C H A P I T R E . 6

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Point de vue d'Oxana

Je descends vers la fameuse plage alors qu'il fait déjà nuit. Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de monde. Les cris fusent, j'arrive un peu après le début de la fête et l'ambiance est déjà là. C'est peine perdue, mais je tente quand même de repérer Sibyle. Je veux être certaine qu'elle est présente, au cas où. 

Comme je ne la vois pas, j'approche les tables qui sont installées et grignote les apéros. Je sens que quelques regards se posent sur moi, probablement parce que je suis seule. J'espère qu'au bout de quelques heures l'alcool leur fera oublier ma présence.

Quant à moi, je suis venue dans l'optique de boire mais face à toutes les boissons, je me sens complètement perdue. Je vois tout le monde faire des mélanges, et je n'ai aucune idée de comment je suis censée boire tout ça. Je sais encore moins ce que j'aime. Je n'ai pas envie de prendre quelque chose de trop fort sans m'en rendre compte et de finir dans un état lamentable.

— Je peux te servir quelque chose ?

Je me retourne et me sens comme prise en flagrant délit. Je ne veux pas donner l'impression de ne rien savoir, pourtant c'est le cas avec l'alcool. Mon regard découvre un grand brun aux yeux presque noirs.

Comme Jules. 

— Non, répond-je sèchement en attrapant moi-même une louche pour me servir du jus de fruit.

— Je m'appelle Maxime, et toi ?

Je me retiens de répondre que je le sais déjà, je ne veux pas qu'il se sente flatté. Les gens pensent que comme je ne parle pas, je ne les vois pas. Au contraire, je les remarque bien plus. Je sais parfaitement de qui il s'agit, il est l'initiateur de cette fête. J'imagine que maintenant que toutes les filles de la fac le détestent, il n'a plus d'autre choix que de se rabattre sur moi. J'ai entendu pas mal de choses à son propos et je ne veux pas prendre le risque de vérifier si les rumeurs disent vrai. Et encore moins prendre le risque de le laisser me servir un verre.

— Oxana.

— C'est joli.

Menteur.

En goûtant ma boisson, je réalise que ce n'est pas un jus de fruit. Il y a un léger arrière-goût d'alcool, mais on le sent si peu que je l'avale sans m'en rendre compte.

Je veux éviter les humains, je veux encore plus éviter les mecs et pire que ça, je veux éviter les mecs comme lui. Alors je tente de m'en aller mais il continue :

— Avec quelques amis on s'est posés là-bas dans le sable. Si jamais tu veux venir parler avec nous, on veut juste se détendre. C'est loin de toute l'énergie des gens qui dansent.

— Ça tombe bien, je voulais aller danser. Au revoir.

Je m'éloigne rapidement avant qu'il essaie de me rattraper une seconde fois.

Voilà pourquoi je quitte les soirées Sibyle.

Déjà épuisée par la foule, je m'éloigne un maximum et m'assoit face à la mer. Je pourrais la regarder éternellement. C'est ce que je fais, je passe un long moment ici à l'observer et à me demander si c'est normal de déjà sentir ma tête tourner. 

Je ne peux pas m'empêcher de repenser à Jules et du fait qu'il a parlé à ma mère. Je le déteste tellement. Il fait renaître en moi ce sentiment de culpabilité pour ne rien avoir dit à mes parents. Avant, je leur confiais tout, mais désormais je ne fais que leur mentir et j'ai l'impression qu'ils ne me connaissent plus. Tout ça par peur qu'ils s'inquiètent.

En fermant les yeux, je ressens nos premiers rapprochements avec Jules. Mon cœur battait si fort face à tout l'attention qu'il me portait. Tous ces moments en cours où sa main effleurait la mienne, quand on s'asseyait et que nos jambes se touchaient, la façon dont il aimait s'approcher lentement de moi quand je le taquinais. Dans les couloirs, il glissait ses doigts dans les miens et me lançait des regards qui me donnaient l'impression d'être importante. Ce que je ressentais était beaucoup trop puissant pour que mon corps le supporte.

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