British Boss: How we fell.

Chapitre 37: Thomas

Je me levais avec difficulté. J'allais enterrer mon père aujourd'hui. La mort dans l'âme, j'emmenais  Liam a l'école puis je m'habillais de noir et conduisais jusqu'au cimetière.
J'étais à bout. Iria me manquais, je deraillais, et maintenant mon père mourrait. Seul Liam me permettait de tenir, comme avant Iria. Seulement là, Liam était aussi mon tortionnaire, il réclamait Iria souvent et se réveillait même en l'appelant. Je me haïssais, j'étais en thérapie, je voulais aller mieux, pour elle, pour moi et pour mon fils. Je devais avancer.

Ma voiture se garait sur le parking de l'église et j'attendais à l'extérieur avec mes frères le corbillard. Ma mère pleurait dans les bras de Jamison et je regardais droit devant moi pour éviter de m'effondrer, mais je failli craquer lorsqu'Iria arrivait dans mon champ de vision. Ma mâchoire tremblait et je respirais profondément. Elle saluait mes belles-sœurs et mes frères. Arrivée devant moi elle me prenait dans ses bras, son parfum m'assaillait et je tentais en vain de retenir mes larmes. Elle me serrait plus fort avant de s'écarter et de caresser ma joue quelque secondes. Là, un détail me frappait. Sur son petit doigt une bague en or trônait, le sceau des Brighton apparaissait. Je tenais sa main quelque seconde restant bouche bée lorsque le corbillard arrivait, m'empêchant de lui poser plus de questions. 

La cérémonie passait lentement et la douleur s'accentuait à chaque seconde. Je ne reverrai jamais mon père. Liam n'était pas là, il était beaucoup trop jeune et je l'avais envoyé à l'école malgré les événements. Nous partions ensuite vers le cimetière et je proposais à Iria de l'amener. Elle acceptait. Je devais en savoir plus.

"Ton père."
"Quoi?"
"Ton père me l'a légué...La bague."

Je hochais la tête.

"Tu sais ce que c'est?"

Elle acquiesait silencieusement.

"Je sais que c'est une question stupide: mais tu vas bien?"

Je respirais difficilement, ouvrait les fenêtres j'asphixiais, je la voulais près de moi. Je la voulais dans ma vie, mais j'avais foiré. Je voulais voir mon père mais il n'était plus là. Mon souffle se coupait.

"Tom! Tom gare toi."

J'obéissais, en me garant sur le bord de  la route de campagne et m'assayait sur l'herbe. Je prenais ma tête entre mes mains et tentais de respirer. Mais Iria se posait devant moi et je m'effondrais vraiment cette fois ci. Elle me prenait dans ses bras alors que la pluie commençait à tomber sur nous.

"Oh Tom."
Je ne voulais pas de sa pitié. Je m'ecartais violemment mais elle me forçait à rester.

"Je n'ai jamais eu pitié de toi et c'est pas maintenant que je vais commencer."
"Tu me manques."

Ma voix se brisait et je la serrais.

"J'ai besoin de toi Iria."
"Lève-toi. Viens."

Elle me plaçait sur le siège passager, nous étions trempés. Elle démarrait alors que je tentais de me calmer. Sa main se posait sur ma cuisse.

"Tu es triste, tu viens de perdre ton père, tu veux vraiment parler de ça?"
"Ça fait deux semaines que je te harcèle, que tu m'évites, deux semaines que je veux en parler et deux semaines que ça fais mal. Je tiens plus, Liam te demande à chaque fois qu'il se réveille d'un cauchemar, il me demande où tu es, j'ai pas la force de lui dire la vérité."

Elle respirait difficilement elle aussi alors qu'elle se garait sur le parking. Mes frères nous attendaient avec le reste des invités. Iria serrait ma cuisse pour me donner du courage et alors que nous descendions du véhicule, j'emmelait mes doigts dans les siens, la froideur de la bague, mon père lui avait légué me mordait la peau, il l'avait apprécié au point de lui faire faire une de ces bagues que seul les membres de notre famille portaient, même Eva n'avait pas eu ce privilège.

Mes pensées s'arrêtaient alors que le cercueil descendait dans le trou profond. Je disais au revoir a mon père, une dernière fois et prenais ma mère dans mes bras alors qu'elle n'arrivait pas à contenir sa douleur. 55 ans de mariage et 3 enfants, et elle devait maintenant apprendre à vivre seule. Je me demandais soudainement si je devrais vivre ça un jour et seul le visage d'Iria me revenait. Je n'imaginais personne d'autre avec qui finir ma vie. La douleur irradiait chaque centimètre carré de mon corps.

Les invités nous présentaient leurs condoléances et nous partions vers la maison familiale. Seule la famille proche venait et je proposais à Iria de venir. Elle acceptait une nouvelle fois. Le ciel était sombre et n'arrangeait rien à mon humeur. Je disais aux garçons que j'arriverais en retard, j'avais besoin de temps. Iria proposait de partir avec Jamison pour me laisser seul mais je ne voulais pas qu'elle parte. Je devais lui parler. Je savais que ce n'était pas le meilleur moment mais je devais absolument régler mes affaires avec elle.