Chapitre 10

2.1K 130 28
                                    

Stan m'a suivie jusqu'au rez-de-chaussée mais j'ai réussi à me cacher derrière un bâtiment près de celui où il habite. Je l'ai entendu crier mon nom alors que je retenais mes larmes dans le noir. Je l'ai entendu me crier de revenir mais je n'ai pas bougé d'un cil.

Je ne l'entendais plus depuis plus de cinq minutes quand je me suis décidé à appeler ma tante. Je réalise l'ampleur de mon irresponsabilité lorsque je me rends compte que j'ai vraiment besoin de mon bronchodilatateur, sur-le-champ. Comment j'ai pu être assez stupide pour ne pas l'apporter avec moi ?

Ayden, tout va bien ?

Sa voix est faible comme si je venais de la tirer d'un sommeil profond. En même temps, il est déjà minuit et je devrais me sentir honteux de la déranger à une heure pareille, à un âge pareil. Mais je suis incapable de marcher sur le moment et elle serait deux fois plus rapide en voiture que moi à pieds.

–Je sais que ce n'est pas le moment mais tu peux venir me chercher, s'il te plaît ?

J'éloigne le téléphone de mes lèvres en essayant de camouffler le fait que je sois essoufflé, paniqué, mais surtout en larmes. Je ne l'entends pas pendant plusieurs secondes, à la place j'entends quelques bruits étranges, comme si elle venait de quitter son lit.

Bien sûr. Tu as ta ventoline avec toi ?

Merde.

–Hum... non, j'ai dû l'oublier. Tu peux l'apporter, juste au cas où ?

Malgré le fait que j'aie immensément besoin d'elle maintenant, j'ai quand même un minimum de fierté et une image du neuveu responsable à garder au près de Jeanne. Alors évidemment, je lui cache que je me sens littéralement mourir sans ma bouffée d'air chimique.

Je finis par lui décrire les alentours du bâtiment pour réussir à situer ma position puis raccroche. Pendant près d'une vingtaine de minutes, je suis encore recroquevillé contre le mur du bâtiment, près de grandes poubelles vertes, dans le noir le plus total. Je n'ose même pas activer la lampe de mon téléphone par peur que quelqu'un détecte ma présence.

Il fait froid, sombre, calme et putain ce que c'est flippant. Le silence est rompu par une notification sur mon téléphone. L'écran s'illumine au moment où je reçois un message de Jeanne qui m'avertit de sa présence.

Je rejoins le devant du bâtiment et, encore caché derrière un mur, je m'assure de l'absence de Stan de chaque côté de la rue. Jeanne est bien là, elle. Je l'aperçois dans sa voiture sur le siège conducteur, le visage illuminé par l'écran de son téléphone qu'elle tient dans les mains. Je m'avance rapidement et m'installe sur le siège passager sans lui adresser un mot.

–Tu..

–Tu peux démarrer maintenant, s'il te plaît ?

J'observe nerveusement la rue pour vérifier que Stan ne m'aie pas vu. Jeanne démarre dans le silence, et je sens l'angoisse se dissiper doucement alors qu'on s'éloigne de ce désastre. Pourtant, il y en a un qui me suit encore : le désastre dans ma tête, dans ma poitrine, dans chaque partie de mon corps que Stan a touchée ou effleurée. Je ne sais pas quoi penser, faire, dire. Est-ce que je devrais lui envoyer un message ? M'excuser ? Ça serait stupide étant donné qu'à ce moment précis, je veux l'éviter plus que jamais.

Jeanne me tend mon bronchodilatateur et je sens déjà un grand soulagement s'immiscer dans chaque partie de mon corps alors que j'en fais usage. J'entreprends de le ranger dans ma poche avant de me rendre compte qu'il n'y en a pas étant donné que ce vêtement n'est pas celui que j'avais mis en quittant la maison tout à l'heure. C'est celui de Stan. J'ai son odeur sur moi, celle de son shampoing. J'ai encore la sensation que ses mains me touchent, ses lèvres carressent les miennes.

Entre nous deux [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant