C H A P I T R E . 34

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Point de vue d'Oxana

Je prends une grande inspiration avant de sonner. Notre soirée du Nouvel An est dans une heure, mais je ne suis plus chez Sibyle. Le père de Gabriel m'ouvre et je rejoins une nouvelle fois leur appartement. Mon cœur bat à mille à l'heure, je n'ai jamais rien fait de tel dans ma vie, mais si j'étais dans sa situation, j'aimerais qu'on le fasse pour moi. Je m'assois sur le même canapé que la veille, seulement cette fois je me sens bien plus stressée.

— C'est surprenant de vous voir ce soir, déclare sa mère en me tendant un verre d'eau. Nous allions dîner, je vous rajoute un couvert ?

— Oh non, je ne vais pas vous déranger longtemps.

Je remarque que Claire et Noah sont aussi ici, même s'ils ne sont pas assis avec nous. Ils sont plutôt bien habillés et je me demande pourquoi ils ne sont pas sur le départ pour une soirée.

— Vous avez quelque chose de prévu pour le Réveillon ? demande-je à sa mère par politesse.

— Nous allons dîner et commencer à parler mariage, explique-t-elle ravie.

Je hoche la tête et tente de me convaincre de me lancer. J'entremêle mes doigts entre eux et réfléchis à comment commencer. Rien ne me vient. J'ai passé la journée à y penser pourtant.

— Vous êtes là de la part de Gabriel ? m'interroge son père.

Rapidement, je lui fais signe que non.

— Il ne sait même pas que je suis ici.

Je prends une grande inspiration.

— Je venais justement vous parler de lui.

Ils m'écoutent attentivement et n'ont rien d'inquiétant, mais je connais leur façon de penser et j'ai peur de ne pas trouver les bons mots.

— Il n'a pas gâché son potentiel en choisissant de poursuivre une carrière dans la musique, au contraire il a exploité ce en quoi il était le plus doué. Il est tellement talentueux, je ne sais pas si vous avez déjà pris le temps d'écouter ses compositions, mais c'est impressionnant.

Je suis surprise qu'ils m'écoutent attentivement.

— Je comprends que vous puissiez être inquiets. On pourrait penser qu'il ne travaille pas mais c'est faux, il passe tellement de temps sur sa guitare. Il écrit pendant des heures, cherche de l'inspiration et fait de nombreux concerts. Il n'arrête jamais.

C'est plutôt délicat de venir parler à des parents de leur enfant en leur disant qu'ils ont tort sur leur façon de réagir. J'essaie de ne pas donner l'impression que je veux leur ordonner de changer, mais je sais qu'ils se demandent pour qui je me prends.

— Mais c'est plus que ça encore, il est passionné. Il a passé des heures à me montrer comment jouer, et la lueur qu'il a dans le regard quand il parle de musique est incomparable.

— Nous n'en doutons pas, me coupe calmement sa mère, c'est nous qui l'avons inscrit à la guitare dès son plus jeune âge. Il s'en sort très bien et ça lui plaît. Seulement c'est un loisir, pas un moyen de réussir.

— Du moins il y a peu de chances, ajoute son père.

J'étais certaine que ce serait le fond du problème. Je bois une gorgée d'eau, ouvre mon sac et sort une feuille que je leur tends.

— Qu'est-ce que c'est ?

— La plupart des métiers auxquels ses études pourront le mener. Il ne va pas nulle part, il a simplement besoin d'être motivé pour trouver sa voie. Et peut-être qu'il ne sera pas ingénieur ou médecin, mais il passera sa vie à faire quelque chose qui lui plaît.

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