C H A P I T R E . 36

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Point de vue d'Oxana

Je me réveille seule ce matin. La chambre de Sibyle est totalement vide et je devine qu'ils sont tous en train de prendre un petit-déjeuner. Je m'étire en ne pensant qu'à la veille. Quand Gabriel m'a embrassée, j'ai ressenti quelque chose d'étrange. C'était loin d'être un baiser de réconciliation, au contraire j'avais l'impression qu'il s'agissait du dernier. 

Comme un baiser d'adieu. 

Je tente de chasser cette pensée, mais ma gorge serrée ne fait qu'intensifier la douleur dans ma poitrine. Je me redresse avant de passer mes mains sur mon visage. Je n'ose pas me lever et descendre, j'ai trop peur de l'affronter. Je sais que nous allons devoir discuter, et j'aimerais pouvoir partir en courant pour éviter cette fatalité. 

Je quitte enfin mon lit pour rejoindre tout le monde en bas. Quand j'arrive, ils sont en train de discuter dans la cuisine en grignotant chacun dans leur coin. Mais j'ai beau chercher, pas de Gabriel en vue. 

— Coucou toi, lance Sibyle quand elle me remarque, tu veux manger un truc ? 

Je continue de jeter quelques regards furtifs dans la salle, puis je secoue négativement la tête. 

— Un chocolat chaud suffira. 

Elle me sourit avant de me préparer une tasse. Je n'ose pas demander où est passé Gabriel, j'espère simplement qu'il finira par réapparaitre. Je récupère ma boisson quelques minutes plus tard et je remercie Sibyle. Je souffle pour la refroidir et tente de penser à autre chose que celui qui a déjà hanté ma nuit. 

Je jette un coup d'œil vers la terrasse et je me demande automatiquement s'il n'est pas simplement là-bas. Les rideaux m'empêchent de voir si quelqu'un s'y trouve, alors je vais vérifier par moi-même. J'ouvre et quitte l'intérieur, seulement elle est totalement vide. Je soupire avant de m'installer sur l'une des chaises d'extérieur. 

Moi qui voulais l'éviter, finalement je regrette mes pensées. C'est lui qui m'a fui cette fois. Je fronce légèrement les sourcils pour retenir mes larmes. J'observe la mer et ignore le froid qui dévore ma peau. 

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvre derrière moi. En me retournant je découvre Clément, il approche en souriant et s'assoit à mes côtés. 

— Il est partit tôt, explique-t-il comme s'il lisait dans mes pensées, il est chez ses parents. 

Je hoche simplement la tête, comme si ça ne m'avait pas inquiétée une seconde. 

— Ce soir on refait un concert au Warm Coffee, comme à l'époque du lycée, si jamais ça t'intéresse. 

— Je pense que je vais rentrer chez moi, mais merci de proposer. 

Il me répond d'un sourire avant de siroter son café. Je fais de même avec mon chocolat chaud, jusqu'à ce qu'un léger rire lui échappe. Je me tourne dans sa direction et il soupire en souriant. 

— Ecoute, je viens te dire ça parce que ma sœur n'osera jamais. Elle sait qu'il n'y a rien de pire qu'une fille venant t'expliquer que tu ne dois pas t'inquiéter à cause d'elle. Crois-moi elle s'y connait en jalousie aussi, on est tous humains. 

Je le fixe d'un regard inquisiteur, attendant qu'il reprenne. 

— Gabriel et Sarah sont comme des frères et sœurs. Ils ont grandi ensemble et tu n'as aucune raison de penser que les choses pourraient déraper. S'ils avaient voulu sortir ensemble, ils l'auraient fait depuis longtemps. 

— Je ne suis pas jalouse, mens-je, on n'est pas ensemble lui et moi. 

Il lève les yeux au ciel. 

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