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Après le passage de Marie, j'ai voulu me reposer, mais je n'ai pas réussi à dormir. Le plafond remarquablement blanc de la chambre me paraissait insupportable à regarder. Pourtant je l'ai fixé pendant bien 20 minutes avant de me lever. J'ai marché dans les couloirs de l'hôpital en m'efforcant à sourire au personnel, tout en observant les autres malades et leurs familles.

On pourrait croire que c'est à ces moments la que je regrette mes parents, mais non. J'ai appris à vivre de cette façon et je ne vois pas comment je pourrais vivre autrement maintenant.

Je veux aller à la bibliothèque de l'hôpital, mais pour l'atteindre je dois passer par l'étage des grand brûlés. Ils me voient régulièrement maintenant, puisque la bibliothèque est devenu mon havre de paix.
Quand j'y passe, quelques infirmières me reconnaissent et me disent bonjour. J'espère ne jamais recroiser les personnes de cet hôpital un jour. Je veux mettre ce passage de ma vie dans un coffre fort que je n'ouvrirais plus jamais. Mais il faut d'abord que je sorte de cet hôpital, et je ne sais pas quand arrivera ce moment.

Quoi que je fasse, quoi qu'on me dise, qu'on me montre, je rapporte tout à Lola. Elle est dans ma tête, ma peau, mon cœur. Tout me la rappelle, et j'ai l'impression que ça me déchire petit à petit. Je ne guérirai jamais, je le sais. Je sais que dans un mois, un an, une décennie, les jours seront les mêmes que ceux que je vie déjà. Je ne guérirai jamais. Mais le plus douloureux, c'est qu'il n'existe plus de traces d'elle. Je n'arrive pas à parler d'elle, ni même prononcer son nom. Personne ne me parle d'elle, ni ne prononce son nom. On ne me parle pas de ce qu'il s'est passé, de ce qu'il se passe, on ne me parle pas de ce qu'ils ont fait de ses affaires, comment ils ont prévenus ses proches, comment vont ses parents. Personne ne me parle de rien, et ne répondent pas à mes questions, car je n'en pose pas. Son enterrement a dû avoir lieu il y a bien des semaines, et je n'y étais pas. J'y pense tous les jours, je n'étais pas présente. Elle est morte à cause de moi et je n'étais même pas la pour son enterrement.

Je m'assois sur une chaise de la table ronde près de la fenêtre, comme toujours, et attrape un des livres empilé sur le bord de celle ci. Il pleut dehors, ça me fait un noeu à l'estomac. Je commence à lire dans cette grande bibliothèque vide, qui sens le livre neuf et dans laquelle aucun bruit ne résonne. Aucun bruit, jusqu'à ce que la porte grince laissant se faufiler l'air frais des couloirs de l'hôpital, qui empiète sur le chauffage de la pièce. Comme à chaque fois qu'une porte s'ouvre, je me surprend à espérer voir le visage d'un ange, mais c'est seulement celui d'un vieil homme traînant avec lui un pied à perfusion. Il s'emmêle un peu avec la porte mais je n'ai pas le temps de me lever qu'il réussi à s'y faire un chemin. Je l'observe quelques secondes se diriger vers les étagères puis retourne à mon livre. Ses pas sur le bois du sol me laissent deviner qu'une fois s'être promener dans les rayons de livres, il vient vers moi.

Je le sens s'installer en face de moi, puis me décide à lever la tête.

- Bonjour, je dis poliment.

Je retourne à mon livre espérant qu'il plonge dans le sien.

- Bonjour, repond-t-il d'une voix grave et tremblante. Une voix qui a été utilisé plus d'une fois dans une vie.

Il ne se passe rien pendant quelques minutes, jusqu'à ce qu'il fasse glisser jusqu'à moi une carte de vœu d'hôpital.
Je le regarde d'un air interrogateur puis prend la carte quand il hoche la tête.
C'est une jolie carte avec un ours rose qui lève les bras, "bon rétablissement" est marqué à côté. Je l'ai déjà vue plusieurs fois dans la boutique de l'hôpital. Je lui souris en le remerciant, même si je ne comprend pas vraiment. Mais il ne semble pas vouloir en rester là.

- J'ai déjà déposé toutes les sortes de cartes de vœu sur votre table, mais jamais celle là, c'est la dernière.

Je lâche une bonne fois pour toute mon livre. Je ne lirai pas aujourd'hui.

- C'est vous..? Qui êtes venu me rendre visite pendant que j'étais inconsciente ?

Marie parlait effectivement d'un vieil homme séjournant déjà à l'hôpital.

- Oui c'est bien moi, je pense bien avoir dévalisé la boutique de l'hôpital, dit il dans un rire qui se transforme en toux.

Je regarde la carte, puis lui.

- Pourquoi? Je ne crois pas vous connaître.

- Peut être que je suis votre grand père.

- Mon grand père est mort il y a des années. Il n'y a pas de doutes, alors qui êtes vous ?

- Un ange gardien alors.

Je rigole un petit peu, mais la boule dans ma gorge m'empêche de m'enballer.

- Pour vous dire la vérité ma chère, vous ressembler exactement à une femme que j'ai connu il y a des années. Une femme d'une beauté que je ne peux oublier.

- Qui était cette femme ?

- Ma fille, fait-il d'un ton doux, c'était ma fille.

- C'était..?

Il tousse un peu.

- Je vous ai rendu visite chaque semaine, faisant bien attention à ce qu'il y ai toujours quelque chose sur votre table, même si j'étais sûre qu'il ne manquerait rien, vous êtes beaucoup aimé.

Il sort des lunettes de vue de sa poche et les placent sur son nez.

- où est votre fille maintenant ? Je demande.

Il hésite un peu.

- Elle est morte, lors d'une escapade en bateau.

Je ne sais pas quoi dire, mais je me sens désolée pour lui.

- Vous ne devriez pas côtoyer autant la mort a votre âge, ajoute-t-il.

Je baisse la tête. Je pense à la mort tous les jours. J'ai toujours connu la mort, tout le monde autour de moi est décédé. Mes grand parents, mes parents, mes oncles et tantes, il ne reste plus grand monde. On pourrait croire que ma famille est maudite. Maintenant c'est moi qui ai faillit mourir, mais même la, je vis au prix de la vie de quelqu'un d'autre.

- Je suis content que vous viviez.

Cette phrase me fait comme un électrochoc. Comment je peux l'entendre, alors que je ne l'accepte pas ?

Avec difficulté, je me lève, et me repose sur mes béquilles.

- Merci beaucoup d'être passé quand j'étais dans le coma. Mais maintenant, je suis réveillée et je vais bien, alors ce n'est plus la peine.

Il me regarde sans comprendre, mais je m'en vais.

- Bonne journée, je dis en partant.



Dans l'ascenseur, je retient mes larmes et enfonce mes ongles dans mes paumes de main. Je suis si fragile en ce moment, que j'ai l'impression que si je pleure, je n'aurais plus assez d'eau dans mon corps pour tenir debout. Je n'ai pas besoin d'un vieil homme pour me rappeler que je vie, et qu'elle ne vie pas. Je n'ai pas besoin qu'on me rappelle que si je vie, elle ne vie pas.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur mon étage, me laissant face au couloir blanc de l'hôpital, emprunté par des infirmières et des médecins. Mais alors que j'essaie de voir pourquoi quelqu'un se tient debout au fond de ce couloir, en me regardant, mon cœur est près à lâcher.

Lola me regarde, les yeux fatiguée, les joues rouges et les lèvres tremblantes.












Bonjour mes chères lectrices.
Comment allez vous ? C'est les vacances pour moi, alors pour fêter ça, j'ai contré mon syndrome de la page blanche.

L'histoire touche bientôt à sa fin, et j'espère sincèrement que vous l'aurait vécu avec tout l'amour que j'ai mis dedans.

J'espère que la fin de ce chapitre vous réjouis, je sort la suite et sûrement le dernier chapitre de cette histoire très bientôt.

Bonne lecture <3
L.





























Prude Où les histoires vivent. Découvrez maintenant