venez dessous

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Trois coups retentirent.

Gabriel leva la tête du décolleté d'Anna tandis que celle-ci se figea.

Merde

Elle le repoussa et mima à demi-mot :

- Si nous sommes vus ensemble avant le mariage, je suis fichue. Dégagez de là, chuchota-t-elle alarmée.

Il désigna la petite pièce autour d'eux.

Aucune cachette.

Elle montra la fenêtre et d'un coup de tête et l'enjoignit à sauter tout en arrangeant son bustier. Il y avait à peine un étage. Un saut facile vu ce qu'ils avaient fait.

Le jeune homme l'ouvrit préférant lui aussi éviter un moment gênant. Mais à ce même moment, il passa dans l'allée le roi. S'il voyait son héritier fuir comme un voleur par la fenêtre, il se poserait des questions.

Il secoua la tête.

- Marquise de Herelna, j'aimerais m'entretenir avec vous.

Anna écarquilla les yeux. Le comte de Maliu.

S'il les découvrait tous les deux, c'était encore pire. En les voyant réunis Anna n'aurait plus de moyen de pression contre lui et il pourrait penser qu'ils fomentaient un plan. Ce qui était vrai, mais ça, il n'avait pas besoin de le savoir.

- Venez dessous, ordonna-t-elle.

Il fronça les sourcils.

- Là ou la fenêtre, lança-t-elle pour ultimatum.

Il ne se fit pas prier. Au moment où Anna remettait en place sa robe, le comte rentra.

- Où est le prince héritier ? débuta-t-il sans préambule.

Il l'observait suspicieusement.

La jeune femme était appuyée sur l'un des fauteuils et tenait dans sa main un livre de comptes. Elle avait le teint rosi, mais il ne remarqua rien d'autre.

- Il m'évite comme j'ai essayé avec vous, mais peut-être aurais-je dû m'enfuir par la fenêtre pour ne pas vous voir, lui reprocha-t-elle.

Le comte referma la porte.

Il s'approcha d'elle, mais elle ne put bouger à cause du boulet à ses pieds. Le quarantenaire était en apparence calme, mais Anna l'avait vu déchaîné contre un de ses espions qui était revenu bredouille. Elle craignait qu'il ne s'énerve et qu'elle soit obligée de dévoiler que le prince Gabriel était toujours ici.

- Mademoiselle, si vous aviez rempli votre part du marché, je ne passerais pas mes journées à essayer d'avoir un entretient avec vous, contre attaqua-t-il. Vous avez osé voler la place de mademoiselle de Casteria !

- Marquise, corrigea-t-elle inlassablement. Comment vouliez-vous que je le fasse tomber amoureux d'elle ? marmonna-t-elle.

- Presque trois semaines sans nouvelle alors que vous avez rompu notre contrat !

- Je ne suis pas une sorcière ! Je n'ai pas de philtre d'amour à distribuer ! D'ailleurs, dois-je vous remercier pour le poison ?

- Non, madame de Datib l'a fait de son propre chef. Je vous aurais tué avant la cérémonie si j'avais su que les choses tourneraient ainsi.

Elle haussa un sourcil, surprise de sa franchise. Il avait été plutôt secret en cachant des informations capitales comme le fait qu'il œuvrait avec le chaperon ou qu'il l'avait fait surveiller. Pourtant, elle ne lui en tint pas rigueur. Quand on joue pour le pouvoir, il faut accepter les coups bas et Anna était une spécialiste.

Le destin d'AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant