— Je vais le tuer !
Anna se défoulait contre un mannequin de bois. Elle ne cessait de donner de violents coups d'épée perçant l'épaisse écorce de chêne. Sous le regard attentif d'Edouard qui corrigeait de temps en temps la posture de son bras, elle battait le mannequin de toutes ses forces. Par terre gisaient plusieurs mannequins de plume éventrés et des copeaux de bois. Elle portait une épée émoussée mais capable de trancher la chair du tronc.
Anna s'appliquait tellement à l'enfoncer dans le bois que des copeaux jaillissaient.
Le vieil homme la regardait pensif réfléchissant à un moyen de l'aider. Il avait pensé que la laisser s'entraîner l'aiderait à se calmer, mais la jeune femme ne décolérait pas. Il lui avait rapporté des nouvelles du nord qui l'avaient mise hors d'elle.
— Comment ose-t-il blesser Alexis et vous menacer ?
Elle planta si profondément l'épée dans le bois tendre qu'elle n'arriva pas à la ressortir.
— Ce ne sont pas quelques côtes cassées qui affecteront Alexis, tempéra Edouard, et il a simplement sous-entendu que notre tête sera sur une pique si nous vous rejoignons.
— Comment ose-t-il me faire du chantage après tout ce que j'ai fait ?
Anna réussit à retirer son arme.
— J'apporterais à son ainé sa tête sur un plateau de cristal ! Mais avant cela, je lui prendrai tout ce qu'il nous a volé en commençant par Herelna !
Elle donna un énième coup à la tête du mannequin qui tomba au sol.
— Venez Edouard et prenez une rapière !
— Mais mademoiselle, il ne faudrait pas vous blesser ! Ne préférez-vous pas un jeu d'escrime ?
— J'ai besoin d'évacuer ! s'écria-t-elle.
Le vieil homme capitula et saisit l'une des rapières d'entraînement contre le mur. Il se mit face à son adversaire et attendit que celle-ci reprenne son souffle avant d'attaquer.
La jeune femme le para et répliqua vivement.
Lorsqu'Anna était en colère, elle frappait sans réfléchir suivant son instinct, mais sir Edouard l'avait entraînée et savait parfaitement quel mouvement elle utilisait. Cependant, sa protégée se baissa pour esquiver la lame et se redressa en donnant un violent coup d'épaule au vieil homme qui s'était rapproché. Déséquilibré, il tomba sur le tapis et avant d'avoir le temps de récupérer sa lame, elle lui pointa la sienne sur la gorge.
— Vous avez perdu sir, lui sourit-elle en lui tendant le bras.
Elle s'était calmée.
Il s'appuya contre la main tendue et se releva sous des applaudissements. Les deux adversaires firent volte-face au prince appuyé contre le chambranle de la porte.
— Depuis combien de temps êtes-vous là ? demanda Anna sur la défensive.
Elle se tenait en retrait derrière Edouard qui semblait vouloir faire barrage de son corps. Il pointait d'un sa rapière d'un air menaçant vers l'étranger.
— Assez longtemps pour constater que vous pouvez battre un vieillard. Mais quand serait-il contre un homme de votre âge ?
— Je me dois de refuser votre proposition. Je ne voudrais pas qu'une balafre vous enlaidisse plus que vous n'êtes déjà, répliqua-t-elle.
Le prince se décolla de la porte pour monter sur les tapis. Le vieil homme leva le bras face au prince.
— Ne vous approchez pas de la Marquise de Herelna. Ma maîtresse ne souhaite pas s'entretenir avec vous.
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Le destin d'Anna
Historical FictionAnna est l'héritière de Herelna. Elle a dédié sa vie à protéger et servir son royaume mais son manque de coopération lui attire les foudres du roi. Punie, elle est envoyée en mission dans le royaume d'Ortus où elle se retrouve mêlée aux intrigues d...