33 > Lorsqu'il est minuit passé, on dit que l'heure du crime est arrivée.

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Emre et ses hommes étaient positionnés à différents endroits où Younes avait l'habitude de se rendre à cette même heure.

Durant un mois, ils avaient réussi à savoir où le fou habitait, où il avait l'habitude d'aller, l'heure à laquelle il se couchait, celle à laquelle il se levait et même les moments où il allait aux toilettes.. Il avait été espionné et surveillé du matin au soir à l'aide de caméra, de micros et de quelques personnes qui le suivaient à chaque déplacement hors domicile.

Faut croire que Younes n'était pas le seul fou dans cette histoire..

Sabri avait assisté à la planification de cet engrenage du début à la fin, et il était au même rang que le planificateur puisque c'était pour lui qu'une dizaine d'homme étaient sur le coup du "fou".

Mais, remettons les rôles en cause.. Ici, qui est réellement le "fou" ? Celui qui veut tuer ? Qui fait tuer ? Qui sera tué ?

Deux heures cinq, dans une cité lointaine.

Younes venait de sortir de chez lui, pour, comme chaque soir, se rendre devant l'appartement du couple de jeunes mariés. Il savait pertinemment qu'ils ne passeraient pas la nuit là-bas ce soir et c'est pour cela que son but avait changé aujourd'hui car désormais il voulait entrer. Finit de rester devant leur appartement jusqu'au petit matin, maintenant Younes voulait y entrer et y connaître tous les recoins..

Sans faire attention il passa par cette même ruelle qu'il avait l'habitude de prendre afin d'arriver plus vite à destination mais il reçut un coup à la tête. L'homme qui l'avait volontairement assommé l'attrapa par le col et le traîna au sol jusqu'au coffre de sa voiture. Une fois au volant, il passa un coup de téléphone à Emre :

- C'est bon, je l'ai chef.
- Ok, on s'retrouve à la cave six, répondit Emre.
- C'est noté.

Le chef se regarda dans le rétroviseur et un sourire malsain - presque diabolique - venait de s'afficher sur ses lèvres, c'était beaucoup plus simple qu'il ne le pensait et ça, ça lui plaisait fortement. Il démarra en trombe après avoir prévenu les autres du point de rendez vous.

Cette nuit qui représentait une nuit de noce pour certains, promettait d'être sanglante pour d'autres..

Trois heure cinq, cave six.

Emre était assis sur une chaise face au corps endormis de Younes, il fit un geste de la main et un de ses hommes balança un sceau d'eau glacé sur l'ennemi de Sabri.

D'un coup, Younes se réveilla en sursaut, cherchant à toucher l'endroit où il avait reçu un coup la veille, mais il se rendit compte que ses mains et ses pieds étaient liées par des chaînes en ferailles. Doucement, il leva la tête et observa Emre en esquissant un léger sourire. Il voulait le provoquer, le mettre à bout, le prendre à son propre piège, ressortir vainqueur comme à son habitude.. Emre le regarda dans les yeux, avec son regard le plus perçant, le plus froid et le plus effrayant qu'il avait en rayon et se leva lorsqu'il resentit la peur présente dans les yeux de son adversaire.

- Tu sais pourquoi t'es là ? demanda-t-il
- Non..
- Pauvre con.
- ...
- Tu lui veux quoi à Méhdna ? ajouta-t-il en se rapprochant de son oreille

Younes venait d'avoir la chair de poule, rien que d'entendre le nom de la belle libanaise pouvait le faire frissonner.. Là, il avait son image en tête, il ferma les yeux pour mieux la voir et il l'imagina encore, encore, et encore. Elle souriait, elle était tellement belle, douce et gentille.. D'un coup, une vision d'horreur chassa cette belle image : celle de Méhdna au sol, le soir où il l'avait presque tué par strangulation.. Les pas d'Emre résonnait dans sa tête au rythme des battements de son coeur ce qui lui donna une forte migraine.

- Écoute moi bien, dans ma tête j'suis aussi timbré que toi et là t'es entrain de réveiller le pire des démons que j'peux avoir au fond d'moi, donc soit tu me dit c'que tu lui veux et t'façon j'te bute ou tu dis rien et là j'te promets d'faire en sorte que même sous terre, même en Enfer tu t'souvienne de moi. Dis toi qu'avec la première option tu vivras sûrement plus longtemps si tu cannes pas sur le coup, ajouta Emre le plus froidement possible

Pour le coup, Younes ne tenait plus en place. Il était en position de faiblesse et ne contrôlait pas la situation, il n'arrivait pas à examiner les faiblesses ni le comportement d'Emre ce qui lui donnait de plus en plus mal à la tête.. D'un coup il hurla, la douleur qu'il ressentait lui était insupportable, pour une fois, c'était lui qui souffrait. Dans son crâne résonnait des voix qui l'insultaient ou encore l'encourageaient, mais ça, en plus du fait qu'il ne cernait pas son adversaire ça faisait beaucoup trop pour lui. Dans sa tête tout venait de se mélanger, il ne dissociait plus rien et ne comprenait plus rien non plus.

Emre regarda sa proie dans les yeux pendant cinq bonnes minutes, le temps qu'il se calme de lui même et finit par lui décoller un coup de poing dans la mâchoire tellement fort que Younes vascilla en arrière accompagné de sa chaise. Emre ne lui avait adressé aucun regard - car de toute façon il le méprisait - , et alla vers la porte et lança en partant :

- Achraf, finit le travail.

Dès l'instant où il avait claqué la porte, un grand homme, musclé, balafré sur toute la nuque sortit lentement de la pénombre de la cave et regarda Younes de haut.

- T'as chehed ?

Avant même qu'il puisse répondre, Achraf enchaîna les coups de pieds dans le corps du présumé fou.
Après s'être défoulé il passa sa main devant le nez de Younes et sentit une faible respiration saccadée, il attrapa alors le corps ensanglanté et le mis dans le coffre de sa voiture, cette fois-ci, c'était direction le sud pour Younes..

La folie désigne des comportements anormaux, la violation des normes sociales, une posture anticonformiste ou plus simplement la perte de la raison. La folie peut être vécue sur une longue durée mais elle peut être également passagère.

Aussi loin que nous emportera le vent.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant