35 > Can we die together ?

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Les jours et les mois ne cessent de passer et de s'entasser. Après avoir vu des centaines de millions de médecins - mais surtout tous ceux de Paris - ainsi qu'avoir fait le tour de tous les forums de médecine existant, j'excuse mon incapabilité à être mère par le fait qu'il soit possible que je sois atteinte d'un espèce de psychotromatisme.. J'ai un psychotromatisme.. Donc c'est psychologique. Mais qu'est ce qu'il se passe dans ma tête ? Quel neurone n'a pas compris le message ? Je veux des enfants ! Au moins un, juste un seul.. Est-ce trop demandé ?

Il faut que j'ai les idées claires pour chasser cette sensation de trouble, il faut que j'enlève les doutes que je peux avoir sur mon passé pour y remédier, et c'est là qu'intervient mon come-back dans ma ville natale. Le fait d'aller au Liban me fera sûrement comprendre certaines choses que j'ignore totalement. Une partie de moi avait toujours voulu y retourner, mais l'autre partie était beaucoup plus réticente, beaucoup plus sceptique.. Étais-je réellement prête à ressasser le peu de souvenir que j'avais ? De toute façon, prête ou non, cette fois il fallait que j'y aille, pas question d'encore se dégonfler.

Il fallait que je fasse la part des choses, que je fouille dans mon passé pour revoir deux-trois choses et pouvoir bâtir la suite de mon avenir sans repenser à ça. Abandonner son enfant sur un bateau français pour qu'il échappe au conflit civil et à la misère ? J'étais pas la seule enfant qui était dans ce cas, d'ailleurs j'étais sûrement loin d'être la seule.. Alors pourquoi moi ? C'est pas une question de chance. Je n'crois pas à la chance, personne est chanceux, la chance n'existe pas car tout est question de choix.

Un choix en entraîne un autre et le résultat de ces choix peut être plus ou moins positif comme négatif alors c'est à nous de bien veiller sur les choix que nous faisons..

- T'es sûre de vouloir y aller ? demanda ma mère
- Oui et non..
- C'est quoi cette réponse ? rajouta-t-elle
- Bah oui parce que j'ai quelques points à éclaircir et non parce que j'sais pas j'suis pas sûre de vraiment vouloir savoir..
- Il en pense quoi Sabri ? T'en a parlé avec lui ? demanda-t-elle
- Il veut le mieux pour moi, pour nous, c'est sur tu vois, mais j'pense que ça le gêne d'en arriver là.. Mais bon voilà faut bien que j'sache, puis il rêve d'avoir des enfants et quelque part moi aussi donc j'vais pas bloquer nos projets pour des souvenirs d'un pays que j'ai connu quand j'avais deux ans quoi, répondis-je
- T'es plus une enfant, t'es mariée t'as un mari donc à ce stade là de ta vie t'es la seule qui peut savoir ce qui est bien pour toi Méhdna.. Ton père et moi on sera toujours là pour t'épauler c'est une certitude en tous cas.
- *en lui faisant un calin* Oh ma petite maman..

Elle avait raison.. Un certain âge passé on est sûrement les seuls à pouvoir savoir ce qui est le meilleur pour nous. Là le meilleur pour moi c'était que je retourne au Liban, sur la terre de mon enfance et que je revienne en France le coeur léger continuer ma vie.. De toute façon je partais avec Sabri, je n'étais pas seule, je n'allais pas traverser cette épreuve seule. Le fait de pouvoir un jour me retrouver seule comme avant me donne des frissons et m'effraie. La solitude est une souffrance psychologique, qu'elle soit choisie ou subie. La solitude c'est comme un gouffre, car il est facile d'y entrer mais bien plus difficile d'en sortir..

Qui n'a pas peur d'être seul ? De finir seul ? De mourir seul ?

A tous ceux qui diront "moi" en lisant, vous devriez.

Quelques jours plus tard.

J'étais avec Sabri, entrain de faire les valises et en même temps on parlait un peu de tout comme de rien. On partait dans exactement deux jours et on restait au là-bas cinq jours dont quatre nuits.

- On reste sur la capitale alors on va pas ailleurs ? me demanda-t-il
- J'ai jamais quitté Beyrouth ça serait une perte de temps énorme que j'aille fouiller dans les campagnes ou je n'sais où..
- Et genre tu te souvient toujours de l'endroit où t'habitais là-bas ?
- Ta cité HLM c'est du gros luxe à coté mon ange.. Ça s'oublie pas ça.
- *en m'embrassant le front* C'est finit tout ça omri..
- C'est vrai c'est finit tout ça, mais seulement pour moi, c'est moi qui suis partie, ça veut dire que ceux qui sont resté eux ils le vivent encore, eux vivent toujours dans une galère.. Alors non tout ça c'est pas finit, c'est pas finit, ça continue et ça se perpétue..
- Y'aura toujours des plus riches et des plus pauvres et les pauvres auront toujours plus de mal à devenir riche que les riches ont de mal à devenir pauvre tout simplement parce que les riches volent les pauvres. Donc oui ça continue et ça se perpétue, certes, mais pour toi c'est finit tout ça. L'essentiel c'est que les gens comme toi et moi qui venons d'en bas on sache d'où on viens tu comprends ? Qu'on oublie pas ça justement.
- T'as raison..
- Mais je sais que j'ai raison, quand est-ce que j'ai pas raison moi déjà ? *fait semblant de réfléchir* C'est vrai que quand j'y pense j'ai jamais eu pas raison..
- *rigole* Quand tu me dis que t'es modeste et pas narcissique par exemple..
- *rigole* J'vois absolument pas de quoi tu parles mais vraiment pas !
- *rigole* Tu m'envoie désolée alors !
- *rigole et me chatouille* Et ma main dans ta gueule j'te l'envoie quand celle là ?
- *rigole* Quelle violence je suis sidérée !

Ce que j'aimais avec Sabri, c'était que dans n'importe quelles circonstances il arrivait à me faire rire ou ne serais-ce que sourire..

Surpiquée de flèches par Cupidon j'suis en quelque sorte accroc à la présence de cet homme. L'avoir a mes cotés c'est maintenant un besoin quotidien qui devient vital.. Sabri c'est une personne qui donnerai son âme au diable pour sauver ses proches et qui ferait des morts pour les sortir de n'importe quel problèmes. C'est un homme qui se démène, il est beau, gentil et attentionné, j'pouvais pas demander mieux ni tomber mieux.

C'est ce qu'on appelle une bonne pioche.

Aussi loin que nous emportera le vent.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant