Enchanted

C H A P I T R E . 27

Point de vue d'Oxana

Cet après-midi, nous avons marché dans cette ville où ils ont presque tous grandi. Ça remonte à quelques années pour Gabriel, mais c'était seulement il y a cinq mois pour Aliona et Sibyle. Nous sommes même allés dans le premier café où ils ont joué : le Warm Coffee. Ils étaient plutôt nostalgique de cette époque et ont parlé du lycée pendant des heures. Plus je les écoutais et plus je me rendais compte que j'aurais voulu y être avec eux.

Nous avons mangé sur la plage et nous y sommes restés des heures malgré la nuit. Et maintenant que nous sommes dans la voiture et qu'il est presque minuit, je rêve de dormir. Avec le peu d'heures de sommeil que j'ai eu cette nuit, c'est compréhensible. Heureusement que je reprends les cours tard demain.

Gabriel est assis sur le siège du milieu et somnole en restant droit, si bien que sa tête bouge dans tous les sens à cause du rythme de la voiture. Il a peu dormi aussi, il est même parti se coucher après moi hier. Les filles devant discutent un peu, mais je ne les entend pas spécialement. Je ne sais pas si c'est à cause de ma fatigue ou du bruit de la voiture. Je m'adosse à mon siège et ferme les yeux, prête à m'endormir aussi.

Je ne sais pas combien de temps s'écoule avant que je sente un poids tomber sur mon épaule. Je me crispe et regarde Gabriel endormi pour de bon cette fois, et ce contre moi à cause du virage qu'a pris Sibyle. En levant les yeux je vois que Yann observe la scène, surpris par la fatigue de son ami. Il hausse les épaules, l'air de me dire que ce n'est pas grave, puis recommence à fixer le paysage de son côté.

Quant à moi, je n'ose pas respirer par peur de trop bouger et de le réveiller. Je reste immobile, tendue pendant de longues minutes à me demander si je devrais le pousser pour qu'il se remette droit. Mais quand je le regarde, je vois à quel point il a l'air apaisé et je n'ose pas le tirer de son sommeil. Je sens son souffle régulier s'écraser sur ma peau, ce qui me donne froid à l'épaule et me fait frissonner.

Au bout de longues minutes, je finis par me détendre et recommence à somnoler moi aussi.

Je me réveille en entendant une porte claquer.

— Si c'est pas trop mignon, chuchote Sibyle.

Elle est assise devant, mais s'est retournée pour nous regarder. Je mets quelques secondes à émerger, et je réalise que je me suis endormie contre la tête de Gabriel, alors je me redresse. Il se réveille en même temps et s'éloigne de mon épaule, essayant de comprendre où il est.

Yann vient de sortir de la voiture, il nous fait un signe d'au revoir à travers la fenêtre. J'essaie d'oublier ce moment et ignore le sourire mesquin de Sibyle.

— J'ai vraiment dormi ? marmonne Gabriel.

— Et plutôt bien en plus, répond Sibyle amusée.

Je croise le regard de mon voisin, il semble encore un peu à l'ouest et je le suis aussi. La voiture redémarre et cette fois la prochaine adresse est mon appartement.

En rentrant chez moi, j'ai l'impression que ce week-end n'a pas existé. Tous mes souvenirs ressemblent à un rêve, je n'avais pas été comme ça depuis longtemps. J'ai même réussi à faire des efforts pour apprendre à connaître Yann, ce que je n'ai pas regretté.

Prise par mon besoin de nouvelles résolutions, je m'installe devant mon ordinateur et commence à m'intéresser aux différentes voies à suivre après une licence d'histoire. Les masters ou bien les métiers, peu importe je regarde tout. Je ressens un pincement au coeur en imaginant ma vie autrement que dans l'armée, mais en même temps j'essaie d'écrire un nouveau futur et c'est plutôt excitant. Je sais que si je trouve, je serais débarrassée de nombreuses angoisses.