Point de vue d'Oxana
— Ox ? chuchote une légère voix. Eh oh ? Réveille-toi.
Je grogne en tentant de me cacher sous ma couette, mais Sibyle continue de m'appeler. Je tends la main pour attraper mon téléphone.
— Pourquoi tu me réveilles à 7 heures ? marmonne-je.
— Chut, Ali dort. Ne pose pas de questions, enfile des chaussures et viens.
J'ai à peine dormi cinq heures et je meurs d'envie de ne pas l'écouter, mais elle me force à me dépêcher. Alors je m'exécute et la rejoins en bas. La maison est noyée dans un silence des plus agréables et il fait encore nuit dehors. Je suis surprise de trouver Lise assise par terre dans le salon, comme si elle méditait. C'est probablement le cas, alors je tente d'être silencieuse quand je marche jusqu'à la cuisine.
Sibyle attrape un sac et se dirige vers la sortie, et malgré mon étonnement je la suis. Quand elle commence à marcher vers la plage, je comprend ce qu'il se passe.
— On va voir le lever du soleil ? m'étonne-je.
Elle affiche une moue déçue.
— Pourquoi est-ce que tu es aussi perspicace ?
— Sibyle, c'est légèrement évident que tu ne m'emmènes pas sur la plage à 7 heures pour faire un footing.
Elle rit et installe une serviette de plage. Nous nous asseyons dans le sable, puis elle vide son sac, me tendant un thermos.
— Chocolat chaud, déclare-t-elle fièrement, et des croissants.
— Wow, je crois que je n'ai jamais été à un date aussi parfait, et c'en est même pas un.
Comme elle rit, je reprends plus sérieusement :
— Je suis sincère Sibyle, c'est parfait.
— Il faudra que tu viennes cet été, on pourra faire tellement plus de choses.
J'acquiesce, ravie de découvrir la vie ici.
— Je suis contente que tu t'amuses.
Je lui souris avant de goûter ma boisson. Le ciel est déjà légèrement rose et le soleil ne devrait pas tarder à se lever.
— Ce que tu m'as dit sur tes amis, reprend-elle, ça m'a brisé le cœur. Je ne peux pas changer le mal qu'ils ont fait malheureusement, mais je te promets que moi je serais là.
Ces mots me font tellement de bien que je ne trouve rien à dire. Ma gorge se noue et en même temps, je me sens apaisée.
— Il y a des choses que je n'ai pas osé dire devant Aliona, déclare-je, mais j'ai envie que tu le saches.
Elle hoche la tête, légèrement intriguée.
— Avant, je te ressemblais énormément. Au collège j'essayais de cacher ce côté trop joyeux, parce que j'ai entendu mes amis parler dans mon dos en disant que j'en faisais trop. Pourtant je voulais juste partager ma bonne humeur. J'en ai tellement pleuré le soir quand je me remémorais ce qu'ils disaient, quand je pensais à ce que j'avais fait ou dit de travers. Alors j'ai commencé à étouffer une partie de ma personnalité, et j'ai l'impression de la retrouver en toi.
Je ne l'ai jamais vue aussi concentrée. Ses yeux s'humidifient légèrement, alors elle baisse la tête.
— J'ai entendu tout ça aussi, explique-t-elle, le fait que j'étais "trop". C'est difficile d'avoir l'impression qu'on a notre place nulle part, qu'on dérange toujours. Mais mon père m'a dit un jour que ce que je considérais comme un défaut était la plus belle qualité à ses yeux, et qu'elle le serait pour tous ceux qui m'aimeraient dans ma vie.
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Enchanted
Teen FictionLes opposés s'attirent, mais peuvent-ils s'entendre ? Gabriel entame sa dernière année de licence en musicologie tout en continuant les petits concerts de son groupe, The Tunes. Il a un quotidien chargé de bonne humeur et est l'ami toujours présent...