraît plutôt clair...

— Tu crois qu'il aurait pu... tuer quelqu'un ? Ça ne lui ressemble tellement pas...

— On ne sait pas ce qui a pu se passer dans sa tête... On n'était pas à sa place. Il est fait mention de harcèlement, non ?

— Oui, enfin, c'est comme ça que je l'ai traduit, les mots utilisés sont compliqués à exprimer autrement.

— D'accord... Et donc, il lui aurait demandé de... De le punir ? De le tuer, en gros ?

— « L'appel à Anubis » me semble plutôt clair... Pour quelle raison ferait-on appel à ce dieu à part pour embaumer un corps..., murmura Jiho.

— Mais pourquoi ne pas simplement se suicider ?

— Il n'en avait peut-être pas le courage ?

— Sans doute... Mais il ne l'a pas fait, du coup. Si c'était lui au pied du sarcophage, c'est que le prince n'a pas pu le tuer ou le faire condamner...

— C'est vrai... Mais on s'est peut-être trompés ?

— Tu as été le premier à proposer cette thèse, tu reviendrais dessus ? sourit Minseok.

— Je suis le premier et le seul parce que personne ne s'est occupé de ces papyrus avant moi. Si tu avais continué de les traduire, tu serais peut-être arrivé aux mêmes conclusions. Mais si ça se trouve, les autres ont raison. Je me prends la tête et je crois que c'est la réalité, que ce qui est raconté s'est vraiment passé, que les personnages sont réels, alors que ce n'est qu'un stupide conte comme on a pu en déterrer des dizaines.

— Ce n'est pas un conte, démentit Minseok. Regarde, ici, tu parles d'un homme nommé Sennedjem. Et Sennedjem était le précepteur de Toutânkhamon, on a des documents qui le prouvent.

— C'est peut-être juste une coïncidence ?

— Ça me paraît peu probable.

— Un genre de fanfiction ? L'auteur aurait pu utiliser les noms de personnes existantes pour donner un côté réel à tout ça.

— Et tu y crois ?

Jiho s'affaissa contre le dossier de sa chaise et secoua la tête.

— Donc voilà. Et puis... pour répondre à ta question d'avant-hier... Je pense qu'ils ont pu être amants.

— Ah oui ?

— Oui... Ils entretenaient une relation très forte malgré leurs nombreux désaccords, leurs différences... Ils avaient confiance l'un en l'autre, c'est pour ça qu'Aapep lui a révélé son passé.

— C'était peut-être juste une façon de s'en débarrasser...

— Je ne crois pas.

— Ou d'être en paix avec lui-même. Ou encore de le faire fuir.

— Il n'aurait pas fui.

— Pourtant, il est parti.

— Il reviendra.

— Tu as l'air très sûr de toi.

— Traduis la suite, je suis certain qu'il reviendra.

— Nous verrons. Mais leur relation pouvait aussi être une très forte amitié. Seulement une très forte amitié.

ʟ'ᴀᴜʀᴏʀᴇ ᴅ'ᴀᴘᴏᴘʜɪꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant