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Assise à la table de la cafétéria, je gratte un bout de peinture qui se détache.
Quand les policiers m'ont annoncé la nouvelle, je n'ai plus réussi à leur répondre, ni à leur parler. Plus rien ne sortait de ma bouche, j'étais devenue muette. Ils m'ont laissé tranquille bien qu'ils m'aient dit qu'ils reviendraient bientôt. Je n'ai plus jamais envie de les revoir, je préfère effacer tout ça de ma mémoire. Je voudrais brûler tous mes souvenirs, et tout ce qui me rappelle ce qu'il s'est passé. Et depuis des jours maintenant, je passe de mon lit à la cafétéria, puisque ce sont les seuls endroits où je peux aller en béquilles maintenant. Après deux jours en fauteuil roulant, j'ai décidé d'utiliser les béquilles, même si les médecins ne voulaient pas trop.

Après la venue des policiers, j'ai commencé à sombré. Je n'arrivais pas à manger, ni à dormir. C'est toujours le cas, mais moins puisque c'était il y a 4 jours. Ma cousine est arrivé le soir même avec Caleb. Elle m'a serré dans ses bras, et j'ai eu comme l'impression qu'on m'étouffait. Caleb est resté à distance, et puis Isa est partie nous chercher à boire, nous laissant seuls. Je ne décrochait pas mon regard de la fenêtre.

- Je sais que c'est stupide de demander ça, mais comment tu vas ?

Je ne lui ai pas répondu. Je savais que si je disais un mot, je pleurerais. J'ai cette boule dans la gorge qui ne me quitte plus.

- Tom est pas mal occupé, mais il pense énormément à toi. Il a peur que tu lui en veuille de ne pas débarquer tout de suite. Il s'en veut.

J'ai détourné la tête de la fenêtre pour le regarder lui. J'ai haussé les épaules, pour lui montrer que ça m'était égal, et que je ne lui en voulait pas. Caleb a soupiré, et à regarder à son tour par la fenêtre.

Quand ils sont repartis plus tard, j'ai pleuré. Je me suis levé jusqu'à ma salle de bain, et j'ai vu une vision d'horreur dans le miroir. Je ne reconnaissais plus mon visage. Des cernes violettes, une peau pâle, des rides que je n'avais jamais vu. J'avais l'impression d'être quelqu'un d'autre.

Je ne suis pas sorti de ma chambre, et même si je rêvais rentrer à la maison et reprendre une vie normale, les médecins ne me laissaient pas sortir, si ce n'est dans le parc, et passaient leur temps à me raconter de beaux discours comme quoi j'avais de la chance de m'en être sorti.

Même si je me dois d'être reconnaissante, je me sens comme la personne la moins chanceuse au monde.


Après être rentré de la cafétéria, je me suis réinstallé dans mon lit, espérant m'endormir. Mais mon infirmière a débarqué pour changer mes bandages. Je voulais râler, lui demander de me laisser tranquille, de ne jamais plus me donner de temps et de s'occuper de gens qui veulent vraiment vivre, mais elle n'y est pour rien. Elle fait son travail et elle le fait si bien depuis le début que je culpabilise.
Après m'avoir dit bonjour et me demander comment j'allais, elle s'est mis à me dérouler le bras, pour mettre un nouveau bandage. A chaque fois que je vois cette ouverture dans mon bras, j'ai l'impression qu'elle ne guérira jamais, même si je sais qu'elle cicatrise car elle est beaucoup moins pronfonde et large qu'au début d'après les infirmiers. C'est la plus grande que j'ai sur mon bras, qui fait une bonne dizaine de centimètre. Le plus drôle, c'est que c'est mon bras qui est rentré dans le phare de la voiture qui m'a fait ça.

- Dit donc, tu n'as pas vraiment de visites, c'est bizarre, dire que tu en avais tous les jours quand tu étais endormie, et maintenant que tu es réveillé, les gens ont peur de venir, me dit Marie.

Je l'interroge du regard. Même si je sais qu'elle a raison, et que mes proches, notamment Tom, se trouvent des excuses car ils ont peur de me voir, je ne savais pas que j'étais autant visité.

- Bon déjà j'en ai vu des gens passer dans ta chambre, c'est pas pour rien que t'as tout une table réservé à des typiques cadeaux d'hôpital, dit elle en me montrant la table avec son menton.

Je n'ai pas ouvert ni touché à un seul de ces cadeaux. J'ai laissé pourrir les fleurs sans les arroser, et les ballons d'hélium ont petit a petit descendus jusqu'au sol. Je n'ai jamais compris pourquoi autant de cadeaux, mais si peu de personnes.
Elle voit que je ne comprend pas.

- Mais si enfin ! Il y avait souvent du monde. Ta cousine et son copain, régulièrement, Tom, je le connais bien maintenant. Même des adultes, puis des jeunes un peu brusques.

Je sais qu'elle parle d'Alicia et des garçons et je ne passe pas loin de sourire.

- Oh et puis un grand père, je ne suis pas sûre qu'il te connaisse, il est de l'hôpital, mais il venait souvent te voir et déposer des fleurs. Enfin sans oublier la fille qui venait tous les jours. Il n'y avait pas un jour où elle ne se pointait pas.

Je m'interroge essayant de savoir qui ça pourrait être, et l'envie d'imaginer la possibilité que ça pourrait être elle me vient, mais je fais tout pour la repousser.

Elle est morte.

- Elle ressemblait à quoi ?

Marie se fige pendant une minute, sûrement choqué que j'ai choisi d'utiliser ma voix. Mais je vois bien qu'elle essaye de ne pas le montrer, pour que je continue d'utiliser la communication vocale et non les hochement de tête.

- Brune, plutôt pas mal...

N'importe qui peut être brune...

- Oh, et tatouée, pas trop mais quelques-

Je me fige à mon tour, et me déteste immédiatement de me laisser avoir un nouvel espoir.








Petit chapitre !!

J'ai cru comprendre que les événements ne vous plaisent pas vraiment, mais je vous demanderez de ne pas trop m'engueuler 😃

Je comprend vos réactions mais je fais mes choix d'histoires avec beaucoup de réflexions pour vous offrir une histoire réfléchie et des fois je suis obligée de faire des sacrifices...

Exprimez vos opinions tout en restant polies et c'est parfait !

À part ça j'adore continuez à lire mes histoires avec autant d'intérêt, c'est grâce à vous que j'ai la motivation de poster.

Bonne lecture
L.

Prude Où les histoires vivent. Découvrez maintenant