Tumeur. Une putain de tumeur était la cause de mes migraines. Et j'avais beau me répéter les mots rassurants du médecin, je flippais. Je ne voulais pas mourir, j'avais peur. Je ne voulais pas laisser mes proches, ma famille, Liam et Tom. Tout allait si bien jusque là dans ma vie, il fallait quelque chose pour briser ce bonheur.
Tom était effrayé, son regard lorsque le docteur nous avait annoncé le diagnostic me hantait. Je savais que ça avait ramené les souvenirs très frais du décès de son père. Je m'attendais à ce qu'il fuit face à la nouvelle mais il était resté et même si son regard se perdait souvent dans le vide, il était bien présent, toujours aussi protecteur, sinon plus.
Je devais rester à la maison pour me reposer et je me préparer mentalement a l'opération que j'allais subir dans quelques jours. Je n'avais pas prévenu mes parents. Je ne voulais pas les inquiéter inutilement. Je tentais de garder espoir et je ne voulais pas avoir leur stress en plus sur les épaules. Mes journées étaient longues et pleine de solitude, de peur et d'angoisse de la mort. Je me divertissais en regardant la télé et en m'occupant de la maison. Tom refusait que je travaille ne serait-ce qu'à la maison et ça me tuait. J'avais besoin de penser à autre chose, d'être utile. Tom avait dû embaucher une de mes collègues pour me remplacer et je me sentais inutile et faible. J'avais du mal à garder la face. Je lui en voulait de ne pas comprendre mon besoin de m'éloigner de cette situation et cela créait de nombreuses disputes. Malgré tout nous restions soudés et je refusais que cette tumeur me prenne ma relation et ma vie. C'était peut être les derniers moments que nous passions ensemble alors je tentais de surpasser cette amertume.
Comme tous les jours, je partais chercher Liam à la fin de sa journée d'école. C'était le moment de la journée que je préférais. J'étais utile à quelqu'un et le petit garçon était toujours heureux de me voir, ce qui n'était pas étonnant en sachant que nous faisions souvent un petit tour en ville. Entre la librairie, le magasin de jeux vidéo et les goûters en extérieur que nous prenions à chaque fois que je venais le chercher , nous nous occupions et rentrions à la maison en même temps que Thomas. Ces moments de complicité avec Liam étaient tellement importants pour moi, je me perdais dans l'innocence de Liam et me détachais de la situation. Je n'étais plus la jeune femme malade qui allait bientôt passer sur le billard et peut-être y laisser ma peau, non j'étais juste sa belle mère qu'il adorait et on riait sans se retenir, profitant de chaque instant à deux. Cette complicité plaisait à Tom qui nous regardait de temps en temps avec attendrissement.
Je passais donc souvent à la librairie, je passais parfois des après-midi entière là-bas avant d'aller chercher Liam. Fernando respectais le calme de ce sanctuaire qui n'était brisé que par quelques clients. Je lisais pendant que Fernando me servait un cappuccino et un muffin, sa manière à lui de me montrer son soutien.
Mais cette routine à laquelle je commençais à peine à m'acclimater fut brisée à l'arrivée de la date de l'opération.
La veille, nous avions déposé Liam chez Jamison afin qu'il ne subisse pas le stress de son père. Et le soir même, je regardais une dernière fois mes cheveux bouclés que j'avais si souvent aimé détester. J'aurais tant voulu pouvoir les garder mais la tondeuse à la main, je savais que je ne pouvais pas. Je m'étais enfermée dans la salle de bain sans pour autant la verrouiller et j'activais alors l'engin quand la porte s'ouvrait. C'était plus fort que moi, les larmes coulaient alors que ma main tremblait, incapable de tondre ces foutu cheveux. J'étais en colère contre moi même contre ce putain de cancer et les larmes coulaient encore plus violemment. Thomas me prenait la tondeuse des mains avec une douceur extrême et m'enlaçait .
Sa main était toujours sur la tondeuse et il respirait mes cheveux une dernière fois. Je m'inquiétais de savoir comment il me verrait ensuite, m'aimerait-il toujours avec le crâne rasé et une balafre sur celui-ci?
"On va le faire ensemble, ok ?"
Je hochais la tête, incapable de parler alors il prenait ma main dans la sienne et nous empoignions tous les deux la tondeuse qui vibrait entre nos doigts. Mes cheveux tombaient sur le sol et à mesure que mon crâne se dévoilait, je découvrais un nouveau visage. Un visage malade que j'aurais dû mal à accepter et à aimer. Ma main ne pouvait pas suivre les mouvements de Tom à l'arrière de mon crâne, je le laissait faire. Je le laissais me tondre les cheveux et ce geste me paraissait plein de promesses. Plein d'amour et de soutien. Dans ma tristesse je n'étais pas seule. Mais soudain, alors que mes paupières étaient toujours clauses, je ne sentais plus la vibration meurtrière de la tondeuse. En ouvrant les yeux, je poussais un cri. Les cheveux de Tom aussi tombaient. Celui-ci me regardait dans les yeux et je le voyais lutter contre les larmes. Il posait son front contre le mien avant de dire lentement.
"Ensemble mon amour."
Nous passions une nuit très courte, aucun de nous ne dormait et nous passions juste la nuit dans les bras l'un de l'autre sans vraiment parler. Les seules interactions que nous avions étaient des baisers, des caresses et des "je t'aime".
L'épée de Damoclès pesait au-dessus de nos têtes alors que Tom nous conduisait à l'hôpital. Sa main ne quittait pas mon corps jusqu'à ce que les médecins m'amènent au bloc.
"Bats-toi mon amour, je t'en supplie bats-toi pour nous. Je t'aime, je serais là dès que tu sortiras du bloc, je resterais près de toi autant qu'on me le permettra. Je veux que tu retiennes ça, je serais là, à tes côtés, et quand tu te réveilleras, je serais près de toi."
Une larme coulait sur ma joue et je ne savais pas si c'était la mienne ou la sienne.
"Je t'aime."
Je perdais conscience quelques minutes plus-tard alors que le médecin plaçait le gaz devant ma bouche et mon nez.
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British Boss: How we fell.
RomanceDans la ville de Londres Iria, jeune français de 21 ans, débute un nouveau travail dans l'entreprise de monsieur Brighton. Séduisant, charismatique et patron attentionné, il est difficile pour la jeune femme de nier son attirance pour son nouveau pa...