37 > Même ceux qui tuent de sang froid peuvent aimer.

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Emre se retourna et fronça légèrement les sourcils en la voyant.

- J'avais deux trois trucs à régler, j'allais y aller là.
- Parce que tu m'as vu tu te casse ?

Il n'avait pas envie de lui parler, ni de passer du temps avec elle. Mais la revoir sur son trente-et-un après toutes ces années ne l'avait pas laissé indifférent c'est certain.. Elle lui avait manqué, mais ça, il n'allait jamais l'assumer, Emre était de ceux qui préféraient fuir que de dire leur sentiments. C'était un bonhomme, un vrai de vrai, avec un ego gonflé comme ses pecs et une fierté plus grande que l'univers. Il la regarda un moment avant de soupirer de se rasseoir.

La revoir lui renvoyait de vieux souvenirs, bons comme mauvais, et malgré toutes ces années c'était toujours à sa propre personne qu'il en voulait. Toutes ces mauvaises choses, elle les avait oublié, elle n'y pensait plus du tout et ça depuis bien longtemps.. Elle était même contente de le revoir et ça c'était ce qu'il ne comprenait pas. Vous ce que vous ne comprenez pas c'est de qui je parle, car cette fois-ci lorsque je parle d'elle il ne s'agit pas de la Rue..

"Elle", se nommait Assa, jolie femme à la peau mate et aux yeux d'un marron tellement foncé qu'on pourrait dire qu'ils sont noirs. Issu d'un métissage malgache algérien, Assa avait de long cheveux teint de couleur châtain clair et quelques mèches couleur miel doré. C'était une femme au corps pulpeux et généreux, qui autrefois avait tapé dans l'oeil de notre bel Emre..

Ils s'étaient aimé, comme des fous, c'était un amour fort, puissant, un amour de guerrier. Assa était une femme forte avec un caractère fort tout comme celui qu'elle désignait comme l'homme de sa vie, jalouse et possessive, par moment elle avait du mal à tout accepter de la vie qu'il menait. Le réseau de prostitution, les soirées, les femmes de joies, voilà ce qu'elle détestait parmi tout ce que son ex compagnon faisait. Un soir de dispute - à propos de ce même sujet - Assa prit ses affaires et s'en alla.. La vue brouillée par les larmes et aveuglée par les feux de la voiture en face, la jolie métisse fut victime d'un accident. Résultat ? Six mois de coma, 2 côtes cassées avec sa jambe et son bras gauche dans le plâtre. Emre en avait pris la totale responsabilité, pour lui tout était de sa faute et uniquement de la sienne car c'était à cause de ses bêtises qu'elle s'était énervée et qu'elle pleurait en conduisant..
Après ces six mois où il était littéralement devenu fou, le couple avait du mal à se relever de cette bataille et c'était bien pire chaque jours. Ils ont donc décidé d'en rester là et chacun devait faire sa vie de son coté, voilà comment elle s'était retrouvée dans le Sud.

Ils se regardaient dans les yeux depuis un bon moment, puis Assa finit par se lever, elle prit la main d'Emre et l'emmena jusqu'à sa chambre située au premier étage. Elle s'asseya et lança :

- Depuis le temps on a sûrement plein de chose à se dire.
- Tu veux qu'on parle de quoi ? On a rien a s'dire Assa, on est pas pote toi et moi.

Elle le regarda longuement et ajouta :

- C'était pas ta faute.
- Parle pas d'ça.
- Emre c'était pas ta faute, avance passe à autre chose, j'ten veut pas moi, c'était pas ta faute j'te dit.

Il soupira et vint s'asseoir à coté d'elle.

- T'arrive à marcher avec ces conneries ? dit-il en visant la paire de Louboutins qu'elle portait
- *rires* Pourquoi j'y arriverai pas ?
- Bah..
- *sourire* J'ai plus rien à part quelques cicatrices, c'était un petit truc j'étais pas blessée de ouf tu sais.
- *sourire* T'as changé depuis quand même.
- *rires* En cinq ans ? Tu m'étonne, mais toi c'est pire, tu dors à la salle de muscu ou quoi ?
- *clin d'oeil* Ouais j'suis devenu beau gosse je sais..
- *rires* Range moi ton vieux jeu d'charme de merde espèce de blédard va !
- Ah ouais ? Moi j'suis un blédard moi ? dit-il en levant le sourcil
- Oui t'es un blédard et qu'est ce qu'il y a maintenant ? rajouta-t-elle sur un ton provocateur

Il rigola brièvement et se mit à la chatouiller, elle se tortillait dans tous les sens en rigolant, par moment elle tentait de se débattre, mais ça ne servait à rien.. Petit à petit il arrêta de la chatouiller, leur rires s'estompèrent et ils se regardaient dans les yeux encore une fois. A ce moment précis c'était comme si les mots ne suffisaient plus et qu'ils ne suffiraient plus jamais, comme si en un regard ils allaient rattraper les cinq ans laissé derrière eux. C'était plus des flammes qu'on voyait dans leurs yeux mais des débuts d'incendie.. Une veine ressortait à chacune des tempes d'Emre et il se releva en furie pour se diriger vers la porte. Assa se redressa et arrangea ses cheveux en disant :

- Qu'est ce que tu fuis ?
- Quoi ? demanda-t-il énervé
- Qu'est ce que tu fuis ? répéta-t-elle en articulant

Il se retourna pour la regarder tandis qu'elle se leva pour lui faire face.

- C'est toi que j'fuis.
- Ah bon ? Merde alors on aurait pas dit, répondit-elle ironiquement
- Joue pas à ça, dit-il les sourcils froncés
- Tu m'fatigue j'te jure, dégage c'est bon, lança-t-elle en allant sur le balcon

Il la suivit et s'adossa contre le bord de la vitre en croisant les bras :

- J'reste là et qu'est ce qu'il y a tu vas m'faire quoi toi ?
- Me parle pas.

Emre lui demanda si elle boudait mais elle avait décidé de ne plus lui répondre, il rigola puis alluma une cigarette en lui disant :

- Quand j'te regarde j'ai cette image de toi à l'hôpital. C'est con mais j'arrive pas à me l'enlever, c'était un carnage t'étais plâtrée de tout-par bandée d'tout-par. Si j'avais été moins con y'aurait jamais rien eu, c'est ça que j'me dit quand jte voit Assa. Et puis même tu mérite pas ça, la vie que j'mène c'est pas celle que tu dois vivre toi.
- *soupire* C'est moi qui suis allé dans la caisse et ça de mon plein gré tu m'avais pas fouttue dehors, bref quand bien même si c'était ta faute, j'suis pas morte t'es pas prêt d'te débarrasser d'moi comme ça, donc c'est tout c'est passé, oublie tout ça..
- Ouais mais j'aurais pu te retenir te dire d'rester et c'est c'que j'aurais du faire même mais j'lai pas fait tu vois.

Elle alla se mettre dans les bras d'Emre puis un long silence s'installa.. Il semblerait que le temps efface toutes sortes de choses plus ou moins importantes, mais pas les sentiments.

« C'était un phénomène, elle n'était pas humaine. Le genre de femme qui change le plus grand délinquant en gentleman. [...] Oui c'est un phénomène, qui aime hanter leur rêves, cette femme était nommée "Assa la peau dorée". [...] Les hommes ne pouvaient que l'aimer. Elle n'était pas d'ici, [...] synonyme de magnifique.. »

PS : Aimez et commentez, c'est ma seule paye..

Aussi loin que nous emportera le vent.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant