un assez bon comédien

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— Je jure que si je dois passer une journée aliter, je fais brûler cette chambre ! s'énervait la blonde.

— Vous avez besoin de repos, objecta patiemment Ophélia.

Anna lui décrocha un regard noir.

Cela faisait quatre jours qu'elle n'était pas sortie de ses appartements. Une fois revenu au campement, un médecin l'avait prise en charge. Entouré d'une meute de curieux, il lui avait diagnostiqué une entorse à la cheville droite. Une infirmière lui avait donné une tasse de thé fumant qu'elle avait était contrainte d'accepter sous l'œil rieur du prince qui s'éclipsait pour féliciter ses frères déjà rentrés. La décision du docteur était sans appel : la Marquise doit ménager sa cheville pendant au moins deux semaines.

La bonne suivait les ordres à la lettre ne la laissant pas se déplacer hors de la pièce. Elle était intransigeante ce qui agaçait sa maîtresse qui n'en pouvait plus de regarder par la fenêtre à la recherche de la moindre animation.

— Je vais déjeuner dans la salle à manger, déclara la jeune femme.

Elle se redressa du sofa et fit quelques pas clopin-clopant.

—Non ! Vous restez ici et Rachel vous apportera votre repas, répliqua-t-elle catégorique.

— Je vais déjeuner dans la salle à manger, répéta-t-elle bornée.

Ophélia lui barra le chemin écartant ses bras.

— Ne soyez pas têtue ! Le médecin a dit que vous pourriez commencer à remarcher dans trois jours !

— Ce charlatan a reçu son diplôme dans une pochette-surprise ! Mon pied va beaucoup mieux !

Elle releva ses jupes roses poudrées pour lui montrer sa cheville dégonflée. La bonne ne sembla pas d'accord puisqu'elle ne bougea pas d'un pouce. Anna savait qu'elle ne céderait pas alors elle usa de son titre. Un coup bas, mais un coup nécessaire pour ne pas finir folle.

— Je t'ordonne de me laisser passer.

Escortée de sa servante, elle traversa le palais d'un pas lent et boiteux. Elle arriva à l'escalier central où elle put s'appuyer contre la rampe et prendre un air détendu. Elle refusait de l'admettre, mais la blessure lui faisait encore mal et poser son pied était une souffrance qu'elle endurait silencieusement.

— Ne deviez-vous pas rester aliter ? l'interpella une voix au-dessus.

Elle se retourna pour croiser le sourire éclatant du prince.

— Je cherche un peu de distraction.

Il descendit les marches pour s'arrêter à sa hauteur.

— Je vais au petit théâtre si vous voulez venir, proposa-t-il.

— Volontiers, accepta-t-elle immédiatement ? Ophélia prends ta journée. Je me débrouillerai avec Marie et Rachel pour accueillir mes amis.

La bonne fit une révérence courtoise et s'éclipsa discrètement.

Il lui donna son bras sur lequel la blonde s'appuya. C'était beaucoup plus facile pour marcher.

Le petit théâtre était un hameau dans les jardins. Il était dissimulé derrière une rangée de chêne qui bien que malgré sa proximité avec le palais, il demeurait invisible depuis les étages inférieurs.

— Quelle pièce allons-nous voir ? demanda curieusement Anna en passant le hall vide.

— Ce n'est pas une représentation, mais une répétition. Nous jouerons cette pièce pour l'anniversaire de notre Mère.

Le destin d'AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant