Je suis assez bavard

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Le carrosse passa le portail royal après une altercation entre le cochet et les gardes qui ne comprenaient pas l'accent acerbe du vieil homme. Ils ne fouillèrent pas l'attelage de peur de causer plus de désagrément à la noble qui devait s'impatienter d'être traité comme une roturière. Mais c'était d'autres inquiétudes qui semblaient préoccuper l'esprit de la jeune femme.

Les chevaux se stoppèrent devant l'escalier menant à une porte en bois sculptée. Les lumières éclairaient l'entrée comme en plein jour.

Le cochet quitta son siège et vint ouvrir la porte abaissant le marché pied en fer. Gabriel descendit le premier retirant son long manteau noir qui dévoila un élégant ensemble rouge brodé de fils d'or. Il se plaqua les cheveux en arrière ce qui accentua la beauté de ses traits dévoilant une facette plus aristocratique.

Elle arrangeait sa toilette.

Quand il la vit se tenir à la porte, il lui tendit galamment sa main pour l'aider à descendre. Elle s'appuya dessus et sortit de la voiture tenant de sa main libre ses longues jupes.

Un ange

Ses cheveux étaient retenus dans un chignon sophistiqué mais de nombreuses mèches claires barraient son visage.

Il comprit pourquoi elle avait porté un voile.

Jamais il n'avait vu un éclat pareil. Ses cheveux comme le miel formaient une auréole autour de sa tête.

La couronne des Dieux.

Sa robe bleu roi formait une corolle dont les jupons semblables à des pétales accentuaient sa taille fine. Le col bateau mettait en valeur sa gorge soutenue dans un corset tandis que les manches amples brodaient d'argent recouvraient ses bras.

Il avait côtoyé de nombreuses femmes mais en cet instant elle les éclipsa toutes.

Un sourire charmeur collé sur les lèvres il lui prit le bras pour monter les quelques marches qui les séparaient du palais.

Le hall était somptueusement éclairé par un lustre de cristal qui projetait une lumière claire sur la grande porte de bois sculptée d'une couronne d'Ortus. La salle du trône était visible au fond d'une galerie couvertes de glaces et séparée par un portail forgé en or. Depuis l'entrée, on voyait un immense trône vide où le roi siégeait en temps d'audience ou de représentation. Le bal avait lieu dans une grande salle dans l'aile ouest qui donnait sur le parc.

Connaissant le chemin, Gabriel la guida face à la porte d'où s'échappait un air de musique. Il remarqua le tremblement des doigts de sa cavalière. Elle affichait un visage résolu mais ce geste de stresse trahissait des sentiments plus puissants.

Il ordonna aux valets de ne pas ouvrir les portes.

Elle le scruta interdite.

- Nous respectons la volonté du roi en étant au palais mais rien ne nous oblige à nous présenter. Je connais un endroit où nous pouvons continuer la soirée...

- Allons-y, souffla-t-elle sans le laisser terminer.

Il l'entraîna dans les innombrables couloirs loin de tout regard.


Anna désorientée le suivit. Il se déplaçait sans hésitation s'arrêtant à chaque intersections et escaliers pour éviter chevalier et domestiques.

Ils empruntèrent un escalier aux marches grinçantes, passèrent dans un passage dérobé derrière le tableau d'une danseuse et arrivèrent dans un salon.

La pièce secrète était seulement occupée d'une banquettes crapaud contre un des murs et d'un immense piano à queue. Le grand espace vide au centre était une piste de danse où les danseurs s'entraînaient. Bien ciré le parquet craqua sous leurs pieds quand ils s'approchèrent de la porte opposée.

Le destin d'AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant