Chapitre 3

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J'ai eu 19/20. J'ai eu 19/20 à ce foutu contrôle de mathématiques. Et pourtant le mérite ne me revient pas, même pas du tout. La réponse que je pensais être fausse et qu'il a corrigée au péril de sa propre note était réellement fausse et la sienne était correcte. Toutes les réponses qu'ils m'a données étaient correctes. La question qui m'a coûtée un point est la dernière, la seule qu'il ne m'a pas communiquée vue la tournure qu'on prises les choses.

–Ayden, j'aimerai te voir après le cours.

Je lève les yeux de ma feuille et hoche la tête en direction de la professeur. Ça fait quatres jours que j'évite son regard parce que je suis sûr et même certain qu'elle me soupçonne pour quelque chose depuis le devoir et ce qui s'est passé avec Stan. Et je sais déjà que ce quelque chose est ce dont elle veut parler après le cours. Je me mets soudainement à me demander sans arrêt ce qu'elle compte me dire ou me demander. Je ne suis pas douée pour mentir mais je suis douée pour ne pas répondre. Pourtant c'est une adulte, et ça serait assez irrespectueux.

La chaise à mes côtés est occupée par un élève qui dort depuis le début du cours. Ce n'est pas Stan. Je ne l'ai plus vu depuis Lundi et on est Vendredi. Du moins, pas en classe. On ne partage pas la même classe mais plutôt quelques cours. Et normalement, il est censé être là vu qu'on partage le même cours de mathématiques. Mais au lieu de ça, j'ai un Thomas bavant sur la table collée à la mienne et je dois supporter ses ronflements jusqu'à la fin de la journée.

J'ai revu Stan aux pauses, plusieurs fois. Et pas une seule, il n'a posé le regard sur moi. Il n'a pas à le faire, évidemment mais je me disais qu'il voudrait peut-être me parler de ce qui s'est passé Lundi –le fait qu'il se soit prit un zéro par ma faute. Ou Vendredi, sur le fait que je me sois enfui. Pourtant il ne semble pas s'y interesser. Il n'a même pas tenté de me demander pourquoi je suis dispensé. C'est tant mieux évidemment, mais c'est juste hors du commun.

Mais ça ne m'étonne pas vraiment. Je l'ai observé souvent, entouré par ses nouveaux amis –presque toute l'école, quoi– et il ne parle pas si souvent que ça. Peut-être qu'il n'est juste pas à l'aise. Ou peut-être qu'il est juste comme ça. Mais ça me surprend qu'il ne soit pas ce genre de personne extravertie et toujours collée aux filles. Il leur plaît vraiment avec son torse et ses bras musclés, sa grande taille, ses cheveux bruns qui tombent légèrement sur son front et ses yeux de même couleur.
Pourtant il ne semble jamais intéressé. Ou peut-être que c'est sa façon de l'être.

Les élèves sortent de la salle après la sonnerie et je fais exprès de ranger lentement mes affaires pour ne pas avoir à rejoindre le bureau de la professeur et attendre maladroitement que tout le monde sorte. Lorsqu'ils ne reste plus que nous deux, je pose mon sac sur mes épaules et marche en direction de la professeur.

Elle lève les yeux de son livre en retirant ses lunettes qu'elle pose délicatement sur le bureau. Elle m'observe pendant un court instant avant de m'offrir un léger sourire.

–Félicitations, tu as eu la meilleure note au devoir, commence-t-elle en employant un ton que je soupçonne ironique.

–Merci, je marmone en baissant la tête avant qu'elle ne remarque ma nervosité.

Je glisse mes mains dans les poches de mon pull et attends sa prochaine remarque, mais elle ne dit rien, rendant la situation doublement malaisante. Je finis par relever la tête et je croise son regard. Cette fois c'est sûr, elle me soupçonne définitivement de quelque chose.

–Tu n'as rien à me dire, Ayden ?

Je secoue la tête en tentant de regarder partout sauf dans sa direction.

–Écoute, je te connais depuis le collège. Tu-

–Je vais rater le bus, madame.

Si je reste une seule seconde plus, je vais craquer. Je peux être égoïste juste cette fois. Cette toute petite fois. Et après tout, je n'ai jamais demandé à ce type de m'aider, il l'a fait de son propre gré alors ce n'est pas ma responsabilité s'il s'est fait prendre. Et par dessus tout, il a lui même choisis de s'incriminer alors qu'il assume les conséquences de ses choix. Je n'ai pas à culpabiliser. Pourtant j'ai beau me dire ça, je culpabilise quand même. Mais pas assez pour m'excuser au près de lui ou pour avouer à la professeur que je suis celui qui devrait se prendre un zéro.

Entre nous deux [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant