Le destin d'Anna

misérable créature

Il la fit s'asseoir sur une chaise au centre de la scène et demanda au dénommé Rodolf d'apporter la corde et les dialogues.

- Il y a toutes les indications de tons et vous devez juste lire votre partie. C'est simplement pour entraîner Gabriel à se déplacer. Vous n'êtes que deux pour cette scène ainsi, je serais dans les rangs pour lui indiquer comment agir.

Content comme un matin d'anniversaire, il alla se placer dans le public donnant les instructions sur l'éclairage au technicien. Anna entendit les bruits de rouage et vit de grands panneaux de bois cacher partiellement la verrière. Les lampes avaient été éteintes de sorte à ce que seule la scène soit mise en lumière.

- Vous venez de vous faire capturer par le terrible Capitaine Crow, expliqua le prince Maxime qui prenait la place de metteur en scène. Gabriel attache lui les mains !

Le prince avec sa corde se mit à genoux et entreprit de nouer la corde autour de ses poignets.

- Moins fort, grogna-t-elle.

Il fit le nœud encore plus serré un sourire rieur aux lèvres.

- De la part du buisson, s'amusa-t-il.

Elle le dévisagea avec attention. Malgré leur cohabitation, elle ne s'était pas habituée à ses réponses et leurs joutes étaient pour elle un bon moyen de développer ses défenses.

Il finit de lui nouer l'attacher de sorte à ce qu'elle ne puisse plus bouger les poignets.

Anna tenait du bout des doigts les feuilles pour lire le script. Tout était indiqué ainsi, elle put découvrir le personnage le temps que le prince rentre dans les coulisses attendant les indications de son petit frère.

C'était la première à parler, mais elle craignit de rater le début. Elle n'avait jamais vu de pièce et s'attendait à ce qu'on lui donne des ordres, mais rien ne vint. Les rangées étaient sombres donc elle distinguait à peine la silhouette du prince Maxime.

Neuf coups rapides et trois lents retentirent.

Probablement le signal.

Anna examina la scène autour d'elle posant sur son visage un masque d'inquiétude. D'une voix plus aigue que la sienne elle s'exclama :

- Où suis-je ? Quelqu'un, est-il présent ? Je vous en prie, venez m'aider !

Elle tira sur ses liens qui lui brûlèrent les poignets.

Le salopard.

- S'il vous plaît ! Y a-t-il quelqu'un ?

À ce moment, le prince à la chevelure de jais rentra en scène par une fausse porte.

- Ta gueule !

Anna fut surprise par la violence de son ton. Il rouvrit la porte par laquelle il était arrivé.

- Qui m'a donné une poulette qui hurle autant qu'une truie !

- Vous vous êtes entendu espèce de porc ?

La phrase était sortie si naturellement qu'Anna eut pour réflexe de se couvrir la bouche, mais les cordes la retinrent.

- Respectez le texte, souffla le prince depuis le public.

Elle se reprit.

- Pourquoi m'avoir enlevé ? Je n'ai rien ! Je vous en supplie libérez moi !

D'un pas rapide, il se rapprocha de la chaise et mima une gifle.

Le geste était si rapide qu'elle faillit ne pas l'éviter. Un bruit dans les coulisses, probablement une sandale fouettant un meuble, reproduisit le son.