Me prenez-vous pour un con ?

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Dix-sept heures et aucune nouvelle.

C'en était trop pour l'héritier qui se dirigea d'un pas décidé vers les appartements des invités. Il se rendit dans l'aile opposée à la sienne et demanda aux gardes médusés où était la suite de la marquise de Tiona. Il toqua vigoureusement sur la grande porte blanche ornée de fleurs d'or.

- Anna !

Aucune réponse, aucun bruit. Il continua de plus belle.

- Vous allez bien ? Vous n'étiez pas là hier et vous avez manqué deux repas !

Des bruits de pas s'approchèrent, mais la poignée ne s'abaissait toujours pas.

- Je vous jure que je vais enfoncer cette porte si vous n'ouvrez-

La porte s'entrouvrit et il vit une jeune fille qui devait avoir l'âge des triplets ouvrir un battant timidement. Elle glissa une tête hors de la chambre.

- Où est la marquise ? demanda Gabriel sans préambule.

- Elle n'est pas là Votre Altesse.

Il en avait assez d'attendre alors il rentra dans la chambre.

La bonne ne put même pas contester. Il était chez lui et c'était le prince, deux arguments qui auraient envoyé en prison n'importe quel contestataire.

La chambre était lumineuse comme toutes les pièces du palais et sentait les fleurs. Les fenêtres étaient ouvertes laissant une brise faire voler les rideaux du lit à baldaquin. La pièce était étrangement vide avec seulement une robe de bal violette sur le canapé et une perruque brune sur la coiffeuse. Le lit était fait comme si personne n'avait dormi dedans et l'armoire était à moitié remplie de robes. La salle de bain était elle aussi vide.

- Où est-elle ?

- Je ne sais pas, trembla la fille.

Gabriel la toisa, mais elle détourna le regard.

Menteuse.

- Elle est partie ce matin se reposer chez mademoiselle de Vientana, intervint une jeune femme aux yeux marron.

C'était la servante préférée d'Anna, Ophélie s'il se souvenait bien. Elle l'accompagnait partout et était présentée comme sa dame de compagnie malgré son rang. Une autre chose qui n'avait pas manqué de faire jaser à la Cour.

- Avait-elle une raison particulière de manquer le bal d'hier ?

La bonne hocha la tête avec conviction.

- Oui la marquise était malade alors elle s'est reposée à la campagne chez son amie.

- Était-elle très souffrante ? demanda Gabriel inquiet.

- Elle avait des migraines et des nausées, Votre Altesse, compléta la jeune femme gênée.

- Bien, vous venez avec moi pour m'indiquer le chemin.

Il tourna les talons.

- Mais mademoiselle de Vientana vit à plus de deux heures du palais !

- Raison de plus pour partir maintenant, répliqua-t-il.

L'ambiance dans le carrosse était glaciale.

La servante n'osait pas parler et lui regardait obstinément le paysage. Il réfléchissait à l'absence de la marquise. Quelque chose clochait. Pourquoi était partie sans sa servante préférée avec tous ses vêtements et où étaient ses deux chevaliers ?

Ils arrivèrent au domaine après dix-neuf heures. Une heure tardive d'après l'étiquette si l'on ne s'était pas annoncé. Mais il était le prince héritier donc l'ambassadeur l'accueillit en grandes cérémonies et ne se formalisa pas de son manque de manières.

Le destin d'AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant