Chapitre 47: Iria

2.3K 103 1
                                    

Je rentrais aujourd'hui après une semaine passée dans cet hôpital. Tom était passé tous les jours me voir et m'avait ramené chacun des dessins de son fils, qui me souhaitait de me rétablir. J'avais prévenu mes proches et ma mère n'avait pas bien pris mon secret mais elle ne m'en avait pas voulu longtemps vu la gravité de la situation.

J'étais désormais dans la chambre d'hôpital que j'avais eu le temps de détester, je me préparais à rentrer à la maison. J'attendais Tom avec impatience pendant que je rangeais les dessins, les cartes et les quelques autres affaires qui m'appartenaient. Je me dirigeais vers la salle de bain, j'évitais encore une fois le miroir comme à mon habitude. Je ne m'étais pas regardée une seule fois depuis mon entrée au bloc. Je savais que les points de sutures étaient là et le seraient encore pour un mois. Me voir sans mes cheveux m'avait déjà fait un choc et je n'étais pas sûr de pouvoir en supporter un second. Le regard de Tom n'avait pas changé sur moi, bien qu'il était un peu plus inquiet et protecteur que d'habitude, il ne semblait pas moins m'aimer. Mais aussi irrationnel que cela puisse paraître, j'avais peur. J'étais terrorisé qu'il se lasse des conséquences de cette opération et qu'il parte.

Je reculais d'un pas dans la minuscule salle de bain et me décidais enfin à me faire face. Mes cheveux étaient toujours bel et bien rasés bien que quelques repousses commençaient déjà à se faire voir. Et j'avais bien une balafre conséquente sur le haut du crâne. Mon visage était plus pâle que d'habitude et j'avais l'air épuisée malgré le nombre indécent d'heures de sommeil que j'effectuais.
Je ne me reconnaissais plus. J'avais perdu du poids, trop de poids. Une larme roulait, suivit par un flot. Je tentais de me reprendre. Ce n'était que temporaire. Mais rien n'y faisait, je haïssais ce reflet.

Au même moment, une infirmière rentrait dans ma chambre. Maggie, une femme d'une quarantaine d'années m'avait fait les soins appropriés toute la semaine. La porte de la salle de bain n'étant pas verrouillée, elle rentrait.

"Mademoiselle Claire..."

La situation ne donnait pas vraiment de place au doute. Mes bras s'appuyaient contre le lavabo qui faisait face au miroir et la tête baissée de honte, de dégoût et de chagrin.

"Venez."

Mais je ne bougeais pas. J'aurais aimé qu'en regardant mon reflet une nouvelle fois, je vois autre chose. Un autre moi. Maggie abandonnait l'idée de me faire bouger de là. Elle entreprenait de me faire lever le menton avec tendresse mais autorité. Mes yeux se fermaient instantanément.

"Ouvrez les yeux Iria."

C'était la première fois qu'elle m'appelait par mon prénom et instinctivement je rouvrais mes paupières. Un sanglot plaintif sortait immédiatement de ma gorge en voyant que rien n'avait changé. Enfin presque, puisque désormais mes yeux étaient aussi bouffies d'avoir trop pleuré.

"Ce que vous voyez là, c'est vous Iria. Pas vous il y a deux semaines, mais une femme bien mieux. Une femme plus forte, une battante."

Je secouais doucement la tête.

"Cette cicatrice sera moins visible mais tout le temps là pour vous rappeler à quelle point vous vous êtes battues fort. Et vos cheveux repousseront. Tout le monde n'est pas à même de battre un cancer et je sais que vous y arriverez."

Mes yeux essayaient d'éviter mon reflet dans le miroir. Je me concentrais donc sur le visage de Maggie qui tout ce temps avait l'air sincère.

" Et j'attire votre attention sur le fait que même là vous êtes très belle. "

Un rire m'échappa et Maggie y répondait par un sourire vainqueur.

"Allez Iria, reprenez-vous, vous allez le vaincre. Et en plus vous n'êtes pas seule ! Votre fiancé est à vos côtés et il a l'air formidable. Vous avez votre famille, vos amis et ce petit garçon auquel vous tenez tant. Continuez de vous battre comme vous l'avez toujours fait. Votre corps se reconstruira. Ce n'est que temporaire. Vous vaincrez. "

Je pleurais non plus de dégoût envers moi-même, ou un peu moins,mais bien parce que j'étais touchées par ces paroles.

" Séchez vos larmes, votre fiancé devrait bientôt arriver. "

Il me semblait important de préciser le statut de ma relation avec Tom.

"On n'est pas fiancé. C'est juste mon petit ami."
"Plus pour longtemps."

Je me retournais pour la regarder avec surprise et un peu d'appréhension.

"Il vous a dit quelque chose?"

Elle riait en secouant la tête.

"Non, mais il est plus qu'évident qu'il est prêt a faire sa demande, je ne pense pas que cela tardera. Il est resté a vos côtés malgré tout"

Je haussais les épaules, pas vraiment convaincue. Connaissant le passif de Thomas, il était presque impossible qu'il le fasse un jour. Ce traumatisme m'avait privé de l'espoir qu'il le ferait. Et puis d'ailleurs, le voulais-je vraiment ? J'y avais pas vraiment pensé. Pas sérieusement en tout cas. Si ce jour arrivait, est ce que je dirais oui ?
Cela allait faire un an que nous étions ensemble et il était resté avec moi dans les jours les plus compliqués de ma vie. Je l'avais soutenu dans les siens et je savais qu'il aimait la relation que j'avais avec Liam. En tentant de m'imaginer mon futur, je m'étais plusieurs fois surprise à ne pas pouvoir l'imaginer sans Tom. Alors oui, je crois bien que si Tom venait à déposer un genou à terre je dirais oui.

British Boss: How we fell.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant