Le destin d'Anna

Ces poulets sur échasse

Un mois et 1 semaine.

Voilà le temps nécessaire à Anna pour se faire démasquer. Un record d'après son expérience.

Sa rencontre avec le comte s'était organisée le jour même donc les chances d'être surpris étaient très faibles, mais jamais elle n'aurait imaginé un prince se mêler personnellement d'une petite entrevue.

Les événements avaient vraisemblablement tourné en sa faveur, mais elle enrageait à l'idée qu'il détienne un de ses secrets. En effet, faire un pacte avec un futur roi était bien plus avantageux qu'avec un comte puisqu'elle avait plus de moyens pour démasquer le comte que de mettre Sonia sur le trône et ses papiers seraient signés plus facilement.

Cependant l'idée qu'il sache ses motivations l'agaçait. Après l'entrevue, il n'avait pas posé de questions, mais la nordienne savait qu'à leur prochaine rencontre, il ne cesserait pas de la harceler pour savoir pourquoi elle voulait ces papiers.

Anna pouvait jouer sur trois plateaux, et cela, en étant la maîtresse du jeu.

Elle avait l'avantage face au comte avec le prince puisqu'elle avait la certitude qu'il signerait les papiers. Elle s'éliminait de la course aux prétendantes puisqu'elle se débrouillera pour mettre Sonia sur le trône et donc avoir la belle somme d'argent promise par le comte et face à son roi elle aura sa vengeance une fois revenue chez elle.

Pour le moment, elle devait surveiller le comte et faire de Sonia la favorite tout en évitant le prince.

Un jeu d'enfant quand on a œuvré pour un royaume.

Finalement, cette petite escapade dans le sud avait du bon.

— Comment vous trouvez-vous ? coupa Rachel.

La jeune femme avait un instant oublié qu'elle était devant sa coiffeuse et que sa domestique la coiffait.

Elle jeta un coup d'œil dans le miroir et approuva d'un hochement de tête.

Les deux tresses plaquées étaient garnies de petites fleurs des champs qui rendaient la coiffure assez sophistiquée, mais pas trop pour la rencontre de l'après-midi. Rachel faisait toujours un super travail avec ses cheveux.

Elle se leva et se regarda attentivement dans le miroir. La robe était rose, très simple avec quelques broderies plus foncées sur les ourlets et ses manches courtes l'empêchaient d'avoir trop chaud. Le tissu fluide était pratique puisque certes assez long, il touchait le sol mais lui permettait de bouger aisément. Elle vit Marie la regarder avec envie et se promit qu'un jour, elle la lui donnerait.

Lorsque quinze heures sonnèrent, Anna sortie de sa chambre escortée par Ophélia. La femme de chambre portait une ombrelle, mais la jeune femme savait qu'elle ne l'utiliserait pas. Elle aimait sentir le soleil sur ses joues. Il n'était pas convenant pour une aristocrate de bronzer, mais elle adorait voir les petites taches de rousseur émerger sur son visage.

Ensemble elles se rendirent dans le jardin d'été près de la serre royale.

Des toiles avaient été tendues pour ombrager la pelouse où des tables et des fauteuils avaient été installés. C'était un dimanche après-midi et normalement, la famille royale le passait en petit comité loin des agitations de la Cour, mais aujourd'hui les prétendantes et leur chaperon avaient été conviées.

La reine discutait avec la duchesse de Rodia à l'ombre d'une tente, les triplés chahutaient sous le grand chêne, une nourrice sortait de la serre avec la princesse Blanche tandis que Charlotte discutait avec animation avec un homme sur un fauteuil.

Béatrice la surveillait depuis le buffet tandis que Lison Datib rodait autour de Sonia qui regardait des rubans sur un plateau sous une toile. Anna imagina que les princes étaient trop occupés pour se joindre à la famille.