C H A P I T R E . 18

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Point de vue de Gabriel

Je bouge légèrement la tête, concentré sur chaque son qui sort de mon casque. Les vacances sont le meilleur moment pour la musique. Je suis chez mes parents, alors j'ai besoin de trouver une occupation. Je chantonne doucement avant de lever les yeux. Mes parents et ma sœur discutent en face de moi, dans le salon. Assis sur mon fauteuil, je n'entends rien de ce qu'ils disent grâce à mon casque. 

Et vu la tête que fait ma sœur, c'est tant mieux. Elle commence à s'impatienter. Par curiosité, j'enlève un côté de mon casque pour entendre leur dispute. Il y a quinze minutes c'était sur le fait qu'elle ne veut pas d'enfants. Maintenant, on dirait que c'est à propos de la façon dont elle veut se marier. Même si son copain ne l'a même pas demandé en mariage, ils évoquent tellement le sujet ces derniers temps que tout le monde sent que ça va arriver. 

— Si jamais je me marie, je veux qu'un maximum de mes proches puissent venir. Et mes amis viennent tous de Paris, alors je me marierais près de Paris ! 

— Tout le monde dans la famille s'est marié ici, ça ne changera pas. 

— J'ai été à un super mariage près de Paris cet été, interviens-je, des amis du lycée qui venaient pourtant du sud. Personne ne leur en a voulu de faire ça là-bas. 

— Ça ne te regarde pas Gabriel, répond ma mère, continue de ne rien faire pour changer. 

Rien faire 

C'est sa façon de désigner la musique et mes études. 

Claire lève les yeux au ciel avant de me faire signe de laisser tomber. Je remets mon casque en serrant les dents. Au départ je pensais que c'était à cause de la crise d'adolescence, mais j'ai rapidement compris que c'était un fait : nos parents sont des chieurs. 

Je décide de laisser tomber et me lève pour me diriger vers la sortie. J'entends simplement mon père lancer un pique à propos de mon avenir, un truc qui sous-entend que je pars enfin en chercher un. C'est presque la fin des vacances, alors je serais bientôt tranquille. Mais qui dit fin des vacances dit aussi que tous mes amis sont repartis. Je suis seul en ville. 

Je marche jusqu'à la mer, ignorant le froid et le fait que j'aurais dû prendre un manteau en partant. Je me pose dans le sable malgré le vent. Il y a quelques détails dans l'instru que j'écoute qui me dérangent, alors je note tout ce que je dois encore peaufiner. Mes doigts sont gelés, mais je préfère ça à être chez moi. 

L'ennui me pousse à ouvrir Instagram et à regarder les story de tout le monde. Je fini par tomber sur celle d'Oxana, c'est un coucher de soleil dans les montagnes. J'esquisse un sourire face au choix de la musique : Taylor Swift, Gorgeous. Je me suis souvent demandé quel genre de musique elle pouvait écouter, elle qui a toujours son casque sur les oreilles. J'ai enfin une réponse, et c'est pas mal. 

Je ne sais pas quelle mouche me pique, mais j'ai envie de lui envoyer un message. Quand je repense à la dernière fois qu'on s'est vus, à Halloween, je ne sais pas si c'est une bonne idée. Mais en remontant plus loin, au soir où je l'ai raccompagnée chez elle, j'ai même envie qu'elle apparaisse à mes côtés tout de suite. J'aimerais qu'elle soit comme ça tout le temps, ça rendrait tout plus simple. Je n'aurais pas besoin de regretter qu'elle envahisse si souvent mes pensées. 

Avant de prendre une décision trop rapide en lui envoyant un message, je vais sur son profil. Elle n'a aucune publication, et sa seule story à la une sont des paysages. Tout ce qui permet de la reconnaître c'est sa photo de profil. Il n'y a aucun moyen d'en savoir plus sur elle. 

Alors que la moitié de ma vie se trouve sur mes réseaux. 

Je retourne en arrière et continue d'hésiter. Je suis incapable de savoir si elle me déteste ou non, elle est tellement lunatique. Malgré tout ça, je réponds à sa story : 

EnchantedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant