C H A P I T R E . 33

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Point de vue de Gabriel

Nous sommes allongés sur la banquette arrière de la voiture d'Oxana depuis longtemps maintenant. Je n'arrive pas à réaliser tout ce qu'il s'est passé ce soir, entre mes parents qui évoquent ce sujet compliqué devant elle, moi qui explose, et nous qui nous embrassons avant de faire l'amour dans une voiture.

Une putain de voiture.

J'ai le regard dans le vide, partagé entre la satisfaction et la culpabilité. Peut-être qu'on aurait dû attendre. J'ai peur qu'elle pense que j'ai simplement craqué à cause de ma vulnérabilité, que je cherchais du réconfort et rien de plus. Mon regard se baisse pour la regarder, allongée à moitié sur moi.

— Désolé, souffle-je.

Elle fronce les sourcils, puis un léger rire lui échappe.

— Tu viens de t'excuser ?

— On est dans une voiture, lui rappelle-je.

— On était loin d'avoir une chambre à disposition.

C'est vrai, et on s'en est plutôt bien sortis.

— Et puis...

Elle pose ses lèvres sur mon torse et embrasse délicatement ma peau. Je frissonne et ferme les yeux. Si elle continue je vais arrêter de culpabiliser et directement partir pour un deuxième tour.

— ... je n'avais pas envie d'attendre qu'on ait une chambre.

Elle continue ses baisers, puis d'un coup commence à rire contre ma peau.

— Quoi ? l'interroge-je.

— Ça n'a pas de sens, toi et moi dans une voiture ?

— Tu vois, toi aussi tu le dis.

Elle enfouit son visage contre moi en continuant de sourire. J'ai envie d'oublier toute ma vie et simplement profiter de cet instant. Je ne veux pas avoir à réfléchir sur ce que tout ça fait de nous deux. J'ai même peur d'envisager une réponse. Mes doigts caressent délicatement son bras et je soupire.

— Je déteste ne pas savoir ce que tu penses, déclare-je.

Comme elle est allongée contre moi, je sens son cœur battre fort.

— Tout de suite ? demande-t-elle.

— Tout le temps. C'est impossible de savoir si tu me détestes ou non.

Peut-être que j'aurais enfin le droit à des réponses claires désormais.

— Je ne te déteste pas. Et mes pensées n'avaient rien de bien romantique au moment où tu en as parlé. Si tu avais demandé quelques minutes avant tu aurais été ravi, parce que je me disais que malgré le contexte étrange, tu étais vraiment doué au lit.

J'ignore sa réflexion tant je suis intrigué par le reste.

— Et après ?

— Après je me suis demandé ce que tu feras quand tu reverras tes parents.

Mes sourcils se haussent naturellement, surpris qu'elle pense à ça tout de suite.

— Je te l'avais dit, rien de romantique.

Je hausse les épaules.

— Je vais faire comme à chaque fois : rentrer comme s'il ne s'était rien passé. Ils feront semblant et moi aussi, jusqu'à la prochaine dispute.

Pendant de longues minutes, le seul bruit qui résonne est celui de nos respirations.

— Je comprends mieux pourquoi tu allais mal à chaque fois que tu rentrais de chez eux. J'ai aussi l'impression de redécouvrir les paroles de tes chansons. Ça explique beaucoup de choses.

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