Je ne trouve pas la marquise

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Il était vingt heures quand Gabriel entra avec son frère dans la salle de bal vêtu d'une lourde cape noire brodée d'une tête de lynx. Il avait peigné ses cheveux en arrière saupoudré de talc pour leur donner la couleur de la neige et il avait complété son apparence avec le maquillage d'une cicatrice sur l'arcade sourcilière. Maxime portait pour sa part un costume miteux et son visage était barbouillé de terre battue. Sir Edouard et Yvain Ducles en personne.

Pour cette ultime fête, la reine avait décidé que le thème serait "une autre personne". Ainsi, les deux princes détonnaient dans la salle aux couleurs bleu et rouge. En effet, il semblait que toutes les femmes de la cour aient décidé de devenir la marquise nordienne pour cette soirée et leur compagnon avait opté pour les princes héritiers avec des capes rouges et des perruques auburn ou noires.

Gabriel observa avec attention les aristocrates qui se pavanaient avec des coiffures toujours plus audacieuses pour montrer qu'elles avaient réussi à copier la couleur de la blonde. Pourtant, quand il regarda de plus près, il vit que les perruques étaient en crin de cheval à la robe claire mais absolument pas blonde et pour y remédier elles avaient été plus qu'imaginatives. Certaines avaient glissé des fils d'or pour éclaircir les cheveux ou d'autres s'étaient poudré avec un mélange douteux qui puait la vase. Il conclut qu'aucune n'arrivait à la cheville de la marquise.

Il y avait dans la salle que la famille royale et une trentaine de personnes qui ne s'étaient pas déguisés comme ça.

Les deux frères se dirigèrent vers le buffet après avoir salué la foule qui s'était inclinée à leur arrivée. Ils retrouvèrent Victor accompagné de mademoiselle de Lero. Celle-ci riait aux éclats et ne remarqua pas immédiatement les héritiers. Elle se leva et honteuse s'inclina devant eux bafouillant ses excuses. La jeune femme s'était déguisée en Victor étant elle-même assise sur une chaise à roulette tandis que celui-ci avait les cheveux carotte.

- Je vous emprunte votre compagnon mademoiselle.

- Ce n'est pas mon, bafouilla-t-elle.

Encore plus rouge elle s'éloigna au bras de Maxime.

- Tu la dévores du regard, nota Gabriel un petit sourire aux lèvres.

- Arrête de dire des conneries. Je m'amuse comme avec n'importe laquelle de mes conquêtes, se justifia le chevalier.

Joueur, Gabriel le taquina.

- Donc si je la choisis dans deux semaines pour fiancée, ça ne te fera rien ?

Victor cilla.

- Tu n'oserais pas ! Tu ne la regardes même pas !

- Tu es certain ? Qui te dit que je ne lui parle pas tous les jours pendant des goûters privés ?

- Impossible, car c'est moi qui suis à ces goûters pendant que tu fais mumuse avec les nordiens !

Un franc sourire étira les lèvres du jeune homme.

- Alors je ne vais pas toucher à ta rouquine sois en sûr. Elle est gentille, mais je préférerais quelqu'un qui ose me répondre ou au moins qui peut me regarder dans les yeux.

- C'est vrai que comparé à ta marquise, mademoiselle de Lero est plus timide. Il faut dire que vous êtes plutôt explosifs lorsque vous êtes tous les deux. D'ailleurs, tu ne m'as pas expliqué pourquoi le Vautour et le comte de Maliu ont eu une petite visite ?

Cette fois, ce fut Gabriel qui cilla.

- Ce n'est pas MA marquise. Et si nous sommes un peu turbulents, c'est parce que j'ai le don pour l'énerver et elle, celui de m'amuser. Quant au Vautour, la marquise a découvert qu'elle faisait affaire avec le comte donc nous avons fouillé sa suite pour découvrir qu'ils échangeaient des lettres depuis un certain temps et nous avons exploré sa demeure pour trouver d'autres informations. Savais-tu que le plafond de sa chambre était couvert de miroirs ?

Le destin d'AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant