16 > [...] à la mort.

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A bout de souffle, Younes recula. Il la regarda, recroquevillée sur elle-même, et s'en alla en courant lorsqu'il entendit les pneus d'une voiture crisser.

Ce n'était pas ce qu'il voulait faire.. Satanée crise de folie.

Il aimait Méhdna alors son but était en aucun cas de lui faire du mal. Il s'en voulait et cognait tout ce qu'il trouvait sur son chemin. D'habitude il réussissait à se contrôler, il pensait comme un fou mais arrivait quand même à agir normalement. L'amour avait provoqué de réel dégâts, de vrai ravages chez Younes. D'un coup, il s'arrêta et resta figé un long moment sur place, sans plus bouger d'un millimètre.

Sabri lui qui s'était garé en plein milieu de la route, en face de la bibliothèque, couru vers un groupe de personne qui formait un cercle, il les poussa un à un espérant que sa douce soit debout parmi eux, mais lorsqu'il arriva au centre il eu un espèce d'électrochoc. Car elle était là, certes, mais au milieu d'eux tous, et au sol plus précisément.

A cet instant, un poids se posa violemment sur le coeur de Sabri.

- J'avais cas la surveiller putain, pensa-t-il.

Il se sentait fautif, pour lui tout était sa faute et uniquement la sienne.

Il se dépêcha de la prendre pour la conduire à sa voiture en direction de l'hôpital le plus proche. Les mains aggripées au volant il roulait à toute vitesse. Cette fois il avait fait l'effort de bien se garer, il la sortit de la voiture et entra dans l'hospice. Il regarda la queue à l'accueil et doubla tout le monde avec Méhdna dans les bras. La femme présente à ce poste, étonnée, remarqua le visage de la jeune femme qui était sacrément gronflé et appela un médecin d'urgence.

Le poids sur le coeur de Sabri fut allégé lorsque sa bien aimée avait été prise en charge. Il s'asseya en salle d'attente et sortit son téléphone afin de prévenir sa belle-famille.

Il redoutait ce moment, mais il se devait de le faire..

C'était Kader qui avait répondu.

« - Je sais qu'tu m'aimes bien Sabri mais il est tard là
- Euh.. Fin.. Désolé d'vous déranger wAllah mais en faite..
- T'as un soucis ?
- Ouais.. Fin.. Moi non.. C'est Méhdna !
- T'es où ?
- A l'hôpital..
- J'arrive. »

Lorsque Sabri paniquait, il paniquait pour de vrai, il bégayait et formait des phrases peu faciles à comprendre.. Kader attrapa des vêtements au hasard et s'en alla en direction de l'hôpital. Sabri sorti et enchaîna quelques cigarettes, attendant que le père de sa douce vienne.

Quand ce dernier arriva il serra la main de Sabri lui demandant ce qu'il s'est passé. Il tapota le dos de son gendre et avancèrent ensemble jusque la salle d'attente. Plus le temps passait, plus Sabri pâlissait. Kader bouillonait à l'intérieur, l'attente était beaucoup trop longue pour eux. Une demie heure plus tard, un médecin s'avança vers eux et leur prononça le verdict.

« Elle s'est pris de sacrés coups, mais elle va bien, elle est hors de danger. Elle pourra repartir dès demain si son état reste tel quel, par contre pour les bleus, les hématomes et les côtes fêlées il y aura des traitements à suivre, enfin plutôt des pommades à appliquer. Voilà messieurs. Bonne soirée. »

Sabri repris ses couleurs au fur et à mesure que son cerveau comprit que sa belle était hors de danger. Kader lui ne faisait que ranger les événements dans les cases imaginaires de sa tête, mais une énigme s'y forma, qui avait bien pu faire une telle chose à sa fille ?

« - T'as pas une piste ?
- Sur qui a fait ça ?
- Oui.
- C'est pas une piste, je sais qui c'est. Un espèce d'échappé d'asile complètement toqué. »

Le père de Méhdna regarda Sabri d'un air intérrogatif jusqu'à ce que ce dernier ajouta :

- C'est sur que c'est lui. Elle devait être à la bibliothèque avec sa race, elle m'appelle, on s'engueule, elle raccroche pas j'lentends crier j'y vais et il disparaît ? Puisqu'il était censé réviser avec elle et qu'on doit le supposer innocent ça devait pas se passer comme ça, il aurait dû être là, avec elle. Et c'est pas le cas.

Sabri était touché par cette histoire et Kader l'avait ressenti. Il lui tapota le dos, encore une fois, comme un beau-père ferait à son gendre dans de telles circonstances avant de dire :

- Allez, lève-toi, on y va.
- J'pense que..
- On reviendra demain Sabri.

Comment douter de l'amour qu'il lui portait ? Comment ? On pouvait voir à des kilomètres à quel point il l'aimait. Ahhhh l'amour.. Ce sentiment qui agit comme le principal responsable des relations sociales et qui occupe une énorme place dans la psychologie humaine. Deux façon d'aimer étaient possible, on pouvait aimer quelqu'un à en donner sa vie comme Sabri, ou à en perdre la raison comme Younes.

Younes qui d'ailleurs avait étrangement disparu. Plus jamais son nom ne s'était fait entendre depuis là, Sabri qui rêvait d'une vengeance resta sur sa faim. Pour lui Younes devait payer, il avait touché sa femme, la prunelle de ses yeux, son être précieux, son bijou, et ça, il ne le pardonnera pas. Personne ne devait s'approcher des gens qu'il aimait, alors encore moins de la femme qu'il aimait, lui aussi aurait pu devenir fou, pas pour les mêmes raison mais quand même pour elle. Sabri était rancunier, et même si Younes avait disparu, il garda une jolie devise en tête, une devise tellement vraie, qui faisait preuve de patience, de maturité, une devise qui en réalité était un proverbe, c'était ce proverbe : « il n'y a que les montagnes qui ne se croisent pas ».

Sabri rangea son idée de vengeance dans un coin de sa tête sans pour autant l'oublier, de toute façon, il n'oubliait jamais.

Aussi loin que nous emportera le vent.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant