Chapitre 27

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Stan

-Tu devrais dormir, maman.

Elle ne lève même pas les yeux de sa tasse de café, et secoue la tête.

-Non, ils viennent me chercher dans trois heures. Je veux passer le plus de temps possible avec toi.

Il est six heures trente du matin, et elle refuse de dormir depuis quelques minutes. Je lui rends visite toutes les semaines, pourtant elle agit comme si on ne se voyait qu'une fois par an.

Je soupire en signe d'abandon et la rejoint sur la table à manger. Lorsque je m'installe, elle lève ses lunettes, les posant sur le haut de sa tête et sourit.

-Pas encore, je l'interromps avant qu'elle s'y met pour la troisième fois depuis hier soir.

-Il est timide, tu le sais.

Je secoue la tête, mes coudes appuyés contre la table et mon visage dans mes mains.

-C'est pas une excuse, je réplique dans un soupire.

-Stan ?

Elle me caresse le bras, m'obligeant à lui faire face. Je pose mon regard sur elle, m'attendant à ce qu'elle me demande encore d'aller voir Ayden et que je refuse, encore.

-J'espère que tu prendras la bonne décision pour Ayden.

Je n'ai aucune idée de ce que je suis censé faire. Le fait que je l'ai défendu en cours hier n'était en aucun cas un moyen de lui transmettre un message. Alors son attente devant ma porte jusqu'à ce que je rentre était vraiment une surprise. Pas une bonne, étant donné que c'était tout sauf un bon moment. J'étais déjà de mauvaise humeur pour avoir manqué trois heures que j'aurais pu passer avec ma mère pour ce foutu proviseur.

-Je pense que je vais aller me recoucher.

Je lève les yeux vers ma mère qui est debout, le nez dans le réfrigérateur.
Elle le referme, puis se retourne vers moi.

-Toi, tu vas faire ton jogging.

-Non, je réponds en me levant, m'apprêtant à la suivre.

-Stan, elle me stoppe d'un signe de main. Je ne suis pas une enfant, je peux m'occuper de moi.

Sur ces mots, elle quitte la pièce et s'engouffre dans le couloir qui mène aux chambres. Après quelques minutes d'hésitation, je me décide à suivre son conseil. Je range le désordre dans la cuisine, fais la vaisselle puis enfile rapidement un pull au dessus de mon short.

Je glisse mon téléphone dans ma poche, puis me dirige vers la porte. Il est sept heures quand j'ouvre la porte, et l'atmosphère est encore fraîche malgré le fait que je n'ai même pas encore quitté le bâtiment. C'est sûrement le meilleur moment de la journée pour un jogging.

Je fais un pas en dehors de la maison, et lorsque je m'apprête à refermer la porte, mon regard est attiré par quelque chose d'inhabituel à ma droite, au coin du mur.
Je baisse les yeux sur le garçon endormi à même le sol, ses bras croisés comme s'il se faisait un câlin.

En position fœtal, Ayden dort sur le sol froid. Les boucles de ses cheveux noirs retombent sur son front et une partie de sa joue ; il dort sur son côté gauche. Ses joues et son nez sont légèrement rosies, sûrement dû au froid, et ses lèvres sont entrouvertes.

Pendant plusieurs secondes, je l'observe immobile. Il est tellement beau.

Il me faut du temps pour réaliser ce qui se passe. Ayden est encore dans les mêmes vêtements que la veille, c'est-à-dire qu'il est là depuis plus dix heures. Et il m'a attendu. Tout ce temps, et dans ce froid. Même s'il est à l'intérieur du bâtiment, l'air est glacial.

Je m'accroupis à son chevet, m'apprêtant à le réveiller et lui demander de partir. Mais c'est plus fort que moi. Le fait qu'il m'aie attendu tout ce temps et dans un froid pareil ne me permets pas de le renvoyer chez lui. Je caresse tendrement son visage, repoussant ses cheveux en arrière par la même occasion.

Et lorsqu'il ouvre les yeux, et que son regard croise le mien, c'est comme si le temps s'arrête subitement. À cet instant précis, mon cœur bat plus fort que jamais. Il me fixe pendant un instant, comme s'il reprenait ses esprits. Ma main est encore au niveau de son visage, mais ne le touche plus. Ayden regarde autour de lui, puis se redresse subitement, sa tête frappant mon menton au passage. Je me laisse tomber en arrière, une main sur l'endroit de l'impact et l'autre au sol pour me retenir de tomber sur le dos.

Ayden a les mains plaquées sur sa bouche, et ses yeux sont écarquillés alors qu'il me fixe.

-Oh mon Dieu, il souffle d'une voix inquiète.

Il reste immobile pendant un instant alors que je me pousse du sol pour me lever. Ayden me suit précipitamment, posant ses mains sur mon visage. Il l'aggripe de chaque côté et le regarde dans tous les angles d'un air inquiet.

-Pardon, pardon, pardon.

J'attrape ses poignets pour le calmer tout en réprimant un sourire.

-J'ai rien, Ayden.

C'est faux. J'ai très mal.

Ayden soupire en baissant la tête. Puis, toujours les yeux au sol, il avance d'un pas jusqu'à ce que le haut de sa tête soit contre mon torse. J'hésite un instant à faire quoi que ce soit. Et alors que je m'attends à ce que mon manque de réaction le repousse, ses bras viennent timidement s'enrouler autour de moi.

Je glisse une main dans son dos et l'autre à l'arrière de sa tête. C'est là que je le sens resserrer son étreinte autour de moi, et ce qui était il y a quelques secondes une interaction maladroite se transforme en un câlin confortable. C'est comme si je suis de nouveau chez moi après un lond moment d'absence.

-Tu m'as manqué, je soupire, le front contre son épaule et mes bras l'entourant à présent.

Les bras d'Ayden, lui, se sont déplacés et entourent mon cou. Il soupire à son tour, mais le connaissant, il ne répondra pas.

-Tu me manques, il dit d'une voix timide.

L'espace d'un instant, j'ai envie de le jeter sur mon épaule et le conduire dans ma chambre. Mais je me souviens très rapidement que ma mère est très probablement couchée dans ce même lit où je faisais hurler Ayden quelques jours plus tôt. Cette réflexion me fait rire, et Ayden l'entend.

Il ramène ses mains vers lui et recule d'un pas, m'obligeant à le lâcher. La déception me submerge, mais je tente de ne pas le faire paraître alors qu'il garde les yeux baissés, comme s'il évitait mon regard. C'est là que je me rends compte de ce que je viens de faire. Il m'a dit que je le manquais, et j'ai ri juste après. Il n'a aucune idée des pensées qui ont provoqué ce rire et il a dû penser que je me moquais de lui.

-Ayden, je pose mes mains sur ses épaules et incline la tête sur le coté pour voir son visage.

Il le baisse davantage, m'empêchant de voir ses adorables yeux bleus. Et comme je sais qu'avec lui, les mots sont parfois de trop, je me penche davantage, glissant ma main sous son menton pour relever légèrement sa tête et pose mes lèvres sur les siennes. Pendant un instant, ni les siennes ni les miennes ne bougent. Elles sont juste posés les une contre les autres, comme si elles venaient enfin de retrouver leur place.

Je ferme les yeux au moment où je sens ses lèvres bouger contre les miennes. Mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit d'autre, Ayden m'aggripe par le haut de mon pull et me tire vers lui en relevant complètement la tête. Il recule, m'entraînant avec lui jusqu'à ce qu'il heurte le mur.

Il est sept heures du matin et j'ai déjà une érection. Une phrase que je n'aurai jamais pensé formuler un jour. Pourtant je suis là, embrassant Ayden comme si ma vie en dépendait, une érection cachée dans mon short.

J'entends des pas dans la cage d'escalier comme si quelqu'un descendait. Je ne bouge pas pour autant, ne voulant pas me séparer d'Ayden. Et alors que je pense que lui aussi n'en a rien à faire, il me pousse en arrière lorsque les pas se rapprochent. Au lieu d'en être en colère, j'explose de rire en m'adossant à ma porte d'entrée alors que l'un de mes voisins descend les escaliers en nous lançant un regard confus. Ayden tire sur son t-shirt pour couvrir ses lèvres, mais je l'entends rire d'une façon tellement adorable qu'il me fait frissoner.

Entre nous deux [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant