Roger

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Le soleil se levait lentement sur Ortus.

La soirée de la veille n'avait pas empêché le jeune homme de se présenter à cinq heures pile à la petite salle à manger. 

Les jours de Grande Chasse tous les participants se réunissaient pour partager le petit déjeuné. La tradition voulait que chacun puisse s'assoir avec n'importe qui et cela malgré les différence de statuts. Les jour de Grande Chasse il n'y avait pas de rang sauf celui de roi et reine. 

Lorsque Gabriel entra, il passa presque inaperçu puisque tous les nobles étaient autour de la tablé de ses trois jeunes frères. À treize ans, les triplés ouvraient leur première chasse et cette journée leur était consacrée.

Il se servit quelques tranches de charcuteries avant de s'installer avec Victor sur une table déjà occupée par deux chevaliers en permission.

— Comment voulez-vous qu'elle participe ? Je suis certain qu'elle ne sait pas comment tenir un fusil ! demanda l'un des chevaliers au visage émacié.

— Je vous dis l'avoir vu dans les écuries en train de sceller un cheval ! Ce n'est pas la bonne qui va monter ! répliqua son collègue aux joues joufflues.

— Elle ? les coupa Gabriel.

Ils se tournèrent vers lui.

— Oui, répondit le maigrichon, il affirme avoir vu une femme préparer un étalon. Il pense que l'une de vos fiancées va nous suivre pendant la chasse.

— Je n'ai pas encore de fiancée, rectifia le jeune homme, et il n'est pas interdit aux femmes de chasser, mais elles nous accompagnent généralement à la base principale.

Gabriel savait qu'il n'était pas dans la culture du continent de donner des leçons de chasse aux femmes. Même si par hasard l'une savait tenir un fusil, il ne pouvait pas les imaginer les suivre. Mademoiselle de Lero éprouvait une sorte d'aversion pour ce sport, mademoiselle de Casteria semblait trop précieuse pour se balader en forêt et la Marquise ne prendrait pas la peine de suivre les chasseurs des heures durant.

Il finit son repas en discutant avec les deux chevaliers attendant que la salle se vide. Ces deux-là semblaient être aussi malins que des coquillages, mais leur bonne humeur était contagieuse.

Le jeune homme rejoignit les écuries royales où les palefreniers avaient préparé son cheval préféré. Il mit le pied à l'étrier et partit en direction de la forêt de Noch sur le domaine de la famille Floquet.

Lorsqu'il arriva au domaine, il se dirigea immédiatement à la lisière de la forêt où le campement avait été dressé. Le discours avait déjà été prononcé et ses frère disparaissait à l'horizon avec le reste des hommes. 

Seule la marquise finissait d'ajuster la sangle arrière de son étalon à la robe bai sous le regard mauvais des autres femmes sous la tente. Il se mit à sa hauteur.

— Vous allez chasser du gibier ? 

— Non des fraises, répliqua-t-elle sérieusement.

Elle monta et donna un petit coup de talon qui la fit disparaitre derrière les épais buissons.

Il la rattrapa dans les sous-bois arrivant au trot. Elle lui mima de ralentir le pas et il se cala à sa vitesse.

— Pourquoi êtes-vous partie dans cette direction ? Les montagnes ne regorgent pas de cervidés.

— Pourquoi m'avez-vous suivi ? rétorqua-t-elle sur le même ton léger.

Gabriel l'observa, mais elle gardait son regard obstinément fixé devant elle.

Le destin d'AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant