Point de vue d'Oxana
Je suis à la bibliothèque universitaire depuis presque une heure, à la recherche de livres d'histoire intéressants. Peut-être que me concentrer sur mes études me plaît plus que je ne l'aurais imaginé. Il me suffit de ne pas penser à "l'après" et j'arrive à profiter de ce que j'apprends. J'écoute comme toujours Taylor Swift quand quelqu'un vient à nouveau gâcher ce moment.
— Je peux t'aider ? demande une voix grave.
Je suis surprise de découvrir le blond du bar, l'ami de Sibyle. J'enlève mon casque et le dévisage.
Il se prend pour un bibliothécaire maintenant ?
— Pourquoi est-ce que j'aurais besoin d'aide ?
— Parce que tu as les mains pleines.
— Je m'en sors très bien.
Je me tourne à nouveau vers l'étagère et, comme pour me contredire, un des livres que je tenais glisse par terre. Je me fige en espérant que les autres ne feront pas le même coup. Le blond le ramasse en essayant de se retenir de rire, puis le repose sur ma pile. Je ne le remercie pas et tente de comprendre à quoi il joue
— Tu peux disposer, ironise-je, je devrais réussir à emprunter quelques livres moi-même.
— Je commence à en douter.
Il esquisse un sourire en s'adossant à la bibliothèque. Son air mesquin me donne envie de lui lancer mes livres à la figure, mais je tente de ne rien montrer et continue de fouiller dans ce rayon. On dirait presque que ça l'amuse de me voir l'ignorer.
— Je veux juste aider, ajoute-t-il innocemment.
Je reste concentrée sur les livres pour ne lui montrer aucun intérêt.
— Dans ce cas, va-t'en très loin et ne reviens pas.
— Pourquoi ?
Je soupire et me tourne à nouveau vers lui. Je regarde autour de moi par peur que nous parlions trop fort, je ne veux pas qu'on nous fasse sortir, puis je chuchote :
— Parce que je sais que tu ne cherches pas à "aider".
— Vraiment ? rit-il doucement. Qu'est-ce que je cherche dans ce cas ?
Un silence s'installe. Il sait très bien ce que je sous-entends et je ne m'imagine pas le dire à voix haute. Seulement, il hausse les sourcils pour montrer qu'il attend une réponse. J'hésite à le dire, parce que c'est cliché mais aussi par peur de renvoyer une image égocentrique.
— Tu espères pouvoir m'inviter à sortir, comme tu l'as déjà fait avec la moitié des filles de la fac.
Son sourire disparaît. J'ai encore murmuré, je ne veux pas être renvoyée d'ici sans avoir eu le temps d'emprunter ces livres. Il s'éloigne de l'étagère pour se placer face à moi, presque vexé, alors je lève la tête pour soutenir son regard.
— Comme tu l'as dit, reprend-il de manière presque sarcastique, seulement la moitié des filles de la fac, tu sais pourquoi ?
À contre-cœur, je lui fais signe que non. Je sais que je rentre dans son jeu, mais je veux voir s'il a trouvé une réponse convenable ou si c'est simplement un beau parleur.
— Parce que les autres sont seulement des amies. Je suis totalement capable de tendre la main à une fille sans arrière-pensées.
Je ne baisse pas les yeux, même si je regrette légèrement d'avoir parlé trop vite. Je commence à l'imaginer raconter ça à d'autres, et mon cœur accélère. Une boule se forme dans mon ventre quand je les vois en rire. Je cherche la réponse adéquate, celle qui ne me laissera pas en situation d'infériorité. J'émet finalement un sourire faux.
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Enchanted
Teen FictionLes opposés s'attirent, mais peuvent-ils s'entendre ? Gabriel entame sa dernière année de licence en musicologie tout en continuant les petits concerts de son groupe, The Tunes. Il a un quotidien chargé de bonne humeur et est l'ami toujours présent...