Emma
Je regarde Léa douteuse, qui bouge le meuble de gauche à droite sans trouver le parfait angle. C'est soit trop centré, soit pas assez, et quand ce n'est pas ça, c'est le tableau qui n'est pas parallèle au meuble. D'ailleurs, je hais ce tableau. On y voit à peine des traces de peinture qui sont censé représenter je ne sais quoi, de l'abstrait, et j'y vois une chose différente tous les jours. Il est insupportable pour moi que ce ne soit pas défini, et aujourd'hui, je vois une femme dans un champs.
- Et comme ça ?
Je pose mon doigt sur mon menton, histoire de la faire ramer un peu plus.
- Ç'est peut-être un peu trop à gauche.
Elle laisse tomber sa tête en arrière, désespérée.
- Sérieux Em, t'étais censé m'aider, pas m'enfoncer.
Je lève les mains pour me dédouaner en pinçant mes lèvres.
- Ça va, ça va. C'est très bien comme ça. Tu devrais songer à boire du thé, ça agit sur le stress... Je dis doucement pour ne pas qu'elle m'entende.
- Je t'entends, imbécile.
Je viens m'asseoir en tailleur sur le canapé encore plastifié et elle passe devant moi pour ranger des papiers sur la petite table à côté du canapé.
- Que vas tu faire de ça ? Me demande Léa, en me montrant le petit carton blanc neige aux écritures et jointures dorés.
Je soupire. Elle me le lance et retourne à ses papiers.
- Tu sais, si j'étais toi, j'irai, mais je ne suis pas toi alors...
Je déplie la carte comme je l'ai fait 12 fois quand je l'ai reçu, et la relie, encore une fois.
"Martin et Julia
Nous aimerions vous voir à notre mariage !
Le 15 octobre
à 15h30 à l'église Sainte Marie"Honnêtement, je ne suis pas sûre de savoir pourquoi je suis invitée. Ça n'a pas vraiment de sens. Depuis le désastre avec Tom, depuis que je suis partie pour ne plus lui faire du mal, il ne m'a pas rappelé et c'est normal. Alors pourquoi sa mère m'invite à son mariage ?
J'ai d'abord été surprise quand j'ai appris grâce à cette invitation que sa mère avait visiblement divorcée, et se remariait si rapidement. Ce matin, quand j'ai ouvert le courrier, j'ai voulu faire comme si je ne l'avait jamais reçu. Je n'arrive pas à savoir si c'est une bonne, ou une mauvaise idée d'y aller. Enfin, si je suis honnête, c'est une très mauvaise idée. Est ce que j'ai envie d'y aller, même ? Tout est embrouillé dans ma tête, et quand je lis ce carton tout propre, je ne fais que voir le visage de Lola.
Lola que j'ai abandonnée, pour son bien. Si je suis partie loin d'eux, c'est pour ne plus leur faire du mal. Mais ça fait trois mois, peut-être que les revoir me fera plaisir ? Peut-être qu'ils seront contents eux aussi ? Peut-être qu'on pourrait passer un moment comme des adultes, de vieilles connaissances qui prennent des nouvelles ?Il y a trois mois de ça, quand je suis sortie de cet appart, je ne savais pas où j'allais. Il y avait ma cousine, avec qui j'ai passé le plus clair de mon enfance. C'était mon seul repère alors bien que honteuse, je suis partie lui demander de l'aide. J'avais plus de boulot, j'avais tout lâché. Depuis le début de l'été, j'avais arrêté d'écrire, trop préoccupée par d'autres choses... Je n'avais plus rien. En peu de temps, j'avais perdu mon copain, mon boulot, et mon appart. Je n'ai pas prévenu Léa tout de suite. Elle est partie me chercher chez moi, mais Lola n'était apparemment pas là. Quand elle a appris que j'étais chez ma cousine à une demi heure, dans la ville d'à côté, elle était rassurée. Elle avait tourné la page avec son ex, et était déterminée à changé d'orientation, pour passer à une fac de psycho. Elle s'est réorienté en septembre dans la fac de ma nouvelle ville, et s'est pris un appart avec l'aide de ses parents. C'est pour ça que je l'aide à emménager. Je vie encore avec ma cousine malgré le fait que Léa me tane pour que je fasse colloc avec elle. Le truc c'est que, je ne compte pas squatter éternellement chez ma cousine, elle a quand même un copain. Et puis, je veux ma vie, mon endroit. Je suis peut-être devenu allergique à la vie à deux.
- Arrête de stresser, tu peux y faire un tour et si ça ne va pas tu viens te réfugier chez moi, pour regarder un film et boire une tasse de thé vert !
- Donc on est un petit couple de soixantenaire maintenant ?
Elle lève les yeux au ciel.
- Ce que je veux dire, c'est que tu n'as pas besoins d'y aller pour te tirer dans le pied. Tu peux rester cinq minutes pour féliciter les mariés et puis partir ! Mais si ils t'ont invité et que tu ne viens pas, tu ne te met définitivement pas dans les bonnes grâces.
- Crois moi, je n'y suis vraiment plus depuis un moment... C'est pour ça que je ne comprend toujours pas pourquoi ils m'invitent.
- On s'en fiche ! Elle t'aime bien, tu es quand même importante pour eux, tu les as fréquenté pendant longtemps et mieux encore tu étais l'amoureuse de leurs fils.
- Qui l'a trompé, et brisé le cœur...
Léa soupire et vient s'asseoir à côté de moi.
- Un jour il faudra que tu arrête de t'en vouloir Emma. L'amour, ça se contrôle pas.
- Mais j'aurais pu faire les choses autrement.
- On ne change pas le passé.
Elle prend ma main et fait des cercles avec son pousse.
- Tu mentirais si tu me disais que tu n'avais pas envie de la revoir.
Je racle ma gorge et me lève.
- Justement, je ne sais pas si j'en crève d'envie ou si je veux tout sauf ça. J'ai mis du temps à cicatriser, ça pourrais réveiller une douleur que je ne veux pas réveiller.
- À toi de voir...
Elle se lève à son tour et se dirige vers le meuble. Elle l'attrape des deux côté et le pousse à gauche. Je retiens un rire.
- Elle n'est toujours pas bien placé, cette foutue commode.
Bon... J'ai eu un gein d'inspiration, et j'ai pas mal de chapitres en stock
Alors j'ai décidé d'en poster encore un, pour vous faire plaisir :))
Je sais je suis la meilleure.
Bonne lecture
L.
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Prude
RomanceEmma vit le bonheur avec son copain Tom. Seulement quand la sœur de ce dernier décidera de rentrer de Londres pour passer l'été chez son frère, Emma ne sera plus si sûre d'avoir déjà goûté au vrai bonheur, tant qu'elle n'aura pas goûté à Lola.