Ce n'est pas convenable

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Anna arriva au bras de sa nouvelle amie Mei de Vientana. Derrière elles, Sir Edouard et Alexis les escortaient.

Le théâtre était inchangé depuis la dernière fois sauf l'allée extérieure où des parterres d'amaryllis jaunes avaient été plantés. L'allée était illuminée et les quelques privilégiés la remontaient avec impatience. Ils n'étaient que deux cents à avoir été invités. Évidemment, le lendemain, la grande soirée aurait lieu, mais ce soir seuls les aristocrates les plus influents étaient présents.

Dans le hall, un valet les guida vers l'escalier où deux gardes surveillaient avec attention les passages. Machinalement, lorsqu'Anna passa devant eux le plus grand courba la tête et murmura une prière. La jeune femme retint un soufflement d'agacement.

Ce n'est pas sa faute, mais la leur.

Ils arrivèrent au palier supérieur face à une unique porte sculptée dans un bois sombre. Sir Edouard l'ouvrit.

Le balcon était déjà rempli. La reine siégeait avec son mari sur les fauteuils au centre et autour seulement les promises, leur chaperon et les amis les plus fidèles du couple : la Duchesse et le Duc de Rodia et leur fille Adélaïde ainsi que le Baron de Capta et sa fille Clothilde. Anna prit place avec Mei à côté de la rambarde contre le mur, proche de madame Datib. Les deux chevaliers avaient reçu pour ordre de surveiller le baron de Capta et le comte Voka alors Sir Edouard gardait la porte et Alexis était descendue dans le public.

Anna se tourna vers Mia qui discutait avec la fille du baron Capta.

- Clothilde, je vous présente la marquise de Herelna.

La jeune fille s'inclina respectueusement.

- C'est un immense honneur qu'une élue daigne poser un regard sur moi. Je suis Clothilde de la maison Capta.

Mei écarquilla les yeux. Elle n'était pas habituée à voir une autre personne qu'un membre de la famille royale être traitée avec autant de véhémence.

La voix désagréable de madame Datib couvrit sa réponse.

- Vous n'avez pas pris votre châle !

Ce haussement de ton attira l'attention des personnes autour.

- Vous êtes une lady, rugit-elle, vous devez penser à cela !

- Mais vous m'avez dit que, balbutia sa cousine.

- Je ne veux pas entendre vos excuses, coupa la mégère. Je ne veux pas que votre réputation soit ruinée. Que penserait votre mère ?

Une réputation ruinée par un châle ?

Anna, agacée par ces jérémiades, se tourna vers le chaperon.

- Je peux lui prêter le mien, j'ai suffisamment chaud.

Elle commença à retirer son châle dévoila ses épaules nues.

Madame Datid évalua sa robe à col bateau avec un dédain non dissimulé.

- Non, merci, je vais lui en chercher un, répondit-elle sèchement.

Elle se leva.

- Pouvez-vous veiller sur mademoiselle de Casteria ? demanda-t-elle au chaperon de Charlotte.

La cousine d'Anna approuva d'un hochement de tête distinguée et octroya à Sonia un sourire.

- Faite, qu'elle ne s'approche pas de nuisance qui pourrait mal l'influencer, ajouta-t-elle en toisant la nordienne.

Le sang de la jeune femme ne fit qu'un tour.

Un murmure se propagea sur le balcon. L'insulte était à peine voilée et chacune savait qui en était la victime. Comment allait-elle réagir ?

Le destin d'AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant