Prude

16

Je m'éloigne rapidement et saute en dehors du lit en attrapant mon téléphone. Qui m'appelle ? Je regarde l'écran, et voit le nom de ma meilleure amie s'afficher.

- Allo ? Je suis en bas de chez toi ouvre moi c'est urgent.

- Léa ! C'est, c'est Léa ! C'est Léa, en bas de chez moi, je crie totalement paniqué en regardant Lola, qui ne comprend pas pourquoi je panique.

- T'es sûre que ça va ? Bon, écoute, moi ça ne va pas. J'ai vraiment besoins de toi. Maintenant.

Je regarde Lola ne sachant pas quoi faire.

- Euh, oui, j'arrive tout de suite. Je t'ouvre la porte.

Je raccroche et regarde Lola, les yeux écarquillés.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? Qu'est ce qu'il se passe ?

- Rien, enfin Léa attend en bas, elle veut rentrer.

Elle baisse le regard et murmure un "oh".

- Et bien, qu'est ce que tu attends ? Va lui ouvrir, continue-t-elle.

Je réagis enfin et descend les escaliers à une vitesse folle.
Je fonce vers la porte et appuie sur le bouton de l'interphone pour la laisser entrer dans le bâtiment. Je me retourne et Lola me regarde, en posant ses coudes sur le plan de travail.

- Tu penses que c'est grave ? Elle demande.

- Je, aucune idée...

Au même moment la porte vibre derrière moi. Je me retourne et ouvre la porte sans tarder. Aussitôt, Léa me saute dans les bras, serrant les siens autour de mon cou. Je sens ses joues chaudes et mouillées contre ma joue et je m'enroule autour d'elle.

- Léa, qu'est ce qu'il se passe ?

- Je, je, c'est Luc... On a... Il a...

- Doucement, doucement. Calme toi.

Je passe ma main dans ses cheveux et regarde Lola, lui montrant mon incompréhension. Elle me fait signe qu'elle s'en va pour nous laisser seule, et s'enfuit dans les escaliers.
Doucement, je me détache de Léa et regarde son visage, noir de mascara. Je l'emmène dans le salon pour l'asseoir et lui sert un verre d'eau. J'attends quelques minutes, le temps qu'elle se calme. Je lui laisse tout son temps jusqu'à ce qu'elle regarde son verre sans avoir du mal à respirer. Je pose ma main sur la sienne et elle me regarde en s'essuyant les joues.

- Si tu veux en parler je t'écoute. Si tu ne veux pas-

- Je veux.

Je hoche la tête et lui sourit.

- Je... Je suis rentrée du boulot plus tôt que prévu. Je ne te l'ai pas dis mais j'ai donné un double des clés à Luc depuis quelques jours, dit-elle en reniflant un coup. Je m'attendais à le voir chez moi en fait, à m'attendre. Mais, je m'attendais pas à le voir dans mon lit avec une putain de fausse blonde, finit-elle en éclatant en sanglot.

Je la prend dans mes bras et peu importe si elle trempe mon tee-shirt marvel. Même si c'est mon préféré.

Une, deux ou trois heures plus tard, je ne sais plus trop, Je me retrouve enfoncé dans le canapé, Léa étalée sur moi. Je commence à avoir des crampes à force. Après plusieurs techniques de pro, je réussi à me lever sans la réveiller. Je me faufile dans la cuisine où je me serre un verre d'eau. Lola débarque de nul part et s'asseois de l'autre côté de l'îlot central.

- Elle va bien ? Demande-t-elle.

- Je ne sais pas... Je n'ai jamais connu ça, ou même une rupture. Enfin à part... Bref. Je ne sais pas trop comment on se remet de quelqu'un qui nous trompe.

Je lève les yeux vers elle et insiste fortement sur mon regard. La situation est ironique étant donné que j'ai failli embrasser la sœur du garçon qui est censé être mon petit copain, si il l'est toujours. Je me sens incroyablement hypocrite.

Elle vois bien que je la vise, et détourne le regard en mordant l'intérieur de sa joue.

- Ce sont des choses qui arrivent très souvent. Et ce n'est pas toujours voulu, commence-t-elle.

- Ça reste un acte irréparable et qui blesse des gens autour. Je pose la bouteille d'eau bruyamment sur le plan de travail.

Elle me fusille du regard, et je la fusille du regard.

- Aide moi à la monter dans ma chambre s'il te plaît, je finis par demander.

- Ok.

À deux dans ce petit couloir, à traîner un corps entre nous deux comme si c'était un cadavre, on à l'air assez suspecte. Mais qui aurait cru que le crime qu'on aurait pu commettre n'est pas un meurtre mais un adultaire. Enfin peut-être que j'abuse.
Une fois le corps de Léa posé sur mon lit, on reprend notre souffle en la regardant ronfler.

- Tu crois pas qu'on devrait en parler ? Me chuchote Lola.

Elle est à moins de 1 mètre en face de moi, mais je vois à peine son visage dans le noir. Seuls les reflets de la lune de part et d'autres de son visage.

- Parler de quoi ?

- De ce qui s'est passé.

- Il ne s'est rien passé, j'affirme.

- Emma.

Je souffle de fatigue.
Elle fait un pas vers moi, et je sens ses doigts se poser sur mon poignet.

- Lola, arrête... Je chuchote.

Elle fais un pas de plus vers moi, et nous sommes maintenant à quelques centimètres l'une de l'autre.
Elle approche sa main et pose son pouce sur ma lèvre.

- Lola...

J'attrape son poignet en dessous de ma machoire mais je n'arrive pas à l'enlever. Je n'arrive pas à vouloir l'enlever. Mon souffle se fait plus rapide à mesure qu'elle se rapproche de moi. Je vois à peine son visage, ses traits, ses yeux.

- Emma on devrait en parler, chuchote-elle dans un murmure presque inaudible.

- On... On en parle là...

- Dis moi alors, qu' est ce que tu veux ?

Sa voix est saccadée, cassé par son souffle court et baigné dans sa respiration.

- Embrasse moi.

À peine j'achève mon dernier mot, que ses lèvres s'impactent sur les miennes. Elle colle son corps au mien pendant que je pose ma main sur sa joue. Ses lèvres sont douces et brûlantes, et j'ai du mal à arracher les miennes pour reprendre mon souffle. Le seul son dans la chambre, c'est nos respirations brutales quand on respire l'une contre l'autre pour continuer à partager nos soupirs. Pendant une éternité je brûle en goûtant les lèvres de Lola. C'est ma peau qui s'embrase, mes genoux qui tremblent, et mon ventre qui se contracte. Tout mon corps est en alerte, alors qu'il réclame celui de Lola encore plus proche, comme si c'était possible que sa peau rentre dans la mienne. Nos fronts se collent alors qu'on reprend notre souffle, les épaules relevés et mon corps aussi tendu qu'un bâton.