Second chances Tome 1/6

Chapitre 7

Kara se décale discrètement sur sa chaise et observe l'activité animée de la place. Les passants défilent, certains absorbés par leur téléphone, d'autres se tiennent la main, tandis qu'un couple déambule main dans la main. Les rires des enfants résonnent joyeusement. Son regard est attiré par un couple assis quelques tables plus loin. Kara les observe attentivement, cherchant dans ses souvenirs. Il a beaucoup changé, mais il ne fait aucun doute que ce sont ses yeux, son nez, son sourire. C'est lui.

Son cœur s'emballe alors que les souvenirs affluent. D'un geste discret, elle déplace sa chaise pour mieux les observer, veillant à ne pas attirer l'attention.

Elle le dévisage encore alors qu'il tourne la tête dans sa direction, son sang se fige. Kara retient son souffle et reste immobile, sans sourire ni faire aucun signe. Ses yeux le fixent intensément, vides d'émotion, avant qu'elle ne détourne le regard.

Profitant de l'occasion où la femme qui l'accompagne lui parle et qu'il n'est plus attentif, Kara s'éclipse discrètement, rejoignant Bethany qui sort à ce moment-là.

« Que je suis conne », pense-t-elle. Elle a l'impression de retrouver ses quinze ans. Kara et Bethany s'éloignent du café, se promenant dans la ville, tandis que les souvenirs des jours insouciants et heureux refont surface en elle. Elle tente de chasser ses pensées concernant cet homme. Kara parle à Bethany de ses aventures, lui raconte l'histoire de la ville, s'efforçant de se concentrer sur autre chose que sur lui. Alors qu'elle retrouve un lieu familier, elle se dirige vers un arbre portant encore les cicatrices de sa vie passée. Du bout des doigts, elle effleure les lettres gravées sur le tronc, témoins de souvenirs enfouis. Les images de son enfance joyeuse et de son adolescence tumultueuse reviennent en mémoire. Bethany entre dans une librairie, lui promettant de ne pas tarder, tandis que Kara l'attend à l'extérieur, assise sur un banc à proximité.

« Je me disais bien que je connaissais ce visage », entend-elle alors que des pas se rapprochent de son banc.

Se retournant, elle l'observe, son regard demeure neutre, sans émotion.

« Bonjour Caro. Je ne pensais pas te revoir un jour », dit-il en souriant, la regardant fixement.

Il semble véritablement heureux de la revoir. Kara baisse les yeux, fixant la place devant elle.

« Je suis ici pour quelques jours seulement », se justifie-t-elle.

« Es-tu venue pour ta grand-mère ? » demande-t-il, la prenant par surprise avec cette question.

Elle sursaute, étonnée qu'il soit au courant.

« Je prends régulièrement de ses nouvelles », déclare-t-il comme si c'était tout à fait naturel.

La conversation se fige, le malaise est palpable.

« Tu... » commencent-ils en même temps, ce qui les fait sourire.

« À toi d'abord », dit-il, toujours avec un sourire aux lèvres.

« Je dois partir », le coupe-t-elle soudainement en se rappelant brusquement d'un rendez-vous imaginaire.

« Très bien, Caro. Est-ce que nous aurons l'occasion de nous revoir avant ton départ ? » demande-t-il avec insistance.

« Je ne sais pas, Antonin », dit-elle en s'éloignant.

« Ne me fuis pas, je t'en prie », murmure-t-il.

Kara s'arrête, interdite, avant qu'une pulsion de colère ne prenne naissance en elle et ne monte brutalement.

« C'est toi qui as fui », lui rappela-t-elle, « toi qui es parti ! » éclate-t-elle en revenant sur ses pas, pointant son doigt accusateur vers son torse. « Tu as simplement disparu de ma vie. »