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Ce matin quand je me réveille, ma tête cogne autant que si j'étais en boîte. J'arrive à peine à ouvrir les yeux et la première chose à laquelle je pense c'est me trouver un doliprane.
En descendant en bas je retrouve Léa affalée sur le canapé, une jambe et un bras qui dépassent (elle n'a pas pu arriver jusqu'à ma chambre).
Dans la cuisine je me sort un verre d'eau et fouille dans les placards à la recherche de médocs.

- C'est ça que tu cherche ?

Je me retourne pour voir Lola derrière l'îlot central, un tube de doliprane au bout des doigts.
Je l'attrape comme si c'était de l'or.

- Dieu merci.

- Tu peux m'appeler Lola, dit-elle en souriant.

Je fait un faux rire et met le cachet sur ma langue.

- J'ai besoin d'un café ! J'entends grogner dans le salon.

- On peut toujours aller le chercher, je propose.

- Pitié, oui !

Je regarde Lola en lui demandant virtuellement si elle peut m'accompagner, et elle répond par un roulage des yeux en récupérant les clés de voiture sur le meuble.

Dans la voiture, l'air frais du matin s'engouffre par les fenêtres, amenant une odeur de sable mélangés aux palmiers. Personne ne parle et c'est mieux comme ça. À mesure que je fréquente Lola, mon problème s'allonge, et je le sais. Mais c'est impossible pour moi de me contrôler, surtout quand je bois. Je savais que je le voulais, bourrée ou pas, mais je n'aurai pas eu le courage de le faire en temps normal.

Des tintement retentissent quand nous entrons dans le café.

- Ça te dit de manger un morceau ? Me demande Lola.

Quand elle me vois hésitante elle reprend.

- Léa et a demi endormi, on ne va pas rester trois heures.

Je fini par accepter et je m'assois à une des tables où elle me rejoint.
Après nos petits déj servis, je redécouvre le plaisir de manger.

Je sens la jambe de Lola frôler la mienne, et je vois son regard me sourire.
Elle traîne sa main jusqu'à la mienne et passe ses doigts entre mes doigts.

- Qu'est ce qu'il y a ? Je fini par demander.

- Quoi ? Rien !

- Aller, c'est quoi ce soudain geste d'attention ?

- Il n'est pas soudain, je t'en fait beaucoup au cas où tu n'aurais pas remarqué.

J'avoue que rien que sentir sa main sur la mienne me fait presque trembler.

- Lola, pourquoi une si jolie fille comme toi, s'intéresse à moi ?

Elle fronce les sourcils.

- J'avais dit que-

- Je sais, je sais. Mais il faut apprendre à être honnête. Et honnêtement, on a rien à voir.

- On s'en fiche de ça. C'est comme ça, c'est tout.


Après avoir acheté trois cafés bien chaud à emporter, nous sortons du café, la tête dans un placard. Je fait à peine un pas que je sens une main sur mes fesses.

- Olala, tout n'est toujours que sexuel avec toi ? Je reproche à Lola.

Elle se colle à moi et passe ses bras autour de mon cou.

- Bien sûr que non, je peux être romantique.

Elle pose déliquatement ses lèvres sur les miennes, ce qui n'a jamais été aussi doux.

- On ne devrait pas faire ça en public Lola... On ne devrait pas faire ça tout court.

- Oui mais tu en as envie.

Elle pose a nouveau ses lèvres et je n'arrive pas à m'en détacher. Mais c'est elle qui s'écarte de moi, comme si elle avait vu un fantôme. Je suis la direction de ses yeux et le vois. Là, debout, décontenancé.

Tom, immobile, un regard que je ne saurai décrire plaqué sur le visage.

- Tom-

Il finit par se retrouver et se retourne vers sa voiture.

Je passe les cafés à Lola et court vers lui. Je tape et cogne la vitre de la voiture avec mes paumes de mains.

- Tom, Tom, Tom, attend, s'il te plaît attend !

Son regard est fixé sur le volant.

- Tom, je t'en prie, je dis une larme coulant le long de mon visage.

Sans que je ne puisse le contrôler, c'en est deux, puis trois, puis quatre, puis toute une vague de larmes qui s'écoulent sur mes joues.
Il met le contact et démarre la voiture, alors que je tape encore sur la vitre. Il pose ses mains sur le volant et appuie sur la pédale, puis roule alors que j'essaie de garder la voiture avec moi, comme si c'était possible.
J'ai l'air piteuse, les bras ballants, le visage cassé en deux, à pleurer en le voyant partir.

- Ne me touche pas. Je dis en voyant Lola s'approcher.

Je m'éloigne d'elle, du parking, de tout ça, marchant sans directions précise, je dois juste marcher.

Des flots de larmes s'écoulent sur mon visage pendant de bonnes minutes. Je ne me demande même pas de quoi j'ai l'air, à marcher en pleurant dans la rue, devant des gens qui vont chercher leur pain du matin.

Prude Où les histoires vivent. Découvrez maintenant