Prude

27

Emma

Quand je suis arrivé devant la maison, j'ai voulu faire demi tour. Mais j'a eu la bonne idée d'amener Caleb, le copain de Isa, ma cousine. Il m'a bien empêché d'attraper les clés de la voiture, en tendant le bras au dessus de sa tête. Je trouve que c'est de la triche, étant donné que c'est un géant à côté de moi, même si j'ai des talons. Mais peu importe, il fallait que je rentre dans cette maison.

Je suis directement venu vers le seul visage familier, la mère de Tom. J'ai d'abord eu un petit haut le cœur, retrouvant le visage de Tom dans ses traits, et la posture de Lola dans sa carrure. J'ai été très surprise quand elle m'a prise dans ses bras, beaucoup, surprise. Visiblement, c'est une femme qui pardonne tout, sans rancune, je ne vois rien d'autre.

Elle finit par me relâcher et je peux enfin lui dire quelque chose.

- Et bien, félicitation, je dis avec un grand sourire.

- Merci ma petite Emma. Ça fait si longtemps qu'on ne s'est pas vus, depuis que tu es partie en Afrique, je n'ai fait que penser aux petit plats que je te cuisinerai à toi et à Tom une fois que tu serais rentrée.

Je ne lâche pas mon sourire mais je beugue un moment.

- Pardon ?

Avant qu'elle ne puisse me répondre, je sens une main m'aggriper délicatement.

- Excuse moi maman, je dois parler d'eux minutes à Emma, c'est important.

Tom embrasse sa mère et me tire à l'écart. Je jette un regard d'incompréhension à Caleb qui ne sait pas quoi faire. Je ne comprend rien à la situation et je suis un peu choqué de revoir Tom. Je n'arrive pas à sortir un mot car je ne sais pas lequel serait le plus juste.

Il se place en face de moi en regardant sa mère, puis moi. Cela fait si longtemps que je n'ai pas rencontré ces yeux.

- Tom qu-

- Écoute Emma, je vais la faire courte. Je n'ai jamais dit à mes parents ce qu'il s'est passé, ils croient que nous sommes encore ensemble et que tu es partie trois mois en mission humanitaire en Somalie.

Je bégaie un peu et une boule se force dans mon ventre.

- Quoi !? Pourquoi, comment, pourquoi !?

Il me demande de parler moins fort et fait une grimace en essayant de me calmer.

- Je ne pouvais pas leur dire, ils t'adorent, ils te considère comme leur fille. Ça les auraient anéantis.

- Et tu comptais leur faire croire ça pendant combien de temps au juste ? Jusqu'à notre faux mariage peut-être ? Je demande, en colère.

Je sais maintenant pourquoi j'ai été invitée.
Je regarde Caleb qui essaie tant bien que mal de meubler la disscution de l'autre côté de la pièce, avec des gens avec qui il n'a aucun lien et ne connais absolument pas.

- Je ne sais pas, je n'y ai pas réfléchi. Je n'arrivais juste pas à leurs dire, j'ai essayé. Au début, je ne l'ai pas fait par ce que ça paraissait trop réel.

Je baisse les yeux.

- Puis je ne trouvais jamais le bon moment. Ils seraient super déçu.

- Tom, ce n'est pas mon problème, je dis en levant les yeux, je suis désolée, mais tu aurais dû y réfléchir, ou m'empêcher de venir !

- Non ! Je ne pouvais pas, elle commençait à ne plus croire en la "mission humanitaire".

Je soupire en regardant sa mère. Je peux voir que c'est une belle journée pour elle, elle ne cesse de sourire.

- Il faut que tu fasse semblant d'être encore ma copine, pour aujourd'hui.

J'écarquille les yeux.

- Pardon ?

- Emma, avec tout ce qu'il s'est passé, tu me dois bien ça.

J'entre-ouvre la bouche sans trouver mot.

- C'est juste l'histoire d'une journée. Une main sur le dos de l'autre, des sourire ici et là et c'est plié ! S'il te plaît.

- Et tu lui diras, après ?

- Promis. Mais je ne peux pas le faire aujourd'hui, c'est son mariage, je ne veux pas tout gâcher.

Je la regarde à nouveau en réfléchissant. Il n'a pas tord, je lui dois bien ça. Et puis ce n'est que l'histoire d'une journée, une soirée, et je m'en vais.

- Très bien, mais juste par ce que je te dois bien ça. Et par ce que je tiens à ta mère.

Il me sourit et je lui rend son sourire, puis il détourne le regard, gêné.
Il attrape ma main et je me souviens alors de cette sensation de chaleur quand il emprisonnait sa main dans la mienne, quand j'avais peur, que j'étais stressé ou autre.

C'est parti pour faire semblant. Préparez les rideaux, nous allons jouer la comédie.