C H A P I T R E . 13

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Point de vue d'Oxana

Toutes les périodes de révision de j'ai pu connaître au lycée ne ressemblent en rien à celles de la fac. J'ai l'impression d'être toujours débordée. Peut-être que c'est en partie à cause de ma peur d'échouer, mais aussi parce que le niveau ici me demande encore plus de réflexion. Et je ne peux que déprimer un peu plus car ce n'est vraiment pas comme ça que j'imaginais mon avenir.

Entre midi et deux, je sors encore mes fiches pour les relire. Je suis seule au restaurant universitaire mais ça me dérange moins que d'habitude, j'ai besoin d'être sûre d'avoir bien révisé.

— Ne serait-ce pas ma petite Ox préférée ?

Sibyle s'assied à côté de moi, accompagnée d'Aliona.

— Je doute que tu connaisses beaucoup d'autres Oxana.

Elle hausse les épaules avant de jeter un coup d'œil à ce que je lis. Mais je ne prête pas attention à son air stupéfait, je suis plutôt concentrée sur Gabriel et Yann qui s'installent à notre table. J'en frissonne, c'est bizarre d'être autant entourée. J'espère que Sibyle n'a forcé personne à venir ici et qu'ils ne l'ont pas fait par pitié, mais je ne pourrais jamais en être sûre. Je les connais à peine et qu'ils soient ici comme si c'était normal me perturbe.

— Mange et arrête de réviser, déclare-t-elle finalement.

— Je suis capable de faire deux choses à la fois.

— Mais pas trois, et vu que tu dois m'écouter parler, tu n'as pas d'autre choix que de ranger ces fiches.

Peut-être que si nous étions uniquement toutes les deux, j'aurais rétorqué. Mais tout le monde reste silencieux pour nous écouter, alors je range simplement mes affaires.

— C'est déconseillé de réviser juste avant une épreuve, intervient Gabriel.

Il a un don pour se mêler de ce qui ne le regarde pas. Nous n'avons pas reparlé depuis la soirée en boîte et tant mieux, je n'ai rien à lui dire. J'essaie de garder un air détendu quand je pose mon regard sur lui.

— Merci du conseil, mais c'est comme ça que je fonctionne.

— Je passais simplement l'info.

— Je pense que ça fait toujours du bien de se rafraîchir la mémoire, lance Yann, ça rassure.

Quand je le regarde, il esquisse un léger sourire. Pas un sourire taquin, seulement un sourire sympathique. Mais je n'y réponds pas, me rappelant encore une fois que je suis à table avec des inconnus et que je préfère faire profil bas. Seulement c'est difficile avec Gabriel. Tout ça crée une ambiance plutôt tendue, alors Sibyle se dépêche de reprendre le contrôle de la situation.

J'aimerais avoir cette capacité à changer de sujet comme si de rien était. Elle trouve toujours les bons mots, c'est assez impressionnant. Grace à elle, le déjeuner entier est animé.

— Tu joues d'un instrument Yann ? demande-je au milieu du repas.

J'essaie de reprendre des habitudes de sociabilité, sans pour autant entrer dans des choses trop personnelles. Gabriel fronce les sourcils, comme s'il était surpris que j'intervienne, ou que ça n'avait aucun sens que je pose une question.

— Du piano.

— Et tu ne joues pas avec The Tunes ?

Sibyle rit et je me tourne vers elle pour comprendre.

— Il n'aurait pas le temps de supporter des groupies, il est déjà débordé.

— N'importe quoi, souffle son ami, c'est juste que je préfère jouer du classique. C'est pas ce qui est attendu dans un bar dans ce genre.

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