chapitre 45

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Retranscription d'une conversation entre Tatianna et Eleazar, lors de leur deuxième affrontement sur le champ de bataille, E.D.D. 10414

« — Des derniers mots ?

— Je t'aime. »

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— Alors ? questionne Charlotte

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— Alors ? questionne Charlotte. Tu lui as dit ?

— Concentre-toi, grommelé-je au lieu de répondre à sa question. Quand tu lances une hache, tout est dans le poignet. Comme ça, regarde...

Je repositionne ses doigts directement sur le manche. Appeler cette hachette « une hache » me fait de la peine. Mais mettre la main sur l'arme du ixe cercle à Avilisa est impossible.

Charlotte lance... et le tranchant de la lame s'enfonce pile au centre de la cible. J'esquisse un rictus fier et je lui fais signe d'aller récupérer l'arme mais elle fait volteface vers moi, les poings sur les hanches.

— Tu avais promis, Tianna.

J'étudie son visage pendant si longtemps, à la recherche de la moindre déception, le moindre indice qui me montrerait qu'elle joue le même plan que son frère. Jusqu'à quel point Eleazar l'inclut-il dans ses machinations ?

Me poser cette question me rend malade. Comment aurait-il pu deviner que je me rapprocherai de sa sœur alors qu'il tenait à m'en garder éloignée ?

— Pourquoi tu me scrutes comme ça ? demande-t-elle en fronçant le nez.

— Pourquoi tu insistes autant ?

— Parce que, dit-elle en allant récupérer sa hache. Je suis certaine qu'il est fou amoureux de toi et que ça l'aiderait à surmonter sa peine.

Amoureux de moi, bien sûr. Je lâche un son moqueur. Charlotte tire sur le manche de sa hache, mais doit s'y prendre à deux mains pour déloger l'arme. Je fais une note mentale de forcer la princesse à travailler ses muscles supérieurs.

— Que sais-tu de la malédiction, Charlotte ?

Enfin, elle parvient à reprendre l'arme et marche vers moi. Elle hausse les épaules.

— Rien. Eleazar a toujours refusé de m'en parler. Au départ, je ne savais même pas que mon père était malade. Ils me l'ont tous caché, chuchote-t-elle avec amertume. Comme si j'étais une pauvre petite chose fragile qui a besoin d'être protégée. Pourquoi ?

Mais j'ai beau fouiller le visage de la princesse héritière, je n'y lis aucune trace de mensonge.

— Il n'a jamais voulu m'en parler non plus.

La bouche de Charlotte se tord dans une grimace de déception.

— Dommage. Je me sens si inutile, parfois.

JEU DE VILAINS • Vol. I • La Reine de DénæOù les histoires vivent. Découvrez maintenant