Prude

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Je sens mes jambes s'alourdir, comme si on les pressaient de façon à ce que je n'ai plus de sang circulant à l'intérieur. Ma vue devient floue, malgré ma tentative de garder mes yeux sur Lola. J'essaie de tenir sur mes béquille, à blesser mes bras en y mettant toute ma force. Je veux rester debout, je dois rester debout. J'essaie de faire un pas, mais je glisse et tombe. Je sens le sol froid sur ma joue, et tout ce que je vois c'est ma béquille tomber à son tour près de mon visage. Je ne cligne même pas des yeux, je ne veux pas les fermer. Je ne veux pas fermer mes paupières, par peur de m'endormir, et de me rendre compte que tout cela n'est qu'un rêve. Les sons autour de moi s'epaississent sans que je ne puisse les traduire, et les mouvements dans ce couloir font vibrer mon corps. Des mains se posent sur mon corps, puis d'autres attrapent ma taille, ma main, puis une chaleur se pose sur ma joue. C'est chaud et réconfortant, et j'ai tellement froid.

Je me laisse emporter et autorise mes yeux à se fermer. Si c'est un rêve, je ne veux plus jamais me réveiller.

***

Avec un peu plus de volonté, je serais restée éveillée plus longtemps. Je me serais levé plus tôt, ou je ne me serais pas évanouie. Seulement mon corps est trop faible pour gérer tout ça, et la moindre émotion me parvenant enlève à mon corps toute sa vitalité. En me réveillant quelques heures après, je me suis obligée à penser que j'avais des hallucinations, dû à ma fatigue. Mais maintenant que je me suis redressé, je vois son visage d'encore plus près, et que je sens sa main sur la mienne, je suis obligée d'y croire.

Seulement je ne veux plus torturer mon cœur avec des espoirs anodins.
Je me lève du lit et saute sur le carrelage, amenant mes mains sur mon crâne pour le masser. Je refuse de la regarder, bientôt elle disparaîtra.

- Tu n'est pas réelle.

Je reste dos à elle, et garde les yeux clos.

- Emma. Je suis réelle.

Sa voix résonne comme un écho dans la pièce.

Maintenant je pleure. Des larmes brûlantes coulent le long de mes joues, alors que j'essaie de ne pas ouvrir mes yeux.
J'avais dit que je ne voulais pas me réveiller.

- Emma, c'est moi, c'est Lola.

- Fout moi la paix ! Je hurle dans toute la pièce. L'eau sur mon visage s'est introduit dans ma bouche et sur mes lèvres. Je sens déjà que ma respiration se fait courte.

- Calme toi, tu ne rêve pas, je suis là, je suis réelle.

- Tu es morte.

Je me le répète.
Tu es morte.
Tu es morte.
Tu es morte.
Tu es morte.
Tu es morte.

Silence. Je n'entend plus rien. Je ne sais pas si c'est par ce que j'ai posé mes paumes de main sur mes oreilles, où si je pleure si fort que je couvre les bruits de la pièce, ou même si c'est par ce qu'elle n'est vraiment pas là.

Mais je sens soudainement deux bras m'entourer, ce qui me fait sursauter. Je continue à pleurer, à me répéter que ce n'est pas réelle même si tout me prouve le contraire.

- Emma je suis tellement désolée...

Je sens son souffle derrière mon cou, réchauffant ma peau. J'abandonne et me laisse tomber dans ses bras, alors qu'elle me serre plus fort qu'elle ne l'a jamais fait.