C H A P I T R E . 1

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Point de vue de Gabriel

Dix minutes

Dix minutes avant de quitter ce lieu beaucoup trop calme pour être humain. J'ai promis à Aliona que nous resterions à la bibliothèque de l'université une heure, mais j'ai l'impression que le temps ne passe pas.

— J'en ai marre, marmonne-t-elle.

Je jette un coup d'œil à son ordinateur, elle n'a pas arrêté de travailler depuis que nous sommes arrivés. J'ai essayé de faire de même, mais je me concentre mieux chez moi.

— Trop dur la vie d'étudiante, c'est ça ?

Elle reste concentrée sur son écran et me répond en hochant la tête. Depuis plus d'un mois, elle découvre le bonheur de la fac. Tout ça n'a rien à voir avec le lycée et la première année est la plus difficile. C'est ma troisième rentrée ici, alors j'essaie de la conseiller au mieux pour qu'elle s'en sorte.

— Je déteste cette période d'adaptation, murmure-t-elle.

— Et moi je déteste cet endroit.

À mon plus grand malheur, j'ai oublié de chuchoter et tout le monde me lance un regard noir. Je réponds d'un sourire désolé. 

Je lève la tête quand la porte de la BU s'ouvre sur une blonde magnifique. Totalement mon style. Seulement, mes yeux ne la suivent pas et s'arrêtent derrière elle, sur la table près de l'entrée : une fille est assise seule.

Elle a un casque rose sur la tête et surligne des passages de ses cours. Ses cheveux frisés sont lâchés en raie au milieu et tombent légèrement plus bas que ses épaules. Ce qui retient mon attention, ce sont ses yeux, ils sont gonflés comme si elle avait pleuré. Pourtant, ça ne semble pas la perturber dans sa tâche et ça ne choque personne autour.

Je ne peux pas détacher mon regard de son visage. Je tente d'analyser chaque détail malgré la distance qui nous sépare. Ses yeux marrons légèrement en amande, les taches de rousseur qui parsèment sa peau basanée, son nez fin et ses lèvres pulpeuses et brillantes. Mon cœur bat si fort qu'il résonne dans mes tympans.

Je suis sorti de mes pensées par Aliona qui me secoue.

— Tu m'écoutes ? lance-t-elle doucement. Je vais lancer une pétition pour faire disparaître toutes les blondes de cette planète, tu ne m'entends plus depuis qu'elle est entrée.

J'émet un sourire en coin sans lui avouer que cette fois, c'est une brune cachée au fond de la bibliothèque qui a retenu mon attention. 

— Si Gigi Hadid disparaît, je n'aurais plus de raisons de vivre. Aïe !

Je me retourne et remarque la bibliothécaire qui vient de me taper la tête avec un livre.

— Je suis pratiquement sûr que c'est illégal de frapper des étudiants ! chuchote-je en me tournant vers elle.

Je la regarde s'éloigner à reculons.

— Tout comme il est interdit de faire autant de bruit ! répond-elle sur le même ton. Je vous reprends à chaque fois monsieur Mercier, la prochaine je vous vire.

— Vous faites du bruit là.

Elle place son index sur sa bouche en fronçant les sourcils pour me faire taire. Elle agit toujours sévèrement avec moi, mais en réalité je crois qu'elle m'aime bien.

— Je vais appeler SOS étudiant battu.

Je reçois un dernier regard sévère, puis elle s'en va pour de bon. Je jette un coup d'œil vers la table du fond, l'inconnue n'a pas levé la tête.

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