chapitre 8

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Gisa l'Ancienne, traduction du Haut Divin de Penina, Histoire naturelle, chapitre XII, défaut des opales et des manières de les éprouver, E.D.D. 7

« [...] j'ai mené toutes les expériences. Les minerais d'opales n'ont nullement été envoyés par les dieux. Néanmoins, le mythe perdure et les forgerons persistent à sertir leurs armes de la pierre en guise de protection. »

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— Merde, jure Eleazar

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— Merde, jure Eleazar. Tu ne déconnais pas à propos du dragon...

Je lâche un cri perçant de joie et ouvre la baie vitrée pour me précipiter vers l'extérieur.

Néra me toise de son perchoir. Ses cheveux ébène, coupés au carré et lisses, flottent dans le vent. Elle porte son armure de voyage, celle en cuir souple, et une épaisse cape lustrée qu'elle a déboutonnée. Je suis sûre qu'elle est arrivée pendant la nuit, et nous observe depuis un moment. Quelle sournoise.

— J'arrive pas à croire que tu vas vraiment épouser « ça », annonce-t-elle de but en blanc, ses yeux foncés cerclés de rouge rivés vers Eleazar.

— Moi non plus.

Je me tourne pour faire les présentations quand une large flèche surgit par-dessus mon épaule. Néra écarquille les yeux d'un coup et Faolán rugit quand il brise la flèche entre ses mâchoires puissantes. Je fais volte-face.

Caleb a une deuxième flèche encochée dans son arc, intimidé ni par le dragon ni par l'attitude arrogante de Néra.

— Vas-y, nargue-t-elle. Envoie ta deuxième flèche, divin. Faolán pourrait l'utiliser en cure-dents, la chair divine a tendance à lui coller aux gencives. Surtout quand il oublie de les rôtir avant.

Comme pour ponctuer sa remarque, Faolán gronde, ses énormes griffes plantées dans le sol sableux. Une vague de chaleur sort de ses naseaux et s'échoue sur notre groupe.

Eleazar fusille Caleb du regard et pose une main sur son épaule.

— Elle a tué Louise, grince Caleb entre ses dents serrées, sa flèche toujours encochée sur la corde tendue.

Néra a un infime mouvement de recul.

— Ne me force pas à en venir là, Cal.

De quoi parlent-ils ? Forcer à quoi ?

— Qu'est-ce que tu ferais à ma place, El ? Si les rôles étaient inversés ?

— Que crois-tu qu'il soit en train de faire ?! s'agace Ormund, pointant Eleazar d'un geste de la main.

Caleb tourne enfin la tête vers son prince et abaisse son arc d'un centimètre. Ils se fixent comme s'ils étaient capables de communiquer par la pensée.

— Je saurais te le rappeler, annonce Caleb après de longues secondes de silence qui me font froid dans le dos.

Il range brutalement son arc dans son carquois, mais garde une flèche à la main. J'arque un sourcil. Eleazar soupire et ses épaules se détendent, mais la façon dont il jette des coups d'œil réguliers vers l'archer ne m'échappe pas. S'il tient tant à ce que Caleb obéisse, pourquoi ne pas utiliser sa compulsion sur lui ?

JEU DE VILAINS • Vol. I • La Reine de DénæOù les histoires vivent. Découvrez maintenant