Enchanted

C H A P I T R E . 8

Point de vue d'Oxana

En sortant de l'amphithéâtre, je reste devant la porte et attend Sibyle. Elle n'est pas restée avec moi aujourd'hui. En fait, depuis la soirée de jeudi elle ne m'a pas adressé la parole une seule fois. Mais j'aime passer du temps avec elle, alors l'imaginer en colère m'effraie.

Je l'interpelle dès qu'elle sort, elle émet un léger sourire.

— Salut, tu cherches quelque chose ?

Comme si je l'utilisais dès que j'avais besoin d'un truc, que je ne voulais pas simplement la voir.

— Je voulais juste... m'excuser pour jeudi. L'alcool m'a rendue un peu amère.

En réalité, je devrais m'excuser pour bien plus. Je devrais être désolée de ne rien lui offrir quand elle donne toute son énergie pour ne pas me laisser seule. Mais je n'ai pas la force de sortir ces mots. Peut-être qu'ils lui importent peu.

— Je ne t'en veux pas une seconde, rassure-toi. C'est pas grave.

C'est le cas, ça lui importe peu.

— Je dois te laisser, ils vont m'attendre.

Sa main me salue légèrement et elle rejoint son groupe de "connaissances".

Seulement, mon ventre se noue à l'idée qu'elle puisse me laisser tomber. C'est plutôt normal, si elle est la seule à faire des efforts, elle n'a aucune raison de vouloir rester. Finalement, elle n'a pas découvert une personnalité incroyable, je ne lui apporte rien, elle ne s'amuse pas. Mais moi, c'était la première personne qui restait avec moi depuis un long moment et sa présence devenait une habitude.

Alors que je m'apprête à quitter la fac, une voix masculine me retient. Je ne veux pas perdre trop de temps, il risque de bientôt pleuvoir et je veux rejoindre ma voiture. Je me retourne et découvre Gabriel. Une fois devant moi, il me tend un paquet de feuille.

— Ce sont les cours que tu as raté vendredi dernier.

Je fronce les sourcils et lit ce que je trouve devant moi pour vérifier. Il est vraiment allé chercher quelqu'un partageant mes cours ? J'analyse la fiche, la prise de note semble plutôt claire. Elle doit venir d'un ou d'une bonne élève.

— T'as trouvé une Hermione, murmure-je pour moi-même.

— Comment ?

— Hermione ? Harry Potter ?

Il ne réagit pas.

— Laisse tomber, soupire-je en m'en allant.

Seulement, il m'attrape le poignet pour me retenir. Ce geste déplacé réveille ma colère : il n'a pas le droit de me toucher. Je secoue le bras pour qu'il me lâche, et il le fait immédiatement.

— C'est tout ? demande-t-il.

— Tu t'attendais à quoi ?

— À ce que tu me remercies, c'est le minimum.

— Je ne t'ai rien demandé, c'est toi qui es parti en mission tout seul.

Cette fois, c'est moi qui l'impatiente. Lui qui ne semble jamais sérieux avec les autres, toujours souriant et détendu, dès qu'il est face à moi je le pousse à être tout le contraire.

— Leçon d'humanité : quand quelqu'un te rend gentiment un service, tu es reconnaissante.

Et maintenant il tente de m'apprendre la vie.

— Oh mon dieu ! m'exclame-je sur un ton exagéré. Tu es allé demander mes cours pour moi ? C'est incroyable Gabriel, je ne pourrais jamais suffisamment te remercier. Je te dois une fière chandelle.