Dans la peau de Méhdna.
Je paniquais.
Vraiment sans mentir, je paniquais.
Il en fallait des tonnes pour que Sabri soit dans cet état, même si je savais que sa mère c'était tout pour lui. Il était pire que pâle, il avait l'air sans âme. Comme si en un coup de fil il venait de tout perdre.. Comme s'il venait de parier son âme au Diable et qu'il avait perdu. Comme s'il risquait de perdre sa mère, sa vie.
Mais.. merde..
C'était ce qu'il risquait. Tout tombait mal.
C'était pas le moment des mauvaises nouvelles, il venait à peine de rencontrer mes parents. Mais c'est vrai qu'elle était terriblement malade cette bonne femme. Elle vieillissait en réalité, c'était pas la maladie qui l'achevait.
Le mal du pays, les difficultés que lui offraient ses conditions de vies.. Nettoyer les bureaux d'une femme qui devait à peine savoir faire son lit.. C'était ça sa vie, mais est-ce qu'elle l'avait vraiment choisie ? Est-ce qu'un matin elle s'était levée dans l'idée de tout quitter pour lessiver des bureaux français ? La langue occidentale elle savait la parler, son accent elle savait le ranger, et pourtant son métier depuis des années n'avait pas changé. Elle s'en fouttait de trimer, de suer, d'y laisser sa vie, son but c'était seulement de voir son fils se faire un nom. D'ailleurs j'en étais sûre, si elle devait faire un voeu avant de mourir en paix, elle aurait demandé à ce que le nom de Sabri soit gravé parmi les guerriers.
Je jouais avec la peau de mes doigts jusqu'à ce que mon téléphone se mit à vibrer.
Sabromri > fausse alerte, juste une baisse de tension
Un soupir de soulagement s'échappa bruyamment de ma bouche.
Elle était en vie, c'était ça l'objectif en ligne de mire, qu'elle ne meurt pas. Fallait pas qu'elle le lâche, fallait pas qu'il la perde. Si ça avait été le cas, il se serait perdu, s'il se perd, je me perds aussi. Nos vies auraient pu être un cercle vicieux douloureux, on aurait tous eu notre dose de peine là dedans.. Dans ce domaine la saturation n'a pas lieu, y'a pas de quota en dépression. Des images malsaines, lugubres, à la limite du morbide, du gore, défilaient dans ma tête. Au lieu de me réjouir, je pensait à la mort.
La mort, la mort, la mort..
Comment croire que cette chose est une libération ? Peut être au moment que tu réalises être au bout de ta vie. Quand tu penses ne plus rien avoir à perdre. Au moment le plus tragique de ta vie, où tu sens le point de non retour. Quand tu sens que la vie ne t'attend plus au tournant.. Ça devait être une sensation étrange à ressentir mourir.
Vous imaginez ?
Et si c'était l'une des plus douces sensation au monde ? Ou si au contraire, elle était l'une des plus douloureuses ? Peut-être que notre âme s'élève lentement et que c'est là qu'est la libération.. Ou peut-être qu'elle se détache de nous-même le plus brutalement possible.
Personne ne peut en témoigner, un peu comme si c'était un secret.
On en parle souvent sur le ton de la rigolade, mais qu'est ce qu'on sait réellement sur la mort ?
Point de vu extérieur. > L'amour du dimanche.
Méhdna se réveilla à la limite de s'étouffer, le cou enroulé dans ses écouteurs. Elle frotta ses yeux et se rappela qu'elle s'était endormie au téléphone avec Sabri la veille. Elle enleva ses écouteurs et s'étira en lisant le message que lui avait envoyé son homme pendant son lourd sommeil.
Sabri > dors bien.. jetm
Elle le relu plusieurs fois en souriant avant de mordre sa lèvre du bas à s'en couper la circulation du sang.
Qui pouvait nier le fait qu'elle aimait Sabri ? Qui ? Bien sur qu'elle l'aimait, ça sautait aux yeux, c'était clair comme de l'eau de roche, c'était gros comme une maison. Elle ne voyait que lui, ne jurait que par lui.
L'amour rend aveugle ? Elle devenait aveugle. L'amour faisait son travail comme il le fallait, car oui, elle perdait bel et bien la vue.
Elle ne remarquait même pas la présence de Younes qui rodait constamment aux alentours de chez elle. Comment avait-elle pu ne pas remarquer que la même silouhette faisait des rondes devant chez elle ? Comment ? Il n'avait aucune discrétion, il ne se cachait même pas.
Younes devenait fou. Qui l'aurait cru ça ? Hm ? Qui l'aurait cru qu'il se mènerait à sa propre fin ? Pour une femme en plus ? Personne n'aurait pu croire de telles choses..
Mais focalisons-nous un peu plus sur cette petite affaire.
Younes aimait Méhdna, et ça depuis un moment déjà.. Méhdna ayant déjà trouvé son homme, ne regardait plus les autres, elle n'en voulait qu'un, elle n'en aimait qu'un. Elle ne connaissait pas Younes, malgré lui avoir déjà parlé moins d'une dizaine de fois. Elle ne le connaissait pas, mais lui la connaissait, et plus que bien. Il connaissait l'emplacement du casier de Méhdna à la fac, il savait ce qu'elle aimait manger à la cantine ou non, il connaissait son numéro ainsi que son adresse par coeur..
Younes l'aimait comme un fou.
Et cette fois, les deux termes étaient à prendre au sérieux.
Younes connaissait Méhdna comme s'il l'avait faite de toutes pièces, il pouvait même prévoir ses réactions à l'avance. Sa folie faisait froid dans le dos, même s'il n'en était pas responsable à part entière. Je pense sincèrement qu'il serait capable de tout pour l'approcher. Il la voulait, pour lui et lui seul.. Méhdna était sa nouvelle addiction, sa nouvelle drogue.
Elle se leva tranquillement de son lit et observa le monde à sa fenêtre, elle scrutait chaque recoin du monde qui lui était offert avant de sortir son calepin et se mettre à tout retranscrire. Aucun bruit ne se faisait entendre hormis celui du crayon qui grattait sur la feuille. Elle plissa légèrement ses yeux afin d'approfondir un détail mais elle laissa son crayon déraper sur le papier à en briser la mine lorsqu'elle se rendit compte de l'homme qu'elle avait dessiné entre quelques buissons. Elle regarda dehors mais ne vit personne. Il y a avait forcément quelqu'un, sinon comment aurait-elle pu le travailler en dessin ? Méhdna avait la particularité de ne dessiner uniquement ce qu'elle voyait depuis un moment, alors comment cet homme avait pu apparaître là ?
Prise de panique elle ferma brusquement ses rideaux et s'en alla prendre un bon bain.
D'après elle ça ne pouvait être qu'une erreur, même si elle savait qu'elle n'en faisait que trop peu en dessin.
* L'amour désigne un sentiment d'affection et d'attachement envers un être ou une personne qui pousse généralement ceux qui le ressentent à rechercher une proximité physique, spirituelle ou encore même imaginaire avec la cible de cet amour et à adopter un comportement particulier voir étrange. *
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Aussi loin que nous emportera le vent.
Romantizm« Je t'aime et je t'aimerai et ça comme personne ne t'as jamais aimé. Et je sais que toi et moi on ira loin.. Aussi loin que nous emportera le vent. 🥀 »