Son carrosse a pris du retard

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À ces mots, Gabriel vit la jeune femme interdite. La révélation venait de la dégriser.

Il amorça un pas et elle recula un peu plus vers le passage.

Elle frôla son frère pour d'engouffrer dans le passage. Elle se retourna une dernière fois vers lui.

- Ainsi, tout ceci n'était qu'une mascarade, constata-t-elle tristement. Je pensais avoir trouvé un compagnon pour m'amuser, mais il semble que celui qui en a le plus profité, c'est vous.

- Ce n'est pas ce que vous croyez.

Elle lui adressa un regard noir.

- Prononcez un autre mot et je vous fais taire de la plus désagréable des façons.

Gabriel prit la menace à cœur et la laissa partir dans le couloir.

Son orgueil venait d'en prendre un coup. C'était la première fois qu'on le repoussait. Hébété par la tournure des événements, il laissa son frère s'appuyer sur ses épaules.

-Tu dois être sacrément mauvais. Jamais je n'aurais laissé une fille aussi délicieuse partir !

Gabriel se dégagea violemment.

La soirée avait été amusante et elle se serait finie en beauté si son idiot de frère n'était pas venu le chercher, si son mariage ne devait pas être annoncé et si sa cavalière ne s'était pas enfuie en apprenant qui il était.

Il avait eu de nombreuses occasions de lui révéler son identité, mais rester anonyme lui avait permis de passer une excellente soirée sans étiquette.

Il s'était retenu de lui courir après pour s'expliquer. C'était idiot, car le prince n'a pas à s'expliquer et certainement pas à une femme d'une délégation étrangère.

Il quitta le salon suivi par son benjamin. Ils empruntèrent le chemin qu'il avait parcouru avec la nordienne en sens inverse pour finalement arriver devant les grandes portes.

L'assemblée se retourna d'un seul mouvement quand le maître de cérémonie annonça l'entrée des deux princes.

Les dames s'extasiaient sur la beauté des deux jeunes hommes s'attardant sur le plus âgé tandis que leurs maris cherchaient dans leur attitude la moindre faiblesse à exploiter. Le plus infime détail fut analysé pour percer à jour celui qui serait sur le trône du plus grand royaume du continent.

Pour affronter ces vautours affamés de pouvoir Maxime joua la carte du bel aristocrate : charmant envers les femmes, insouciant envers leur mari et les demoiselles eurent le droit à un sourire séducteur. Son frère avait l'allure d'un roi : aussi majestueux que distingué. Il avançait, traçant son chemin la tête haute, n'accordant que quelques regards polis aux plus hauts dignitaires.

Ils saluèrent leurs parents pour respecter l'étiquette et s'assirent à leur place. Gabriel, à la droite du roi, écouta d'une oreille distraite le sermon de son père sur son absence. Il observait la salle cherchant dans la foule une robe bleu roi.

Il resta perdu dans ses pensées jusqu'à ce que son paternel l'en sorte en l'appelant par un sobriquet qu'il portait lorsqu'il était enfant.

-Que se passe-t-il père ?

- Vous êtes ici pour votre future fiancée et non pour un enterrement alors faites un beau sourire à vos courtisans et faites bonne impression à votre future femme, pouffa le roi.

- Rira bien qui rira le dernier. Sachez que je vous enterrerai tous.

Le roi ignora la pique de son fils.

-Dix heures va sonner. Êtes-vous allé saluer la délégation tionienne avant que j'officialise leur présence ?

-Je ne saluerais pas un étranger de rang inférieur.

Le destin d'AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant