C H A P I T R E . 17

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Point de vue d'Oxana

Après six longues heures de voiture avec Taylor Swift à fond, je suis arrivée chez mes parents dimanche soir. Je me suis étalée dans mon ancien lit et j'ai dormi jusqu'à midi le lendemain. J'ai ensuite passé trois jours à prendre des apéros tous les soirs en mentant sur mes "amis". Comme mes parents posaient trop de questions, j'ai parlé de Sibyle mais aussi de Yann, Aliona et Gabriel que je connais à peine. Je devais leur donner des prénoms et c'est la première chose qui m'est venue à l'esprit.

Le reste du temps, j'essaie de profiter de cette pause pour m'amuser. Je ris un peu, fais des jeux de société et regarde des films avec mes parents, j'aimerais vivre de vraies vacances. Et j'y arrivais jusqu'à aujourd'hui, j'étais presque de bonne humeur, je retrouvais espoir.

Mais ce soir, la sonnette qui a retentit à l'heure du dîner a tout changé.

Ma mère m'a demandé d'aller ouvrir malgré ma surprise. Elle ne m'avait pas dit que nous attendions du monde ce soir. J'aurais préféré être n'importe où ailleurs plutôt qu'ici, même avec Gabriel. Parce que le brun derrière la porte est probablement la personne que je déteste le plus au monde.

— Jules ?

Il affiche un grand sourire que j'aurais adoré auparavant. J'ai l'impression que cette soirée va se terminer à l'hôpital. Soit à cause d'une crise cardiaque, soit parce que je ne pourrais pas m'empêcher d'essayer de le tuer.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Ta mère m'a invité, on se croise souvent les week-end où je suis ici.

Voilà une situation qui prouve que je devrais arrêter de mentir à mes parents. Ils pensent qu'avec Jules nous avons perdu contact mais en restant en bons termes, parce qu'après notre rupture j'étais incapable de dire du mal de lui.

Ils n'ont jamais su que j'étais avec lui au lycée parce que ce n'était pas officiel. On passait notre temps à coucher ensemble mais on ne sortait pas comme un couple normal. Et moi j'étais tellement stupide que je ne comprenais pas qu'il se servait de moi.

— Jules ! s'exclame ma mère. Entre je t'en prie, on attendait que toi.

Maintenant que je connais son vrai visage, je sais que tout est faux chez lui. Son sourire poli, l'attention qu'il porte à ce qu'on lui dit, ses compliments, sa modestie et surtout ses excuses. Il ne fait que mentir à tout le monde.

Évidemment mes parents l'ont invité à dîner, alors je me retrouve à mettre un couvert pour quatre en espérant garder mon calme suffisamment longtemps. Je tremble d'angoisse quand je le regarde, tous mes souvenirs remontent d'un coup et je suis incapable de les repousser. Pendant tout le repas, il raconte à quel point sa nouvelle vie lui plaît, il sait qu'il a trouvé sa voie et est pleinement heureux. Avant j'adorais qu'il soit aussi à l'aise avec mes parents, aujourd'hui ça me donne envie de vomir.

— Et toi Oxana, reprend-il, tu ne m'as pas dit comment ça se passait ?

J'affiche un sourire faux pendant toute ma réponse.

— Bien. J'ai de bons amis, je m'en sors en cours, je profite bien plus qu'au lycée. Je me rends compte qu'on pensait s'amuser à cette époque, mais en réalité on découvre la vie uniquement après nos 18 ans. 

— Heureusement que j'étais là pour mettre l'ambiance quand même, répond-il avec un clin d'œil.

Mes parents rient sans remarquer la tension qui règne.

— On est entre nous alors je me permets d'en parler, reprend-il faussement sérieux, mais ce n'est pas trop dur de faire une fac d'histoire alors qu'il y a quelques mois tu voyais tous tes rêves s'effondrer ? Je veux dire, ça doit être affreux de faire un choix par défaut. Tu sais ce que tu vas faire ensuite ?

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