Second chances Tome 1/6

Chapitre 6

Bethany se réveille brusquement au milieu de la nuit. Le silence absolu qui l'entoure est inhabituel et fait remonter des souvenirs. Depuis qu'elle vit à Los Angeles, ses nuits sont emplies d'un mélange de cris, de sirènes, de coups de feu, de pneus qui crissent, de hurlements en tout genre. Elle a mis du temps à s'y habituer, se blottissant sous ses couvertures, dormant même dans un placard les premiers jours. Mais maintenant, c'est l'inverse qui se produit. Le silence absolu lui rappelle la ferme familiale, et l'angoisse monte en elle d'un coup, défonçant tout sur son passage.

Doucement, Bethany ouvre sa porte et, traversant le couloir d'un pas, pousse la porte de la chambre de Kara. Le plus discrètement possible, elle se glisse dans le lit de son amie, puis souffle avant de fermer les yeux. Kara, sans bouger, lui demande d'une voix murmurante si elle va bien.

« Tout ce silence, ça me rappelle des souvenirs de la ferme de ma famille. J'ai fait une petite crise d'angoisse », explique Bethany.

« Je suis là, ma chérie », rassure Kara en se décalant pour lui laisser de la place, « colle-toi contre moi. Bonne nuit, Harper. »

Bethany passe son bras autour de Kara, glissant un genou entre les siens pour mieux s'installer et se blottir contre elle. Elle s'endort rapidement, profitant de sa chaleur et de sa présence.

Au son des assiettes que sa mère fait dans la cuisine, Kara se lève doucement, veillant à ne pas réveiller Bethany qui dort paisiblement. Avant de descendre, elle dépose un doux baiser sur la joue de son amie. Enfilant un t-shirt et un short, elle s'étire puis se dirige vers le jardin.

« Tu as bien dormi, mon bébé ? » demanda sa mère un peu plus tard, alors qu'elle essuyait la sueur sur son visage.

« Oui, plutôt bien », répondit Kara.

« C'est du yoga, ce que tu faisais ? » demanda sa mère.

« Non, Maman, c'est du Tai-Chi », expliqua Kara. « C'est un art chinois, de la gymnastique basée sur des mouvements, la respiration. C'est bien pour se recentrer. »

« Caro, je... enfin, je voulais te parler. Voilà, je suis montée ce matin et la chambre de Bethany était vide. Est-ce que... » commença sa mère.

« Elle a dormi avec moi, Maman », l'interrompit Kara.

« Ah. Je n'avais pas... » dit sa mère, un peu surprise.

« Maman, on habite une ville bruyante, très bruyante, alors ici, le silence, ça l'a perturbée. Elle est simplement venue dormir avec moi. On en a parlé hier, si ça te dérange, dis-le-moi. Sache seulement que Bethany et moi sommes, comment dire, très proches, tactiles, complices, affectueuses. Si je ressens le besoin de l'enlacer ou de l'embrasser et bien... Voilà. »

Sa mère prit un moment pour assimiler ces informations, puis dit : « C'est ta vie. C'est sûr que les mœurs aux États-Unis sont différentes. »

« Bethany est quelqu'un de gentil, Maman. C'est une bonne personne. J'aime bien être avec elle, nous sommes très proches, mais nous avons nos vies, nous ne vivons pas ensemble si cela t'inquiète. Bien que, si un jour elle me fait une proposition, j'y réfléchirai sérieusement », conclut-elle en souriant avec un clin d'œil.

« Je vois, très proche donc. Tu me préviendras avant, il faudra que je prépare ton père », soupira-t-elle.

Assises sur un banc, Kara et sa mère discutent de sa vie en Amérique, si elle pense revenir, de ce qu'elle compte faire durant ses vacances, si elle a prévu de faire visiter la région à Bethany. Si oui, de lui montrer quelques endroits emblématiques, de la conduire à Montségur * au camp dels cremats, de faire le tour des cinq fils de Carcassonne **.