C H A P I T R E . 10

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Point de vue d'Oxana

Il m'embrasse et je sens sa peau contre la mienne. Je ne sais même plus comment nous en sommes arrivés là, mais Jules est chez moi, dans mon lit. Dire que mon cœur va exploser serait un euphémisme, j'ai l'impression de brûler à l'intérieur, partout.

Mais soudainement, mes poumons se compressent et je suis incapable de respirer. Je le repousse avant de tousser, puis tente à nouveau d'inspirer.

— Oxana ?

Je regarde autour de moi, mon inhalateur n'est pas là.

Je vais mourir.

Mes poumons me brûlent, je n'entends plus Jules, je veux juste respirer. Il se lève et part chercher dans mon sac, mais avant qu'il revienne je quitte ce rêve et me réveille subitement.

Je suis violemment tirée de mon sommeil. Je transpire et réalise rapidement que je manque encore d'air. Cette fois, mon inhalateur est sur ma table de nuit. Je l'attrape et l'agite en même temps que je souffle tout l'air qu'il me reste. Puis je le porte à ma bouche et respire enfin.

Je prends quelques secondes pour me remettre de mes émotions. Ce rêve était affreusement réaliste et je ne sais pas ce qui m'a le plus inquiétée entre moi qui couchait avec mon ex ou le fait que j'avais l'impression de mourir ensuite. Il m'est déjà arrivé d'avoir des crises d'asthme pendant le sexe, même si je n'ai pas connu cette scène précisément, c'était plutôt réaliste.

J'allume la lumière pour être certaine d'être réellement réveillée et regarde l'heure. À cinq heures du matin, je ne risque pas de me rendormir.

Super la grasse matinée du samedi.

Je prépare un chocolat chaud et m'installe devant la télévision. Les cinq heures suivantes se résument à un marathon de films en tous genres. 

Ce n'est pas comme si j'avais des partiels la semaine prochaine. 

Seulement j'ai déjà suffisamment révisé, je passe ma vie à travailler parce que je n'ai rien de mieux à faire. Pour une fois, j'ai le droit à une pause. J'envoie une photo à mes parents vers dix heures comme si je venais de me lever, je veux leur donner l'impression que j'ai bien dormi. Si je leur donne des nouvelles sans qu'ils en demandent, je pense que ça les rassurera.

Je regarde autour de moi et soupire, tout est tellement silencieux. J'aimerais sincèrement avoir quelqu'un à qui parler de tout ce qui me tracasse. J'aimerais ne pas être aussi seule.

Comment je peux être aussi contradictoire ?

Je passe ma vie à éviter les autres par peur d'affronter leurs regards sur moi, pourtant je ne supporte plus d'être seule. Je sais que c'est idiot, mais je n'ai pas la force de laisser quelqu'un se faire un avis sur moi, je ne veux pas savoir ce qu'ils en penseraient ou me demander ce qu'ils disent dans mon dos.

J'ai peur de ressentir ça toute ma vie. Mon ventre se noue d'angoisse à l'idée d'être incapable de sociabiliser pour toujours.

J'éteint la télévision une heure plus tard et m'habille. Je n'ai qu'une idée en tête : faire un pas en avant. Sibyle n'a pas arrêté de venir vers moi et j'ai un bon pressentiment avec elle, une impression que je peux lui faire confiance. Pour la première fois depuis longtemps, je ne me sens pas jugée ou inférieure quand je suis avec quelqu'un.

Je reste assise par terre cinq longues minutes, hésitant à réellement passer à l'acte. J'ai envie de lui envoyer un message pour qu'on se voit aujourd'hui, en dehors de la fac pour une fois, mais je ne sais pas comment demander ça. Elle m'a souvent proposé des sorties alors j'imagine que ça ne la dérangera pas, pourtant je n'arrive pas à me lancer.

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