Chapitre 5

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Le trajet n'en finissait pas, Kara était épuisée. Les onze heures de vol depuis Los Angeles jusqu'à Paris, les cinq heures d'escale avant de prendre la correspondance pour Toulouse, avec un dernier vol d'une heure trente. Voulant épargner le bus puis le train jusqu'à Cordes à la tête brune qui s'était endormie sur son épaule, paisiblement lové contre elle, Kara paya un taxi pour les cent derniers kilomètres.

Le visage de Kara s'illumina lorsqu'elle découvrit la joyeuse expression de Bethany sur l'écran de l'interphone, sa valise à la main. Et son bonheur fut encore plus grand quand elle ouvrit la porte et que Bethany se jeta dans ses bras.

« Kara ! Je suis en vacances ! Les photos sont prêtes, merci de m'avoir attendue avant de partir. J'avais peur de me perdre avec toutes tes indications. J'ai vérifié sur internet, la durée du trajet est comme un voyage au bout du monde. »

Kara enlaça chaleureusement Bethany, s'imprégnant de son parfum floral. Même sans maquillage, elle était magnifique. Ses cheveux noirs et courts, toujours un peu ébouriffés, ses lèvres dessinées par un véritable artiste, ses yeux noisette qui qui reflétaient son plaisir de partir en France.

« J'ai cru que tu n'allais jamais arriver. Il nous reste quelques heures pour aller à l'aéroport, tu veux boire ou manger un truc ?

Bethany répondit avec un sourire taquin : « Je peux aller faire pipi d'abord ? »

Kara rit.

— Harp ! Tu n'as pas à me demander. Tu fais comme chez toi quand tu es ici, tu le sais.

— Ouais... je sais. Un reste d'éducation, je suppose », rit-elle en se soulageant sans fermer la porte des toilettes, tout en continuant de discuter.

« Es-tu prête à conquérir le Languedoc ? » demanda Kara avec enthousiasme.

« Absolument. Merci de m'emmener avec toi Kara », l'enlace à nouveau Bethany. « Personne ne m'a jamais invité comme ça. Ça me fait tout drôle.

— C'est leur perte, moi j'emmène ma meilleure amie parce que je l'aime.

Bethany, touchée, lui dit tendrement : « Awww, tu es adorable, Kara. »


Durant le trajet en taxi jusqu'au terminal, Bethany ne cessa pas de parler une seule seconde. Elle avait un avis sur tout, absolument tout. Que ce soit la politique, les dessins animés, les sciences, l'histoire, la météo ou même la meilleure façon d'enlever une tache de vin sur du linge, Bethany avait une réponse prête. On aurait dit qu'elle s'entraînait pour participer à Jeopardy !*. Cependant, Kara comprenait la nervosité de son amie et faisait de son mieux pour que le trajet reste en arrière-plan dans l'esprit de Bethany.

Si le vol jusqu'à Paris se déroula sans encombre, entre les bavardages, les films à regarder et les repas à savourer, la mauvaise nuit de sommeil et l'attente pour la correspondance commençaient à éroder la patience de Kara, et totalement celle de Bethany.

L'heure et demie suivante jusqu'à Toulouse redonna un peu d'énergie au duo, mais ce fut le trajet en taxi qui émerveilla et épuisa Bethany à la fois. Cependant, son énervement et sa fatigue s'évanouirent dès qu'ils entrèrent dans la commune, construite il y a huit cents ans sur les flancs escarpés d'une montagne. Kara savait que Bethany allait tomber amoureuse de cet endroit, avec ses ruelles pavées, ses maisons en pierre et ses vues imprenables. Les bâtisses, les pierres, tout ce patrimoine qui n'existait pas dans sa culture, dans la ville où elle avait presque passé toute sa vie avant d'arriver à Los Angeles, rien ne l'avait préparée à cela. Rien que le fait de réaliser que le village médiéval avait huit cents ans la laissait sans voix. Le chauffeur se gara devant une grille en fer forgé et les aida à sortir leurs valises, les remerciant pour le pourboire. Bethany contemplait, bouche bée, la maison en forme de L, aux murs rose pâle, sur deux étages, avec ses volets bleus et sa petite cour remplie de pots de fleurs.

Second chances Tome 1/6Où les histoires vivent. Découvrez maintenant