C H A P I T R E . 9

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Point de vue d'Oxana

Comme absolument chaque vendredi, j'ai pris ma voiture pour rejoindre la côte. Assise sur le sable désormais froid, j'observe le soleil qui se couche. J'aimerais retrouver une routine, me ressaisir et ne plus penser que je n'ai rien à faire ici. Venir chaque semaine me donne une impression de stabilité pendant quelques heures.

Seulement le soleil me quitte rapidement. Sans que je m'en rende compte, je me retrouve seule dans l'obscurité. Arrive alors la deuxième partie de la soirée, celle où je vais boire un chocolat chaud.

Je retourne au bar de la plage et m'assoit à la place à côté de l'entrée. Je peux encore profiter du spectacle qu'offre la mer. Dans ce coin, personne ne me remarque. J'observe la scène et voit que c'est le groupe d'Aliona et Gabriel qui joue, c'est souvent le cas. Le serveur prend ma commande et j'attends quelques minutes.

Mon regard s'arrête sur Sibyle, elle est assise avec un de ses amis. Comme toujours, elle est rayonnante. Nous nous sommes peu vues cette semaine. Elle n'avait pas l'air de m'en vouloir, seulement elle n'avait plus envie de parler seule.

J'apprécie peu les gens parce que je sais qu'ils ne sont pas dignes de confiance, mais Sibyle est trop insouciante pour être manipulatrice. Je commençais à m'habituer à sa présence. Une partie de moi me dit de me lever pour la rejoindre, de faire un pas vers elle. L'autre n'a pas la force de tenter quoi que ce soit. Je n'ai rien à lui dire, je ne me sens pas prête à rester avec ses amis et rien ne peut me prouver qu'elle apprécierait que je vienne la voir.

Je récupère mon chocolat chaud et sors mes notes d'aujourd'hui pour les relire. Je les ai imprimées et je prends le temps de surligner les choses les plus importantes. Les cours que je suis sont passionnants et j'aimerais que ça me suffise pour être comblée, mais je ne voulais pas suivre cette voie-là. Même si j'apprécie l'histoire, ces études sont un plan B inventé à la dernière seconde, parce que mon plan A m'a laissée tomber.

Quand je relève la tête, mon regard croise celui de Sibyle. Son visage s'illumine et elle me fait signe de la rejoindre. Je ne suis pas totalement contre l'idée, mais je ne me vois pas rester avec ses amis. Elle continue de m'appeler, alors je me lève en laissant mes affaires, simplement pour aller la saluer.

— Comment ça se fait que tu bosses ? demande-t-elle amusée.

— Il faut bien s'y mettre un jour.

Les vacances approchent, tout comme nos partiels.

— Je te présente Yann, je t'en ai déjà parlé.

— Ah oui ? Tu parles de moi ?

— Quand je n'ai plus rien à dire, ça m'arrive.

— T'as toujours quelque chose à dire.

Je les regarde se taquiner quand une présence se fait sentir à ma gauche. Je tourne la tête et croise le regard de Gabriel. Son groupe a quitté la scène et une autre chanteuse les remplace. Il ne laisse rien paraître et va s'asseoir. J'allais repartir, mais Sibyle m'en empêche :

— Reste avec nous !

— J'ai trop de travail.

Elle sait qu'elle ne pourra pas me convaincre, elle a essayé plus d'une fois.

— D'accord, mais laisse-moi te proposer quelque chose que tu ne pourras pas refuser.

Je la fixe en attendant qu'elle m'explique.

— J'organise une soirée pour Halloween et je veux que tu viennes.

À cet instant, Gabriel lui lance un regard noir. Tout le monde dans le groupe semble surpris, et je le suis tout autant. Je pensais qu'elle cherchait à m'éviter désormais. Je ne sais pas quoi répondre, alors je reste immobile un long moment.

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