28 > Est-il vraiment réel ?

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Le mariage allait avoir lieu dans quelques semaines, et au plus grand désastre de l'organisme dans lequel Méhdna travaillait, cette dernière était en vacances. Elle ne voulait pas stresser, et pour ça d'après elle, il fallait qu'elle ne fasse rien. Le travail donnait un rythme à ses journées, et pour le moment ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle voulait avoir le temps de bien tout faire sans se presser et de rendre visite à ses parents, ses beaux-parents ou même à l'organisatrice de mariage qu'elle avait engagée et ça quand ça l'enchantait et non à des heures imposées.

Ce jour là, elle avait traîné toute la journée en pyjama, elle n'était pas sortie et n'avait pas fait grand chose à la maison, et c'est uniquement lorsqu'elle décida de se mettre à dessiner, c'est à dire lorsqu'elle avait sortie toute son artillerie (crayons de couleurs, feutres fins, feuilles cartonnées..) que quelqu'un avait décidé de sonner à la porte.
Elle regarda l'heure sur sa Festina, il était beaucoup trop tôt pour que ce soit Sabri et elle n'attendait personne.. Un petit courant de panique la prit quand l'idée que Younes soit de retour lui traversa l'esprit.. Elle regarda par le judas et vit un jeune homme avec un énorme bouquet de fleurs.. Aussitôt qu'elle avait ouvert la porte il lui donna son colis en demandant une petite signature et à peine lui avait-elle rendu son stylo qu'il avait déjà disparu. C'était un énorme - vraiment énorme - bouquet de roses rouges avec un dessin en forme de coeur en roses blanches au centre qui venait de lui être envoyé.

Elle souria de toutes ses dents en se rappelant du petit cours sur les couleurs qu'elle avait pu donner à Sabri quelques jours auparavant..

FLASHBACK.

- Pourquoi tu dessine sur fond noir ? demanda Sabri
- Hum, je vais utiliser du blanc là c'est pour ça, répondit-elle
- Ahhh.. Et genre tu mets du temps à choisir tes couleurs ?
- Euh oui quand même parce que chaque couleur à sa signification Sab
- Sérieux ?
- *rires* Ouais vraiment, par exemple le blanc c'est la pureté, l'innocence, l'éternel, le rouge c'est l'amour mais pas que en fait ça peut être pleins d'autres trucs.. Donc selon ce que tu veux faut choisir les bonnes couleurs.. Au ton près.
- *rires* T'es vraiment trop forte Méhd'

FIN DU FLASHBACK.

Elle prit la petite carte où des inscriptions manuscrites avaient été notées et lu cette phrase : « Mon amour pour toi est profond et éternel, il perdurera jusque la mort, et bien plus encore. » Elle avait lu cette phrase bien plus d'une fois et pourtant elle ressentait toujours autant d'émotions à chaque lecture..

Méhdna était impressionnée par le romantisme que pouvait avoir son mari.. Lui et sa grande fierté. L'idée des fleurs était magnifique, sans compter le joli mot d'amour qui était avec.. Elle était aux anges et surtout fière d'être tombée sur quelqu'un comme lui.. Là, pour elle c'était certain jamais elle n'aurait pu trouver meilleur que lui, d'ailleurs, pour elle, il n'existait pas.

Ici, le petit inconvénient était que Sabri n'était pas du tout l'expéditeur de ce colis. Il n'était pas l'expéditeur du bouquet, et encore moins l'auteur du romantique mot d'amour présent sur la carte.. D'ailleurs, il n'était même pas au courant de toute cette mascarade.

Elle était tellement contente des fleurs qu'elle venait de recevoir qu'elle avait décidée de faire le dessert préféré de Sabri : un fondant au chocolat. Elle avait mis de la musique, elle chantait et dansait en même temps, en clair elle faisait sa folle en cuisine.. Une fois que la préparation ait été envoyée au four pour une dizaine de minutes, elle n'avait plus qu'à attendre Sabri qui devait ramener chinois à manger..

La minuterie du four sonna d'un bruit strident et Sabri rentra en même temps. Le gâteau était sorti du four et Méhdna rangeait un peu ce qui traînait en cuisine, et depuis le salon, Sabri lança :

- C'est quoi cette connerie ?
- De quoi ?
- Viens là, ajouta-t-il agacé.
- T'es lourd je nettoie j'vais mettre de la mousse partout maintenant !
- Qui t'as envoyé ce bordel ? demanda-t-il les sourcils froncés en montrant le bouquet de fleurs.
- Tu te fous de moi ou quoi ?
- Sérieux j'ai l'air de rire là Méhdna ?

Là, elle avait compris que ce n'était pas de lui. Il n'avait ni écrit le mot, ni envoyé les fleurs. Ça recommençait, il recommençait. Elle paniquait, elle savait qui avait fait ça.. Elle savait qui était assez fou pour faire ça..

- Qui t'as offert cette foutaise ?!
- Regarde les.. Les couleurs.. Je.. Je croyais que..
- Pleure pas, s'il te plaît..
- *éclatant en sanglot* Je t'avais dit qu'il reviendrait..
- Pleure pas wAllah j'aime pas ça..

Sabri ne savait pas quoi dire, alors il se contenta de la prendre dans ses bras. Lui aussi commençait à avoir peur, mais pas pour lui ni pour Méhdna, il avait peur de ce qu'il était capable de lui infliger s'il le retrouvait. Là tout de suite, il aurait eu assez de rage pour le tuer de ses propres mains, mais il fallait que ce soit judicieux.. Il savait qu'aucun crimes qui avait été mal fait provenait de la Cité d'Or. De ce fait Sabri avait décidé d'employer les grands moyens maintenant qu'il savait que le fou était dans les alentours. Dans son quartier se pratiquait toutes sortes de crimes, et il savait très bien qu'il était possible d'effacer quelqu'un de gênant, et dans le sens "effacer", c'est comme s'il n'avait jamais existé, jamais vu le jour, comme si l'accord de son nom et de son prénom avait subitement disparu de tout logiciel, comme s'il n'était pas né. Il était prêt à débourser la somme qu'il fallait pour effacer cette vermine des cauchemars de sa femme ou encore pour l'effacer tout court..

Sabri ne voyait que par la haine, la haine viscérale. Il n'était pas content, vraiment pas du tout, et le sang qui coulait dans ses veines c'était vite transformé en venin de haine.. On aurait dit qu'un espèce de démon avait été enfermé dans son corps et qu'il venait seulement de se réveiller.

Aussi loin que nous emportera le vent.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant